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« On peut dire que c’est le plus beau match de ma vie »

Par Christophe Gleizes et Swann Borsellino
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En 2002, Lyon et Lens se retrouvent à Gerland pour décider qui sera champion. Implacable leaders pendant 28 journées, les Nordistes vont finalement craquer au dernier moment face à la folle remontée des Lyonnais, embarqués sur la route de leur destinée. Une victoire 3-1 et un premier titre de champion de France plus tard, ce match reste à jamais gravé dans les cœurs des différents protagonistes. Pour l'éternité.

« Émotionnellement, oui. On peut dire que c’est le plus beau match de ma vie. Jouer une saison sur un seul match, avec cette ambiance, quel souvenir… » Plus de dix ans ont passé, mais l’emblématique Philippe Violeau n’a rien oublié. En ce jour béni du samedi 4 mai 2002, Lyon décroche sur sa pelouse son premier titre de champion de France, au terme d’une partie âpre et disputée face au dauphin lensois. « J’en garde un souvenir intense car c’était un scénario idéal. Un match à domicile qui allait donner le titre à l’une des deux équipes, une finale de championnat. L’engouement populaire était énorme » , se rappelle David Linarès. Nostalgique, l’ancien milieu défensif poursuit : « Quand je rentre sur la pelouse ce soir-là, je sais déjà que c’est fini pour eux. A l’échauffement, on était portés par le public. A cette époque-là, il faut être honnête, Lyon ne jouissait pas d’un soutien populaire incroyable. Les gens était souvent dans la critique quand ils parlaient de nous. Cela faisait trois ans qu’on était sur le podium, mais à chaque fois, les gens remettaient tout en cause pour un oui ou pour un non. En tant que pur produit du centre de formation, j’avais vraiment envie de faire gagner ce club » .

« Comme quand tu arrives au sommet de l’Alpe D’Huez »

Hasard rare du calendrier, c’est la première et unique fois qu’un titre se joue à la dernière journée, dans une « finale » entre les deux prétendants. Au coup d’envoi, les hommes de Joël Muller ont encore 1 petit point d’avance sur les Gones. « Avant la rencontre, Joël Muller était hyper confiant » , se souvient Daniel Moreira, l’attaquant sang et or : « Depuis plusieurs semaines, il répétait que si on arrivait à avoir 1 point d’avance avant le match, on serait champions. Mais Lyon a tout simplement été supérieur » . L’ancien international français ne veut cependant pas s’accabler outre-mesure de ce rendez-vous manqué : « Franchement, même si on était leaders, le titre, on ne le perd pas là, on le perd avant, en faisant match nul contre Troyes » . Le ton dépité, Jean-Guy Wallemme, son coéquipier de l’époque, ne dit pas autre chose : « Depuis 4-5 rencontres, on péchait, on faisait des matchs nuls, on n’avançait plus. Eux, au contraire, revenaient sur nous avec une belle série. Je me souviens qu’ils marquent à Auxerre à la 90e minute, comme un déclic. Pour ce match, on jouait à Lyon, ils étaient favoris, ils savaient qu’avec une victoire, ils nous passaient devant » . Encore fallait-il la décrocher, cette victoire, dans un match couperet comme seule la Ligue 1 sait en offrir : « On l’attendait tous, cette journée-là. A la trêve, on avait 10 points de retard sur Lens et on s’était dit qu’il fallait qu’on revienne à portée avant la dernière journée, car on savait qu’on les recevait, témoigne Philippe Violeau. On n’est jamais sûr de rien, mais très clairement, à cette époque, rien ne pouvait nous arrêter » .

Portées par une ferveur populaire exceptionnelle, les deux équipes pénètrent dans un stade électrique, embrumé par les fumigènes. « Je n’avais jamais vu Gerland comme ça. C’était une fournaise. Dès l’échauffement, on a senti qu’il y avait une atmosphère particulière, se souvient Linarès. On était à la maison, il y avait 40 000 personnes avec nous plus les supporters place Bellecour. C’est comme quand tu arrives au sommet de l’Alpe d’Huez et qu’il y a tous les gens au bord de la route : on s’est sentis portés » . Le début de match est en effet parfait : après quelques minutes d’observation, Sidney Govou s’empare du ballon, accélère, casse les reins d’Adama Coulibaly et trompe Guillaume Warmuz d’une frappe sèche et croisée. Le début du récital des hommes de Jacques Santini. « On entame le match comme on a terminé ce championnat : le pied au plancher » , se félicite a posteriori Philippe Violeau, auteur dans la foulée du but le plus important de sa carrière. « J’en marque pas souvent hein ! Marquer ce jour-là… Le bonheur était d’autant plus grand. Pierre Laigle me met un caviar, mais elle n’était pas évidente à prendre, hein ! J’arrive en bout de course, je la prends de l’extérieur. La réussite est là. On était en pleine bourre » . On joue depuis quinze minutes et le break est fait, dans une ambiance des grands soirs.

« Pierre Laigle nous assassine »

Confrontés à un adversaire euphorique, les Lensois, eux, cafouillent leur football. « On n’a pas su supporter l’impact lyonnais. On avait peut-être moins de jus en début de match » , tente d’expliquer Jean-Guy Wallemme. Pas si surprenant, à en croire Daniel Moreira : « On est arrivés la veille à Lyon. Le coach avait décidé de nous loger dans un hôtel retiré, loin de la ville, car on voulait éviter d’être embêtés. On part se coucher tranquilles et là, à la surprise générale, les supporters de Lyon ont débarqué à 3 heures du matin. Si je me souviens bien, ils ont même déclenché l’alarme incendie, tout le mondé a dû sortir dehors. Sur le coup, on l’a tous pris plutôt à la rigolade » . Cependant, le joueur ne se cache pas derrière cette excuse : « On a pris un peu la pression sans doute, c’était une finale, eux ont bien mieux entamé les choses » . Solidaires et courageux, les Nordistes refusent pourtant d’abdiquer, comme l’explique Wallemme : « Notre équipe ressemblait un peu à celle championne en 98, avec beaucoup d’abnégation, d’humilité et de qualité. Chacun était un leader à son poste, savait ce qu’il avait à faire et restait dans son rôle, c’était cette osmose qui faisait notre force » . L’orage passé, la peur envolée, les Nordistes s’appliquent et reviennent dans la partie. Sibierski inquiète une première fois Grégory Coupet d’une tête bien placée. Mais c’est finalement le Polonais Jacek Bak, un ancien de l’OL, qui redonne espoir à tout un peuple d’une frappe contrée, à la 26e minute.

« Le but de Jacek nous a fait du bien, il nous a complètement relancés. A la mi-temps, on se dit qu’il n’y a que 2-1, ça nous remotive car un match nul nous suffisait. J’étais confiant car on avait une équipe de guerriers, tout le monde voulait se battre, comme à chaque match » , raconte Moreira. Au retour des vestiaires, les Lensois reviennent donc sur le terrain le cœur vaillant. Ils ont le temps d’y croire… sept petites minutes : « On a pris des risques pour égaliser mais malheureusement, on encaisse ce but de Pierre Laigle, mon ancien coéquipier, qui nous assassine. Je tacle pour le contrer et la balle prend une trajectoire bizarre, qui lobe Guillaume Warmuz. Le sort en était jeté » . Sur l’action, Juninho efface trois joueurs avant de servir le buteur dans la profondeur. Le sourire aux lèvres, Philippe Violeau savoure : « Ils étaient en train de reprendre espoir et juste après, comme on dit dans le jargon, on les recoinche (rires), donc je crois qu’ils prennent un coup moralement » . Une hypothèse validée par Daniel Moreira : « Franchement, ce but nous assassine. De manière générale, on a joué de malchance sur ce match. Déjà, on a frappé les poteaux, mais surtout il y a eu des faits de jeu un peu bizarres, la glissade de Coulibaly, le lob sur Warmuz » … Le plus gros fait du match, cependant, c’est que ce but décisif ne sera jamais retransmis en direct à la télévision. Pendant que Pierre Laigle met la France à ses pieds et lance un septennat endiablé, le Marseillais Lamine Sakho, bien servi par la légende Bakayoko, fait plier Montpellier dans un match sans enjeu. Le faire-part a une drôle de gueule.

« ça a été la naissance du grand Lyon »

Qu’importe pour l’OL, il fallait sans doute ce brin de folie nécessaire pour commencer son règne sur de bonnes bases. « Ça a été la naissance du grand Lyon, acte Philippe Violeau. Je garde un super souvenir de cette année et de cette équipe. Les joueurs, le staff, les gens autour. Il y avait une union que j’ai rarement connue dans le milieu du football à ce niveau-là » . Son fiston dans les pattes au moment de se remémorer le bon vieux temps et sa sacro-sainte mèche grisonnante, David Linarès valide : « Quand on parle d’équipe, on pense souvent à une addition de joueurs. Cette année-là, il y a eu un état d’esprit exceptionnel » . Si Violeau et Linarès, joueurs de qualité mais aussi et avant tout, joueurs de devoir, louent l’état d’esprit de ce groupe de champions, c’est aussi parce qu’ils ne sont que trop au courant des immenses joueurs qui ont posé leurs valises entre Saône et Rhône les saisons suivantes. « Après, il y a eu beaucoup plus de talents. On a recruté des joueurs de très haut niveau, ce qui a fait grandir Lyon. Mais on n’a rien sans rien. Je pense que les générations suivantes se sont appuyées sur cet esprit né auparavant. Les valeurs que l’on avait, à savoir perdre le moins possible, toujours se remettre en question, toujours garder la tête haute. Peut-être que notre équipe était moins talentueuse, mais c’était une vraie équipe de gagneurs » , conclut Violeau.

Pour Linarès, le secret, c’est le mélange des genres : « C’est sûr que par la suite, il y a eu des joueurs exceptionnels à l’OL. Nous, on n’avait pas que des internationaux, certes, mais on était l’une des équipes les plus difficiles à jouer. On était cinq ou six joueurs issus du centre de formation, donc on avait une grosse culture lyonnaise. Et puis il y avait un bon mélange avec les joueurs confirmés de L1 qu’étaient Laigle, Violeau ou Delmotte. Des grands professionnels qui se sont fondus dans le moule. A ça, vous rajoutez le talent de Sidney et de Sonny et puis vous êtes bien… » . Un gloubi-boulga de génie cuisiné par un Jacques Santini dont on oublie parfois l’importance. Philippe Violeau, qui l’a côtoyé par la suite à Auxerre, sait de quoi il parle. « Il a été capital dans cette réussite. Il a pris la suite de Bernard Lacombe, qui avait bien remis le club sur les rails. On était présents, mais il manquait peut-être quelque chose que Jacques et son staff ont apporté. Beaucoup de rigueur technique, notamment » . Remplacé par Paul Le Guen à la fin de cette saison, Santini se contentera d’avoir lancé la machine. Pas rien, si l’on en croit David Linarès. « Je ne sais pas si c’est une histoire de premier titre ou pas, mais j’en reparlais récemment avec Sidney Govou, et il me disait que cette équipe-là, elle avait quelque chose de particulier » . Des partenaires particuliers pour un sacre particulier, à jamais gravé.

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