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Pour le meilleur et (parfois) pour le pire

Par Régis Delanoë
Pour le meilleur et (parfois) pour le pire

Dans le monde des supporters, il existe une caste particulièrement respectée : ceux qui sont de tous les déplacements, peu importe l'endroit, les kilomètres à parcourir, l'enjeu et les conditions météo. Mais bon sang, qu'est-ce qui les motive ?

Ils sont là, parqués depuis longtemps dans un coin du stade, généralement pas celui avec la meilleure vue sur la pelouse. Ils ne sont parfois qu’une poignée, d’autres fois plusieurs centaines, voire plus d’un millier. Devant eux, une ou plusieurs bâches. Dans leurs mains, un drapeau. Autour du cou, une écharpe. Observés comme du lait sur le feu par les forces de l’ordre et avec une certaine curiosité teintée de respect par les habitués des autres tribunes. Eux, ce sont les supporters visiteurs. Leur « maison » , le temps du match, s’appelle le parcage. Ils ont parfois fait des centaines de kilomètres pour soutenir leur équipe de cœur en déplacement. Des heures passées sur la route pour quatre-vingt-dix minutes d’un indéfectible soutien.
Une passion irraisonnée que connaît bien Bruno, fan du PSG. Entre ses 16 et ses 25 ans, il a passé deux week-ends par mois, parfois même les jours de semaine lors des saisons européennes, à supporter son équipe loin du Parc des princes. « J’ai fait entre 50 et 80 déplacements » , estime-t-il, dépensant en moyenne 300 à 350 euros par mois pour cette passion vécue alors qu’il était étudiant. Aujourd’hui trentenaire, il garde un souvenir ému de cette époque. « C’est la plus belle expérience humaine de ma vie, dit-il. Tu te retrouves dans un car avec des bourgeois du 16e, des Portugais de Créteil, un Ashkénaze du Sentier, un Malien… Tous unis pour une même passion, l’esprit de groupe est extraordinaire, c’est indescriptible ! »

D’Ujpest, en Hongrie, à Derry, en Irlande du Nord

Parmi ses meilleurs souvenirs, il y a surtout les déplacements hors de France, « pour le côté mystique, le goût de l’aventure, l’adrénaline qui monte quand tu ne sais pas où tu vas débarquer » . Il se rappelle Ujpest en Hongrie et ses inquiétantes barres d’immeuble de l’époque soviétique, de la visite de la place Rouge et du Kremlin en marge d’une rencontre face au CSKA Moscou, du musée de Derry en Irlande du Nord, lieu du tristement célèbre Bloody Sunday. Les matchs ? « Ils ont leur importance bien sûr, mais c’est aussi surtout une bonne excuse pour faire du tourisme, vivre des aventures avec tes potes et échanger avec des personnes que tu n’aurais jamais eu l’occasion de rencontrer s’il n’y avait pas eu le football. »
Un point de vue partagé par Loïc, l’actuel président d’I Sanguinari, club des supporters de l’AC Ajaccio hors de Corse. Depuis Paris où il réside, il a effectué une quarantaine de déplacements depuis quatre ans, dont l’intégralité de la saison en cours, malgré la relégation de son club de cœur en Ligue 2. Même à l’étage en dessous, la motivation reste intacte. « Quand tu es fan de foot, il y a un vrai intérêt à se rendre dans les stades. Qu’il s’agisse d’une vieille enceinte comme à Laval ou de plus récentes comme à Sochaux ou à Reims, chacune a son intérêt. Et l’accueil est chaque fois différent. » Si l’hostilité des supporters adverses est souvent présente, il y a aussi parfois de vrais beaux moments.

Vin chaud et pause pipi

« Les matchs de Coupe de France notamment sont chaque fois des souvenirs marquants » , note Loïc. À Quimperlé, la saison dernière par exemple, lui et ses amis du groupe I Sanguinari ont eu droit à un accueil princier : « Vin chaud, gâteaux… Les locaux sont venus spontanément nous voir alors qu’on installait la bâche pour venir discuter et nous restaurer. Ça m’a marqué, d’autant que la population venait de faire la une des journaux, car elle avait subi de grosses inondations. » Il y a aussi quelques moments drôles, comme lorsqu’un supporter a profité de la pause pipi du chauffeur sur une aire d’autoroute pour feindre de partir avec le bus au cours d’un déplacement à Lens…
De son côté, si le Parisien Bruno a désormais cessé d’effectuer ces longs périples vers les enceintes de France et d’Europe, il reste un fervent défenseur de ces « ultras » trop souvent critiqués. « Il y a une part d’irrationnel difficilement compréhensible tant qu’on ne l’a pas vécu, reconnaît-il. Mais c’est une passion qu’il faut respecter. En tout cas, pas une seconde je ne regrette ces bons moments passés sur les routes et dans tous ces stades. »

Zack Nani : « Certains ont été traités de sales arabes, on leur a jeté des cacahuètes… »

Par Régis Delanoë

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