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On a vécu la désillusion sénégalaise avec des supporters des Lions

Par Victor Launay, Valentin Lutz et Arthur Stroebele, à Paris
On a vécu la désillusion sénégalaise avec des supporters des Lions

Le Sénégal n’attendait que ça : soulever, pour la première fois de son histoire, la Coupe d'Afrique des nations. Mais les Lions de la Téranga ne sont pas parvenus à terrasser les Algériens, vainqueurs petit bras, mais vainqueurs malgré tout (0-1). La communauté sénégalaise de Paris s’était réunie dans le onzième arrondissement, pour pousser jusqu’au bout les hommes d’Aliou Cissé. En vain.

Ici, ils ne font pas le poids. Quand la bande d’une trentaine de supporters sénégalais débarque devant la station Barbès-Rochechouart aux alentours de 20h30, ils comprennent vite que le quartier est chasse gardée. Le 18e a déjà été pris d’assaut par les Algériens depuis plusieurs heures, permettant aux Fennecs de s’époumoner en chœur sur les marches du métro, drapeau au cou et téléphone en mode selfie à la main. Heureusement pour les fans de Sadio Mané, leur rendez-vous est donné dans le onzième arrondissement à l’intersection entre la rue du Chemin Vert et la rue Servan où se situe le QG des supporters sénégalais : le Blue Crystal, et ses néons.

Peinture sur le visage et Renault Scenic

Une fois engouffrés dans le métro, les Sénégalais font monter l’ambiance, chantent, dansent, tapent sur les vitres. Sur le chemin, le bruyant cortège vient briser la tranquillité des rues attenantes et l’ambiance monte encore d’un degré quand le groupe rejoint les quelque 300 Sénégalais déjà sur place, prêts à entonner l’hymne national. Trois restaurants presque accolés diffusent la rencontre, et le décalage entre les images fait naître des réactions différées d’un lieu à l’autre. Devant l’un d’eux, Badou peinturlure le visage du drapeau sénégalais de tous ceux qui passent devant lui. « Je suis vendeur ambulant de drapeaux, de souvenirs. Et à partir de 16 heures, je n’avais plus rien ! Donc il fallait que je me renouvelle, et j’ai eu l’idée de la peinture. C’est gratos pour tous les supporters, faut qu’on montre nos couleurs ! » , explique-t-il. Une initiative avec laquelle il rencontre un franc succès auprès de la gent féminine présente, incitant d’ailleurs Badou à discuter plutôt qu’à regarder la partie.

Pourtant, les yeux des plus distraits se ruent rapidement sur l’écran au moment où des cris de déception résonnent : l’Algérie vient d’ouvrir le score, sur une frappe contrée improbable de Bounedjah (2e). La chaleur de cette fin de journée de juillet devient immédiatement relative dans le onzième arrondissement, tant les supporters des Lions prennent une douche gelée sur la tête. La Renault Scenic garée juste devant le bar servait d’abord de siège, elle est ensuite légèrement prise pour un objet de défoulement. Au moment où la propriétaire de la voiture flaire le bon moment pour éloigner son véhicule, Mohamed, lui, a les yeux rivés sur l’écran géant : « En fait, moi, je suis gambien. Mais la Gambie est un petit pays inséré dans le Sénégal, ce sont mes frères. C’est un bonheur de vivre ça, tous ensemble, commente l’étudiant, arrivé en France en 2017 pour un master de gestion de projet à Créteil. Après, ils peuvent m’énerver aussi de temps en temps, les Sénégalais. Notre seule différence, c’est dans la façon de parler ! Ils parlent trop vite, je vous assure, ils sont fatiguants.(Rires.) »

« On se demande si Liverpool a envoyé une photocopie de Mané »

L’heure n’est pas au rire ou au débit de parole infini, pourtant. La mi-temps approche, et le Sénégal n’arrive pas à se montrer dangereux, encore sonné par cette ouverture du score en début de match. Un sursaut parcourt la foule lorsque la frappe de M’Baye Niang passe juste au-dessus de la barre et redonne de l’espoir aux Sénégalais, qui n’attendent que l’égalisation pour se remotiver. À la mi-temps, les supporters se persuadent qu’une remontée est possible. Louba, venu de Noisy-le-Sec avec ses potes pour regarder la finale dans Paris, est conscient que la tâche est ardue, mais reste plein d’espoir : « L’Algérie nous a bien refroidis avec ce but d’entrée, mais on espère que l’équipe va renverser la tendance pour que ce soit la fête. On a envie de sentir l’explosion de joie, la liesse. À Dakar, ils préparent un truc de fou, donc il faut vraiment qu’on passe devant. » Qui pourrait faire pencher la balance du bon côté ? Le supporter plaisante : « J’aurais envie de dire Sadio Mané. Mais des fois, on se demande si Liverpool ne nous a pas envoyé une photocopie. »

Un pâté de maisons plus loin, la liesse est pour l’instant plutôt du côté algérien puisque quelques fans des Fennecs visiblement confiants se permettent de craquer des fumigènes et de lancer quelques fusées devant un autre bar plébiscité par des supporters sénégalais. Pourtant, éparpillée par les ventres vides et les connaissances, la foule reprend sa densité au fur et à mesure que les Lions de la Téranga entrent sur la pelouse. Légèrement en avance par rapport aux autres établissements, la foule du Yemma explose à la 62e minute lorsque M. Alioum désigne le point de penalty à la suite d’un centre de Sarr dévié par la main de Guedioura. Un groupe de jeunes filles, qui n’a pas réussi à se frayer un chemin jusqu’aux premiers rangs et qui ne peut voir de l’écran que le score, croient d’abord au but. Le penalty est finalement annulé et accélère la dispersion des spectateurs, fatalistes et résignés. Un supporter des Lions râle, amer : « La vie de ma mère, pourquoi j’ai mis 300 euros sur la victoire ? L’Algérie met le bus. »

La triste valse des espoirs brisés

Et si l’énorme occasion de M’Baye Niang accueillie par un vent de révolte, le pétard de Youssouf Sabaly magnifiquement détourné par Raïs M’Bolhi puis l’entrée de M’Baye Diagne acclamé par la foule relancent les espoirs des supporters, les coups du sort semblent déjà avoir eu raison des espoirs sénégalais. La dernière demi-heure de la partie correspond à un long decrescendo parmi les spectateurs, toujours présents aux abords des bars de la rue : les voix s’évanouissent progressivement, l’excitation laisse place à l’abattement, et le mouvement des corps, auparavant si actifs, ralentit. Ponctuant les affirmations pessimistes, désormais quasiment murmurées, quelques cris de frustration ou d’encouragement déchirent le silence : « Allez les gars, le match n’est pas fini, on continue d’y croire ! » , lance l’un d’eux, avant d’user de sa corne de brume. Reste que peu lui répondent, car quelque chose s’est brisé dans la tension de la rencontre et dans l’esprit des fans : à la télévision, les dernières arabesques de Sadio Mané ou Ismaïla Sarr ressemblent de plus en plus à une valse triste.

Les coups francs de dernière chance des Lions ne semblent même pas pouvoir attiser à nouveau les espérances, et lorsque le match bascule dans le temps additionnel, quelques hommes s’éloignent déjà en adressant au passage une série de frappes sonores aux poubelles de la rue. Au coup de sifflet final, la foule amassée devant les bars se disperse à une vitesse record. Certains préfèrent relativiser, et analyser la défaite de leurs protégés. « On a manqué de hargne et de détermination, déclare Momo, affublé d’un maillot vintage du Sénégal. Mais ce n’est pas si grave, je préfère retenir notre beau parcours : c’est déjà un magnifique résultat. » D’autres se laissent aller à la frustration et semble un temps vouloir en découdre avec des supporters algériens triomphant au bout de la rue. Carlo, qui regarde la scène de loin, regrette le mouvement de foule. « Il ne faut pas leur en vouloir : même Marine Le Pen voulait que l’Algérie perde !, lâche-t-il en riant. Mais il faut un vainqueur dans chaque match, ça ne sert à rien de s’énerver. » De fait, tout rentre bien vite dans l’ordre : tandis que les derniers échos de la défaite sombrent définitivement dans la nuit, au loin, les klaxons de la victoire retentissent déjà. Le chemin était bel et bien vert, mais ses teintes et ses nuances n’étaient pas celles des Lions.

Dans cet article :
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Par Victor Launay, Valentin Lutz et Arthur Stroebele, à Paris

Tous propos recueillis par VLA, VLU et AS.
Photographies par AS.

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