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On était à Utrecht-Heracles

Par Matthieu Rostac, à Utrecht
On était à Utrecht-Heracles

FC Utrecht-Heracles Almelo. Une rencontre qui, sur le papier, ne fleure pas la joute en tête de classement. Pourtant, cet affrontement présentait un caractère particulier, puisque le FC Utrecht commémorait ce dimanche les dix ans du départ de son ancien défenseur David di Tommaso. Autant dire qu'un bel hommage lui a été rendu, en tribunes comme sur le terrain.

Le Stadion Galgenwaard a beau sembler clairsemé par endroits – l’enceinte est remplie aux trois quarts –, le stade du FC Utrecht réalise en ce dimanche 29 novembre sa plus grosse affluence de la saison, et ce, malgré un code orange décrété par l’Institut royal météorologique des Pays-Bas pour cause de violente tempête. Même si l’adversaire du jour, Heracles Almelo, pointe à une étonnante quatrième place d’Eredivisie, il n’est que partiellement responsable de ces 18 000 âmes venues se les geler dans le froid et la pluie utrechtois. En réalité, le public du FC Utrecht est venu majoritairement pour présenter ses hommages à un homme qui aura passé finalement peu de temps au club, mais l’aura marqué profondément : David di Tommaso. L’ancien défenseur de l’AS Monaco est resté plus d’un an au sein du club rouge et blanc, remportant au passage une Supercoupe des Pays-Bas et surtout un titre de meilleur joueur du club lors de la saison 2004-2005, avant de disparaître tragiquement le 29 novembre 2005, deux jours après avoir mené ses coéquipiers à la victoire face à l’Ajax Amsterdam.

« David di Tommaso, voor altijd nummer 4 »

En ce dimanche aussi funeste que festif, l’émotion est palpable. Le visage de « DiTo » partout, de même que les messages envers l’ancien 4 du club, dont le numéro a été retiré depuis. Déjà doté d’un buste à l’effigie du natif d’Echirolles, surplombé de l’inscription « 06-10-1979 David di Tommaso 29-10-2005 » , le kop du Bunnikside, les ultras du FC Utrecht, arbore un tifo en forme de drapeau tricolore sur lequel est écrit « Number 4 » juste en dessous d’un portrait de Di Tommaso peint en noir et blanc. De l’autre côté, dans le parcage visiteur de la tribune Nord, les supporters d’Almelo y vont également de leur bâche « numéro 4 » sur fond rouge. Un peu partout le long des travées, des messages fleurissent, tandis que le club fait défiler un « David di Tommaso, voor altijd nummer 4 » via ses panneaux publicitaires (David di Tommaso, numéro 4 à jamais, en néerlandais). Même le magazine officiel du FC Utrecht a été rebaptisé FC DiToday avec 48 pages consacrées essentiellement à l’ancien joueur de Sedan. Juste avant le match, le speaker lâche quelques mots en français – « Merci David, on ne t’oubliera jamais ! JAMAIS ! » – avant que la famille du nummer vier se présente dans le rond central. Après un bref discours en néerlandais couvert par les applaudissements de spectateurs puis par une timide Marseillaise, Audrey, Madame di Tommaso, et son fils, Noa, observent la vidéo hommage concoctée par le club sur les écrans du Galgenwaard. On n’aurait jamais cru que la chanson Ti amo d’Umberto Tozzi puisse donner autant de frissons…

Sacrée gueule de bois pour le FC Utrecht

Après un dernier spectacle pyrotechnique estampillé Bunnikside – une explosion de confettis bleu-blanc-rouge sur toute la longueur de la tribune –, le match débute. Si le FC Utrecht domine totalement son adversaire en première mi-temps, notamment grâce au prometteur Bart Ramselaar et au 8 de poche Yassin Ayoub, les Rouge et Blanc pêchent dans la dernière passe, ne parvenant pas à trouver Sébastien Haller et Patrick Joosten. Contre le cours du jeu, le Heracles Almelo ouvre le score à la 40e minute via son inarrêtable duo du côté droit Bel Hassani-Tannane (9 buts à eux deux avant ce match). Juste avant la mi-temps, alors que le public s’apprête à descendre des litrons de bière en épongeant le tout avec des frites, le latéral gauche du FC Utrecht, Kevin Conboy, préfère se servir un double jaune en cinq minutes chrono. Binge drinking. Les locaux vont donc devoir se taper une mi-temps entière en infériorité numérique. Un retour aux vestiaires bien pourri qui met à mal le moral des supporters, comme cet homme au bord des larmes pendant qu’il insulte l’arbitre de tous les noms. Les mecs du Bunnikside, eux, entonnent un « Di Tommasoooooooooo ! » Question de principe.

Sing Hallerlujah et You’ll Never Walk Alone : le FC Utrecht au top 50

Parce que le FC Utrecht semble avoir pris conscience de la gravité de la situation, les deux équipes se maîtrisent lors des quinze premières minutes de la seconde mi-temps. Le supporter au bord des larmes reprend des couleurs malgré le froid sibérien et la légère bruine qui tombe sur le Galgenwaard. À l’heure de jeu, Nacer Barazite égalise avant de doubler la mise quelques minutes plus tard à la suite d’un énorme déboulé côté gauche. Les trente dernières minutes s’annoncent complètement folles. Et le sont. Si Tannane, servi par Bel Hassani, égalise pour Heracles à la 73e, les visiteurs finissent par prendre l’eau dans les dix dernières minutes de jeu. La perche française Sébastien Haller, en difficulté pendant une bonne partie du match, montre tous ses talents de renard en plantant deux buts presque coup sur coup (84e, puis 87e) juste devant le kop du Bunnikside. Le stade explose littéralement tandis que retentit… Sing Hallelujah de Dr. Alban. Et oui, depuis qu’il a marqué 21 buts en 30 matchs pour le FC Utrecht, l’ancien de l’AJA a gagné le surnom de « Hallerlujah » . À dix contre onze, le FC Utrecht est parvenu à retourner un match qui semblait impossible à gagner. Tout simplement parce qu’il était impossible de le perdre. Parole de Sébastien Haller : « C’était un moment spécial parce que c’était les dix ans de la mort de David di Tommaso. Il était français et moi aussi, je connais sa famille. […] Honnêtement, je ne connais pas beaucoup de clubs qui auraient fait pour un joueur ce que le FC Utrecht a fait aujourd’hui, donc c’est une très très belle attention, quelque chose de très fort. » En guise d’épilogue, les locaux entament un tour d’honneur sur l’air de You’ll Never Walk Alone. Sans que l’on sache si la chanson de Gerry & the Pacemakers est destinée au FC Utrecht ou à David di Tommaso. Sans doute un peu des deux.

Traduction : À toute personne ayant contribué de quelque façon que ce soit à l’une des après-midi les plus mémorables de l’histoire du club : Merci !

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Par Matthieu Rostac, à Utrecht

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