OM – Morientes, la danseuse de Deschamps

Un nouvel attaquant est sur le point d’arriver à l’OM. Il a 33 ans, sort d’une saison à 19 matchs et un but, et porte les cheveux longs sur la nuque et les oreilles, comme s’il vivait encore au milieu des années 90, sur les cendres du grunge. Comment se fait-il alors que les supporters soient tout émoustillés par la nouvelle, eux qui étaient prêts à se donner sans problème à la grande folle Brandao sans même penser à lui trouver un joueur à mettre en concurrence ? Eh bien, c’est assez simple. Comme chacun sait, ce type s’appelle Fernando Morientes. Comme chacun sait, il s’agit d’un des dix attaquants les plus classes de la dernière décennie. Comme chacun sait, son palmarès long comme le bras comporte 3 Ligues des champions, 2 titres de champion d’Espagne et d’autres broutilles pour lesquelles n’importe lequel de ses nouveaux coéquipiers donnerait volontiers un bras. Voilà : Morientes à l’OM aura un palmarès plus important que celui de ses collègues réunis. Est-ce pour cela que Didier Deschamps l’a pris ? En partie, apparemment.

L’autre partie, c’est leur passé commun. Didier et Nando, c’est une histoire d’amour née à Monaco, en Ligue des Champions. Déjà, à l’ombre du Rocher, les deux garçons étaient les seuls à pouvoir se raconter des histoires de coupes d’Europe victorieuses sur fond de soleil couchant. Forcément, ça rapproche. Et même si la lune de miel n’a duré qu’une saison, les deux ne l’ont jamais oubliée. Selon son agent Gines Carvajal, cela fait plusieurs années que “El Moro” lui répète la même chose : « Si Deschamps reprend un club, je suis partant pour aller le rejoindre. N’importe où » . De son côté, La Dèche ne tarit pas d’éloges non plus sur le joueur grâce auquel il a pu se construire une crédibilité d’entraîneur sur laquelle il surfe encore, plus de cinq ans plus tard.

Enfin, reste une dernière partie, sans doute la plus intéressante. Peu à peu, Didier Deschamps est en train de transformer l’OM 2009/2010 en AS Monaco 2003/04. Après Rodriguez, déjà présent, Cissé Edouard, revenu de Turquie pour ses beaux yeux, voici donc Morientes. L’opération Plasil a échoué d’un cheveu blond, et Giuly et Rothen sont prisonniers à Paris, un empêchement qui n’en est plus vraiment un, mais quand même. Est-ce une bonne nouvelle ? D’une certaine façon, oui : avec le Lyon de Gérard Houllier, le Monaco de Deschamps reste la plus belle équipe en date à avoir joué au ballon en France (le Bordeaux de Laurent Blanc étant, comme chacun sait, une arnaque). D’une autre façon, non : d’abord parce que tout ce beau monde a vieilli, et ensuite parce que ce genre de méthode laisse peut-être à penser que Deschamps est incapable de réussir avec un autre personnel.

Surtout, ce transfert montre que la Dèche n’a pas l’air d’aimer tant que ça l’OM de Gerets. Après avoir montré la porte à Cana et Valbuena, deux des hommes clés du Belge, Deschamps s’apprête à mettre en concurrence Brandao, un type dont il se murmure qu’il n’est pas fan. Histoire d’ego ? De pouvoir ? De schéma tactique ? Le terrain le dira. En attendant, on est quand même bien contents de revoir Morientes en France. Même, comme c’est probable, s’il devait ne plus avancer d’un centimètre sur le terrain.