MU-Barça : Du 50-50 pour MU ?
Puisqu'il faut bien se mouiller : avantage Manchester. Rien d'original : United, c'est Chelsea en mieux. Les Red Devils ont le réalisme qui a manqué à Drogba et Anelka. Le Barça n'est qu'outsider : Guardiola l'a reconnu. Et puis il y a le poids des absents (Abidal, Marquez, Alvès) et des convalescents (Henry et Iniesta)... Paradoxe : si MU l'emporte, alors R.A.S. Le plus fort aura gagné. Par contre, si les Blaugranas triomphent, le Barça 2009 entrera à coup sûr dans le cercle fermé des clubs de légende. Et ce ne sera pas volé.
Les absents ont toujours tort. Si, si ! Le Danemark a remporté l’Euro 92 sans Michael Laudrup, son meilleur joueur de tous les temps, et c’est l’OM 93 qui a gagné la Ligue des Champions, et non l’OM 91, a priori plus costaud avec Papin, Waddle ou Mozer… Alors, parler des absents Marquez (blessé), Abidal et Alvès (suspendus) au Barça, et de Fletcher (suspendu) à Manchester, c’est comme pisser dans une guitare (acoustique, hein !). Voilà… En fait, non ! Sans ces quatre joueurs, c’est carrément très grave ce qui arrive, surtout pour le Barça. Un peu comme jouer de la guitare sans cordes (électrique ou acoustique). Prenons le couloir gauche catalan : Seydou Keita en défenseur latéral (pas son poste habituel), Iniesta au milieu (tout juste rétabli) et Henry dans le couloir (pas à 100%). En gros, une construction un peu “expérimentale” qui pourrait déséquilibrer l’harmonie générale d’un Barça qui aime bien s’appuyer sur des fondamentaux solides. Ceci dit, la colonne O’Shea-Anderson-Park (de la défense vers l’attaque), a priori retenue par Ferguson côté droit, semble heureusement moins dangereuse qu’avec C. Ronaldo devant à droite, vu que l’Atlante serait plutôt pressenti pour jouer avant-centre.
Deuxième point d’interrogation au Barça : la défense centrale. Piqué à droite, et Yaya Touré, milieu de terrain de métier, à gauche (décidément, ce côté gauche !). Dans l’ensemble, le milieu ivoirien ne s’en est plutôt pas trop mal tiré en demi-finale retour à Chelsea et en finale de Coupe du Roi contre Bilbao. Reste que si c’est bien C. Ronaldo qui joue avant-centre ce soir, Touré devra faire le boulot comme un vrai axial de métier. Traduction : il devra mettre un bémol à ses montées offensives surpuissantes, voire carrément s’abstenir, vu la vitesse en contre des Red Devils. Avec un Touré qui recule d’un cran, c’est la fameuse ligne Xavi-Iniesta-Touré (devant la défense) qui affaiblit encore l’équilibre général du Barça. Pas évident… Ceci dit, s’il peut apparaître improvisé et pas assez soudé, l’ensemble défensif blaugrana demeure physiquement bien lesté et élevé : Piqué (1.85m), Touré (1.87 m), Keita (1.83 m) et devant eux, Busquets (1.89 m). Quand on se souvient de l’engagement et de l’intensité proposés par Chelsea, et si l’on tient compte du redoutable jeu aérien de MU (Ferdinand, Vidic, O’Shea, C. Ronaldo), le choix de muscler derrière est parfaitement cohérent.
Côté mancunien, l’absence de Darren Fletcher pose un problème plus important qu’il n’y paraît. Il était le harceleur-relanceur le plus coriace en milieu axial et le lien vital, côté droit, du trio qu’il formait avec C. Ronaldo et O’Shea. Du fait de son absence, sur une base en 4-3-3, Ferguson a remodelé son midfield comme suit : Giggs-Carrick-Anderson. Pas vilain, mais moins dense, moins “structuré” que d’habitude. Or, c’est le Barça en face, avec obligation de s’adapter à la guérilla urbaine, à la conquête du ballon dans les petits espaces, rue par rue, maison après maison. Pas vraiment le genre de boulot qu’un Giggs (35 ans) affectionne aujourd’hui…
Voilà, tout ça pour dire que toutes ces absences risquent de perturber le jeu habituel des deux équipes. Peut-être pas au point de tout chambouler, le Barça et United s’appuient sur des basics tactiques éprouvés, mais qui pourraient créer des situations imprévues, ouvertes à toutes les expectatives. A voir…
Pour le reste, les deux équipes joueront leur jeu habituel, avec les points forts qu’on leur connaît et qu’il n’est plus besoin de rappeler. Ce sont les points faibles, mis en évidence contre Porto (pour MU) et contre Chelsea (pour Barcelone), qui peuvent être éclairants. Chelsea a fait déjouer le Barça avec un pressing un peu haut, une récupération cannibale assumée par tous (attaquants compris) et une densité dans sa moitié de terrain qui a englué les Catalans, privés d’espace et de vitesse de transmission. En contrepartie, Chelsea a manqué de rapidité et de densité dans le déploiement offensif, après la conquête du ballon. Or, c’est exactement ce que Manchester sait faire à la perfection : pressing agressif dans toutes les zones du terrain, récup’ et transmission rapide dans les espaces et surnombre final (avec parfois trois attaquants) pour des occasions de buts bien franches. Le killer instinct faisant le reste… Donc, avantage Manchester ? Oui, mais… Le Barça est capable de trouver l’ouverture à n’importe quel moment (avec Eto’o ou Henry, une seule fois suffit pour prendre l’avantage) et dispose de joueurs capables de faire la différence à eux tous seuls. Traduction : un grand Messi, pile au rendez-vous de Rome, pourrait faire basculer la rencontre sur un coup de génie maradonesque. Il sait le faire !
Sinon, le Barça pourrait aussi forcer sa nature en déployant long, vers le grand large et sur les côtés, sur la base de dédoublements ultra rapides : c’est ce qu’a fait Porto à Old Trafford, en mettant le Onze d’Alex dans le vent (2-2, seulement pour les Portugais !). Un superbe jeu de courses déployées sur tout le terrain avec regroupement familial à la perte du ballon pour contrer le jeu mancunien (notamment sa construction initiale axiale au centre du terrain). Ce n’est pas vraiment le style de jeu du Barça, mais les Blaugranas sont capables de réaliser ce genre de phases inhabituelles pour eux. C’est aussi comme ça que se gagnent les finales. Et comme Pep Guardiola a bouffé beaucoup de vidéo ces temps-ci…
Equipes probables :
Manchester United : Van der sar – Evra, Vidic, Ferdinand, O’Shea – Giggs (cap), Carrick, Anderson – Rooney, C. Ronaldo, Park.
FC Barcelone : Valdès – Se. Keita, Y. Touré, Piqué, Puyol – Iniesta, Busquets, Xavi – Henry, Messi, Eto’o.
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