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Nos régions ont du talent : Nord-Pas-de-Calais-Picardie

Par Nicolas Jucha
Nos régions ont du talent : Nord-Pas-de-Calais-Picardie

Pendant l'Euro, SoFoot.com continue sa revue d'effectif de ce que les régions françaises ont de mieux à offrir question football. Histoire de mieux se familiariser avec le nouveau découpage administratif et ce que cela implique pour le ballon rond. Nouvelle étape dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, futurs « Hauts-de-France » et surtout haut du panier quand il s'agit de sortir du footballeur de qualité. Ribéry ou Hazard vous le confirmeront.

Serge Aurier avec Mathieu Debuchy pour doublure à droite, Lucas Digne à gauche, une charnière Raphaël Varane-Timothée Kolodziejczak, un milieu Yohan Cabaye-N’Golo Kanté-Geoffrey Kondogbia et une attaque avec Eden Hazard-Franck Ribéry pour entourer Kevin Gameiro. Si l’on devait établir une sélection pour l’Euro en s’appuyant exclusivement sur des joueurs originaires ou formés dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, l’ambition d’aller chercher le titre ne serait pas forcément utopique. Car les Hauts-de-France recèlent un patrimoine footballistique que beaucoup de régions à l’échelle mondiale peuvent lui envier. « C’est une terre de football, il y a beaucoup de clubs et beaucoup de proximité. Rien qu’à Lens, pas forcément une énorme ville, il y a un tissu dense d’équipes amateurs dans les environs qui nous alimentent » , pose d’entrée Fabrice Vandeputte, responsable des U19 chez les Sang et Or. Assis sur cette mine d’or, deux entités, Lille et Lens, ont rapidement compris la valeur du vivier et en ont fait le fil rouge de leur stratégie sportive. « C’est pour cela qu’on a beaucoup de joueurs pros originaires du Nord-Pas-de-Calais, voire formés ici » , estime Olivier Meurillon, entraîneur adjoint de l’équipe de France U19 et cadre technique fédéral pour le District de la Somme. « C’est une chance d’avoir Lille, Lens, mais aussi Valenciennes, Amiens… On a même Dunkerque en National, cela fait beaucoup d’opportunités pour sortir pro dans la région. » Avec comme locomotive et motivation supplémentaire de pouvoir intégrer deux clubs historiques, les Dogues et Sang et Or ayant « vécu l’Europe, des titres, et dont les stades ont été retenus pour l’Europe. Ces deux fers de lance ont la possibilité de garder leurs jeunes plus longtemps. Le contre-exemple, c’est la Picardie, sans gros club pro, dont les jeunes viennent achever leur formation à La Gaillette ou Luchin. »

Licences à 30 balles et détermination de fer

Pour Fabrice Vandeputte, beaucoup de conditions sont réunies dans la région pour en faire un terreau fertile : « Ici, le football n’est pas cher, mon fils de 11 ans a une licence à 30 euros dans un club à proximité, et le ballon rond peut être un vecteur de progression sociale, comme dans certaines cités en Île-de-France. Et puis Lens, par exemple, est lié à l’histoire des mines, le Racing fait partie de la culture locale. Tout se rejoint ici pour donner naissance à de grands joueurs. » D’autant que pour le formateur, l’homme du Nord « est déterminé, donne le maximum » , et selon Meurillon, il est également attaché à son territoire et à ses couleurs : « Un jeune Lensois aura envie de percer au Racing en priorité, ou un Lillois au LOSC, car ces clubs veulent dire quelque chose pour eux. » Ancien pro au Racing et en Liga espagnole, Ludovic Delporte expérimente quotidiennement cette effervescence de talents en tant que responsable des U17 d’Arras FA. Avec les effets secondaires inévitables. « Chaque dimanche, des recruteurs viennent voir les matchs. Dès qu’on nous demande une feuille de match, on comprend. » Et pour Meurillon, on n’est clairement plus dans une logique de génération dorée ou non, car « entre Ribéry, Cabaye ou Gameiro et un Raphaël Varane, la différence d’âge est conséquente. Il y a eu de belles périodes comme à Lille qui ont mis en avant des joueurs de niveau international, mais la région produit continuellement. » Grâce au grand bassin lillois certes, mais également à cause d’une politique de formation rapidement devenue une priorité régionale, symbolisée par le Pôle Espoirs de Liévin.

Liévin, pas si loin de Clairefontaine

« Liévin est le second pôle espoirs après Clairefontaine en nombre de joueurs qui passent pro. On vient de fêter nos 20 ans, il y a eu de grosses générations comme celle de 91 avec Kakuta, Boli, Kolodziejczak, Rémy… » énonce en préambule Alain Delory. Directeur adjoint de l’établissement, il a vu le bébé évoluer : « Aujourd’hui, on a un projet éducatif qui dépasse le cadre purement footballistique, on forme des sportifs de haut niveau à qui on inculque les notions de nutrition, de récupération. On insiste de plus en plus sur la technique et notamment la technique collective, et on met l’accent sur la scolarité. Nos gamins ont une moyenne de 15/20 au collège. » Une méthodologie qui, selon lui, aurait permis à Gaël Kakuta d’être « au niveau de performance que son talent promettait » . Mais l’éducateur, qui forme également des techniciens, se félicite de voir de plus en plus de clubs professionnels souligner « la facilité à travailler avec les gamins qui passent chez nous, très en avance sur le hors terrain » . Le pôle espoirs du Nord arrive à sortir 2-3 joueurs pros par promotion, ce qui en fait l’un des deux plus productifs avec Clairefontaine. Mais pour Delory, ce n’est pas que le résultat d’un talent inné, mais « d’une grosse qualité dans la formation des éducateurs qui, dans le Nord-Pas-de-Calais, sont rarement en échec au moment de passer les diplômes à Clairefontaine. Forcément, quand l’accompagnement est bon… » Le rassemblement administratif devrait selon lui faire profiter à la Picardie de ce savoir-faire. Même si pour Olivier Meurillon, « il y a aussi le réseau amateur qui fonctionne bien, même chez les Picards » , et qui permet d’alimenter les nombreux clubs professionnels de la région. Mais dans cette opulence apparente, il y en a quand même qui rament. Ludovic Delporte : « On n’a pas le vivier de l’Île-de-France quand même, et on a trois clubs pros de niveau Ligue 1/Ligue 2, plus deux autres de niveau Ligue 2/National. Pour nous derrière, ce n’est pas évident de recruter, on n’a que les seconds choix. Vous imaginez le vivier que le PSG possède alors que nous, plus petits, on le partage à trois ? »

Joue-la comme Franck Ribéry

Si bien que pour l’ancien milieu offensif, le métier ne consiste plus toujours à former, mais plutôt à relancer « des jeunes qui n’ont pas été conservés dans les centres pros » . Une tâche qui peut parfois s’avérer difficile humainement, même si l’éducateur a un exemple tout prêt à servir à ses ouailles : Franck Ribéry. Très récemment, il a ainsi réussi à relancer un jeune de la région dans le circuit pro. « Gaëtan Robail, pas conservé à Lens, qui a signé pro avec la CFA du PSG après s’être relancé en CFA2 avec nous. Certains pensent qu’ils n’ont aucune chance de devenir pros s’ils évoluent en CFA2 à 19 ans, mais c’est faux. Cela va se voir de plus en plus, des joueurs relancés en CFA. Les clubs de Ligue 1 ou Ligue 2 n’ont plus autant de moyens et donc regardent jusqu’en CFA 2. » Et la CFA 2 du Nord-Pas-de-Calais-Picardie est peut-être plus accueillante que celle d’Île-de-France, zone où « c’est la jungle, comme un peu partout, mais puissance 10 avec tous les agents, recruteurs, intermédiaires, oncles qui n’en sont pas vraiment, des gens qui veulent prendre une part du gâteau » .

Le vivier belge

Avec Eden Hazard et Divock Origi, le LOSC a su dans les années récentes faire valoir son aura d’Euro-région pour puiser avec succès dans les réserves du voisin belge. Ce qui relève d’une certaine logique géographique, car « pour les Dogues, c’est parfois moins loin d’aller chercher un jeune Belge qu’un Parisien » , souligne Meurillon. « D’ailleurs, il y a des échanges soutenus entre les clubs du Nord et ceux de nos voisins belges. » La proximité belge permet aussi d’envoyer des jeunes s’aguerrir en Jupiler League ou dans ses divisions inférieures, voire de bénéficier « de la pratique du futsal professionnelle en Belgique » , selon Vandeputte. Mais pour l’éducateur des Sang et Or, il ne faut pas se tromper de stratégie, car « s’il y a des possibilités pour explorer le vivier belge, c’est surtout pour les pros ou les plus de 16 ans. Nous, par exemple, on a une cellule parallèle en Île-de-France, mais pas en Belgique. » Pour lui, les meilleurs résultats sont obtenus avec les joueurs du cru et, beau joueur, il cite deux exemples lillois : « Debuchy et Cabaye symbolisent ce qu’un ancrage régional peut apporter à la progression d’un joueur. Si on devait citer deux exemples à suivre, ce serait eux. »

Lille-Lens, une rivalité moteur

Avec le LOSC et le Racing Club de Lens, les « Hauts-de-France » ont le privilège d’abriter deux des meilleurs clubs formateurs de l’Hexagone. « On peut ajouter Valenciennes qui est en train de progresser sur la formation » , insiste Delory. Mais pour les acteurs du football du Nord, c’est bien la rivalité entre les deux historiques qui booste tout le monde, jusque dans les politiques de formation. « On va se chercher des joueurs, admet Vandeputte. Des fois, on se dit : « Mince, on a manqué ce joueur qui était à 5km », mais l’inverse est également vraie pour Lille. C’est une petite guerre, mais cela reste du football : on est en bonne entente et on peut s’organiser des matchs de préparation chaque année. Il y a rivalité, mais pas animosité. » Même si quand Lens se positionne sur un gamin, le LOSC contre-attaque quasi automatiquement, et vice versa. « Il y a 10-15 ans, on visait Lens en priorité si on était jeune et qu’on voulait percer en pro. Aujourd’hui, c’est l’inverse » , analyse Ludovic Delporte, pour qui les Dogues « ont l’avantage d’être en Ligue 1 et ont rattrapé le retard avec le centre de Luchin » . Mais l’éducateur d’Arras FA pensent que le rapport de force peut encore évoluer, car « si Lens remonte en Ligue 1, les bénéfices sur le centre de formation peuvent être importants » .

Aujourd’hui, les deux voisins ne luttent plus à armes égales, et pas seulement pour des raisons financières selon Alain Delory, qui s’inquiète « de voir un tiers de Franciliens dans les effectifs lensois, ils doivent se recentrer sur le local » . Pour Ludovic Delporte, il faut aussi comprendre que « la situation économique de Lens est perturbante. Les éducateurs ne savent pas s’ils seront là la saison d’après même s’ils font une finale en Gambardella. Cela peut faire peur aux parents, ce risque permanent de dépôt de bilan. » Le rachat par Solférino : « Faut voir, cela fait longtemps qu’on attend que cela reparte. En tout cas, j’espère qu’ils vont repartir. » Ce qui serait positif pour l’ensemble du football français, Lens, comme Lille, « ayant été parmi les pionniers de la formation en France » selon Meurillon. La clé, pour le cadre technique fédéral, c’est que « Lille et Lens gardent cette aura de clubs qui lancent des carrières. À Marseille par exemple, ils ont ce souci, le centre n’est pas vu comme un tremplin alors qu’ils ont le vivier pour sortir des joueurs. » La formation, c’est aussi un choix assumé.

L’équipe type des joueurs actuels :

Vercoutre – Digne, Aurier, Varane, Kolodziejczak – Cabaye, Kanté, Kondogbia – Gameiro, Hazard, Ribéry

La liste des 23

Gardiens : Rémi Vercoutre (Caen), Jean Butez (Lille), Paul Charruau (Valenciennes)

Défenseurs : Lucas Digne (AS Rome), Artur Masuaku (Olympiakos), Serge Aurier (PSG), Mathieu Debuchy (Bordeaux), Raphaël Varane (Real Madrid), Thimothée Kolodziejczak (FC Séville), Benjamin Pavard (Lille), Adama Soumaoro (Lille)

Milieux : Yohan Cabaye (Crystal Palace), N’Golo Kanté (Leicester), Geoffrey Kondogbia (Inter Milan), Yann M’Vila (Sunderland), Steven N’Zonzi (FC Séville), Birama Touré (Nantes)

Attaquants : Kevin Gameiro (FC Séville), Eden Hazard (Chelsea), Franck Ribéry (Bayern Munich), Divock Origi (Liverpool), Alassane Pléa (Nice), Yannis Salibur (Guingamp)

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Par Nicolas Jucha

NB : Est considéré comme sélectionnable tout joueur né en Nord-Pas-de-Calais-Picardie ou formé au moins une saison dans la région, sans distinction de nationalité.

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