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On a vécu le derby de Liverpool avec la French Branch
Presque tous les week-ends, le groupe de supporters français officiel de Liverpool, la French Branch, se réunit pour suivre les rencontres des Reds. À l'occasion du derby de la ville des Beatles, nous avons passé 90 minutes à l'ambiance scouser.
Paris, 10e arrondissement, après une journée arrosée par un soleil purement british. C’est ici, près de la Gare du Nord et de ses odeurs putrides, que des dizaines de supporters de Liverpool s’étaient donné rendez-vous pour suivre le Friendly Derby du Merseyside. Les maillots vintages sont de sortie, tout comme les écharpes floquées d’un « Vous ne marcherez jamais seuls » , en VF. Pour l’occasion, le sous-sol d’un bar a même été privatisé par la French Branch (FB), groupe officiel des supporters de Liverpool dans l’Hexagone, récemment récompensé par le club pour ses actions et son efficacité. Le tout est organisé par Ant’, graphiste ayant profité du « traité de Maastricht et de l’ouverture des frontières » pour s’installer dans la Ville Lumière. Depuis près de 10 ans, le groupe qu’il a dirigé 8 années durant permet à des centaines de Rouges d’effectuer leur pèlerinage à Liverpool, à moindre coût et en leur assurant une place dans le Spion Kop d’Anfield.
« I was made for Liverpool, and Liverpool was made for me »
Le match n’est pas encore commencé que certains fans poussent déjà leur première gueulante. À raison, puisque le malheureux barman pensait pouvoir diffuser le derby de Liverpool sans son et ainsi les priver des acclamations du public liverpuldien. Les membres assidus affluent, car ils ne ratent pas l’opportunité de pouvoir descendre quelques pintes ensemble, tout en encourageant leurs protégés depuis la capitale. Cette intention était d’ailleurs à l’origine de la création de la FB. « Georges, le fondateur, voulait créer une ambiance, avoue Ant’, l’un des dirigeants historiques de la Branch. Il voulait réunir des gens sous la même bannière. » Malgré les chants lancés par les Kopites français, la rencontre manque de justesse technique et de jeu. L’occasion pour Ant’ d’expliquer plus profondément le parcours de son club de supporters. « L’association a été créée en 2002, mais nous n’avons eu l’officialisation de la part du club qu’en 2003, avoue-t-il dans un français marqué par l’accent scouse. Au début, on n’avait pas de places, donc on se démerdait comme on pouvait. Le premier déplacement que l’on a fait, c’était en 2005 face à Middlesbrough. » Dans un même temps, Mamadou Sakho semble suivre les conseils avisés du barman et de son Happy Hour. Pour une mauvaise relance, le défenseur français en offre une seconde dans la foulée. Pas de quoi perturber notre ami, qui reprend de plus bel. « Istanbul, Rafa Benítez, Stevie Gerrard, Luis Suárez, Torres… Tous ces noms nous ont permis de grandir, poursuit l’actuel gestionnaire des billets de la Branch. Bill Shankly a dit un jour : « I was made for Liverpool, and Liverpool was made for me. » Quand je vois les membres actuels, la plupart n’était pas née lorsque nous avons remporté notre dernier championnat. Mais ils partagent quelque chose avec le club, avec la ville de Liverpool. Ils ont déjà ça en eux. »
« La ville est plus importante que tout »
Si le spectacle proposé sur le terrain n’est pas à la hauteur des attentes, les quelques supporters présents vivent la rencontre à l’anglaise, en applaudissant chaque tacle, ou en chambrant les « blue and white shit » d’Everton. Le mini-kop est dans son match et ne manque pas d’interpeller l’arbitre lorsque Coutinho subit une grossière faute, dans le rond central : « That’s a penalty ref’ ! Send him out ! » L’ambiance potache régnant au sein de la French Branch symbolise remarquablement bien l’atmosphère générale qui règne lors du derby du Merseyside. « J’ai beaucoup de membres de ma famille fans d’Everton, poursuit Ant’. Ça se chambre, on se téléphone avant et après la rencontre. Et puis Goodison Park est un endroit que l’on voit toujours lorsque l’on se rend à Anfield. Les deux stades sont à quelques centaines de mètres seulement, ça permet de créer une certaine proximité. » En effet, bien plus qu’une simple rivalité sportive, les deux clubs sont depuis toujours unis derrière les tragédies connues par la ville, ou encore le chômage très important. « Everton va même créer un mémorial pour la tragédie de Hillsborough, poursuit Isaac, un autre historique de la French Branch. ToffeesetRedsne peuvent pas se voir pendant trois heures par an, mais le reste du temps, Liverpool est une famille. La ville est plus importante que tout. Les jours de match, on s’évite, c’est logique. » De son côté, le groupe de supporters français continue pleinement son ascension, et compte désormais près de 800 membres, contre 11 à son lancement. Pas de bénéfices sur la vente des billets, mais une réelle entraide : « On gagne 1€ sur chaque place vendue, mais ça nous sert à déposer une gerbe de fleurs sur le mémorial de Hillsborough près d’Anfield et à financer certaines associations caritatives, dont celle de Sakho » , précise Ant’. Le coup de sifflet final sera donné sous quelques applaudissements venus de Redmen déçus, mais toujours fiers d’arborer leur Liver bird dans la capitale française.
Par Eddy Serres