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Mounié : « Mon rêve, c’est la Premier League »

Par Florian Lefèvre
Mounié : « Mon rêve, c’est la Premier League »

Steve Mounié, vingt-deux ans, est un attaquant en forme. Le Montpelliérain a marqué sur ses quatre dernières apparitions avec la Paillade. Après un crochet concluant à Nîmes, l’international béninois est de retour depuis cet été au sein de son club formateur. Il raconte ses débuts à Perpignan, les vadrouilles avec la sélection et les frissons du titre de champion 2012.

Tu es né au Bénin et tu as grandi à Perpignan. Raconte-nous ton arrivée en France…On est arrivés à Perpignan quand j’avais quatre ans, mes parents et mon grand frère. Ma mère faisait des jobs en intérim, mon père était chef de chantier. Maintenant, ils sont rentrés au pays. C’est un ami de ma mère, qui entraînait mon frère, qui lui a dit de me mettre au foot. J’avais six ans, je faisais du judo à l’époque. Depuis, j’ai toujours voulu être footballeur professionnel. Quand on te demande de faire un vœu lorsque tu vois une étoile filante, bah moi depuis tout petit, le seul vœu que je faisais, c’était de devenir footballeur. J’ai grandi dans le quartier de Saint-Assiscle et j’ai pris goût au foot dans le club du quartier. Avec l’ASC Las Cobas, qui est devenu l’AS Perpignan Méditerranée, on est montés en 14 ans fédéraux. On a fini champions, de là j’ai participé à la Coupe nationale à Clairefontaine avec l’équipe de la région. J’ai fait des bons matchs et Montpellier m’a repéré.

En 2012, Montpellier devient champion de France. Toi, tu as alors dix-sept ans, tu étais où le soir du titre ?

Le président Nicollin est passé avec sa limousine. On cherchait à faire des photos avec lui, parce que nous, on était jeunes, on ne le voyait pas souvent.

J’étais devant le grand écran à la place de la Comédie (la grande place de Montpellier, ndlr). Un monde pas possible, c’était extraordinaire ! C’était beau de voir la ville de Montpellier unie derrière cette équipe. Moi, cette année-là, j’étais en U19 nationaux. Et, nous aussi, cette saison-là, on a fini champions ! La joie a été double. Le jour de la parade du titre, je me rappelle du bus des professionnels qui est passé sur un grand rond-point à un kilomètre du centre d’entraînement. On a tous couru derrière le bus pour aller les voir. Le président est passé avec sa limousine. On cherchait à faire des photos avec le président, parce que nous, on était jeunes, on ne le voyait pas souvent. Et puis, c’est le président Nicollin.

Et il y a la Ligue des champions… Tu t’y voyais déjà à ce moment-là quand résonnait la musique à la Mosson ?Même si tu n’es pas sur le terrain, tu as des frissons en entendant la musique de la Ligue des champions depuis les tribunes. Mais je me disais que le chemin était encore long, que j’avais encore du boulot. C’étaient des moments magiques. La Ligue des champions à Montpellier, quoi ! Le stade était toujours plein. Les supporters d’Arsenal, de l’Olympiakos… extraordinaires.

Malgré des blessures, tu signes pro en 2014. Et après une première saison d’adaptation, tu pars en prêt à Nîmes. C’était une volonté de ta part ?Le coach, Rolland Courbis, m’a fait comprendre qu’il comptait sur moi pour faire des entrées. Contre Rennes, j’entre cinq minutes. Contre Angers, j’entre cinq minutes. Contre le PSG, je me retrouve en tribune… Et à deux jours de la fin du mercato, Rolland Courbis m’appelle et me dit qu’il a recruté Mustapha Yatabaré et que ça serait mieux pour moi de partir pour avoir du temps de jeu. Il m’a proposé un prêt à l’AC Ajaccio.

Tu as réagi comment ?

Ce n’est pas facile de trouver un club quand tu n’as pas beaucoup joué en Ligue 1. Mon agent a trouvé cette option de Nîmes, comme ça, si les dirigeants de Montpellier souhaitaient venir me voir jouer, je n’étais qu’à trente minutes.

Ça m’a fait mal. Je l’ai pris comme un échec. J’avais fait une bonne prépa, je m’étais dit : « Cette année, c’est bon, tu vas jouer » , et puis à deux jours de la fin du mercato, on te dit : « Faut te barrer. » Ce n’est pas facile de trouver un club quand tu n’as pas beaucoup joué en Ligue 1. Mon agent a trouvé cette option de Nîmes, comme ça, si les dirigeants de Montpellier souhaitaient venir me voir jouer, je n’étais qu’à trente minutes.

À Nîmes, tu as marqué onze buts en trente-deux matchs et le club s’est maintenu tranquillement (14e). Pourtant, au départ, le club partait avec une pénalité de huit points. Ça ne t’a pas freiné dans ton choix ? Je l’ai plus pris comme un challenge que comme un fardeau. À Nîmes, je me sentais plus important. Que ce soit José Pasqualetti, ou plus tard Bernard Blaquart, le coach avait une vraie relation avec moi. On discutait. Ça donne de la confiance. J’ai pris le rythme des matchs professionnels.

Étant de Montpellier, en arrivant à Nîmes, je me suis fait un peu insulter par les supporters. Ce sont des trucs qui te forgent mentalement.

Ce qu’on a réalisé, c’était aussi énorme. J’ai vraiment passé une saison exceptionnelle à Nîmes, que ce soit sur le plan personnel ou collectif. J’en garderai un très bon souvenir. Je me suis beaucoup aguerri sur le plan physique et mental. Étant de Montpellier, en arrivant à Nîmes, je me suis fait un peu insulter par les supporters. Ce sont des trucs qui te forgent mentalement.

Comment as-tu encaissé ces insultes ? C’était pendant les matchs : « Rentre chez toi à Montpellier ! » , avec des insultes qui suivaient, depuis le virage des Gladiators. Après, ils ont vu que je me battais pour le club et que je les aidais à se maintenir. Moi, les insultes, ça m’énervait. Je pensais me donner à 100% sur le terrain. Ça me faisait chier d’avoir ces retours. Vu qu’il y avait des défaites, il fallait bien taper sur quelqu’un. C’est plus facile de taper sur le Montpelliérain. En fin de compte, ils m’ont apprécié. Je me suis senti à la maison, à Nîmes, à partir du mois de janvier, quand on a commencé à avoir de bons résultats. Je faisais partie de la famille.

Depuis que tu es revenu au MHSC, Fédéric Hantz te fait confiance. Tu l’as senti tout de suite ?Le coach m’a appelé à la fin du championnat pour me dire qu’il me comptait dans son effectif. Mais après, je n’étais pas l’attaquant numéro un en arrivant. J’étais plutôt l’attaquant numéro quatre, même si mon prêt à Nîmes m’avait boosté. C’est pendant la prépa que j’ai dû faire mes preuves. Et la confiance qu’il m’a donnée, je lui rends en ce moment en marquant des buts.

Depuis 2015, tu joues pour les Écureuils du Bénin. Tu as toujours eu envie de représenter ton pays natal ?

C’était une évidence de jouer pour le Bénin. Au début, on a un peu la pression. On joue avec Stéphane Sessègnon, Rudy Gestede… des mecs qui jouent en Premier League.

Je me rappelle, étant jeune, dire à mes potes : « Vous allez voir, je vais jouer pour le Bénin. » En rigolant, mais tout en étant sérieux dans un sens. Pour moi, c’était une évidence de jouer pour le Bénin. Au début, on a un peu la pression. On joue avec Stéphane Sessègnon, Rudy Gestede… des mecs qui jouent en Premier League, aguerris dans leur club. Toi, tu es le petit jeune qui débarque de Ligue 2, il y a cette petite appréhension. Mais l’ambiance te détend directement quand tu arrives.

Rudy Gestede, justement, a le même profil que toi : robuste, athlétique, dominant dans les duels aériens. Vous discutez souvent ?Il faut savoir qu’en sélection, on est cinq attaquants de pointe. Mais pointe, pointe. Tous 1,90m, 85kg – bon Rudy, c’est plus 90kg. J’échange beaucoup avec lui. Il me donne beaucoup de conseils, et moi, je l’écoute attentivement parce que c’est un mec dont j’aimerais bien reproduire le parcours. Un jour, mon rêve, c’est de jouer en Premier League.

La sélection est-elle bien structurée ?À ce niveau-là, on manque énormément. C’est peut-être ça qui nous a coûté la qualification pour la CAN 2017. Il y a un manque d’organisation total au niveau des déplacements. Je m’en rappelle, on est partis faire un match au Soudan du Sud. Déjà, pour y aller, on a mis environ dix-huit heures. Après, on devait rentrer au Bénin. On est partis de l’hôtel, au Soudan du Sud, jeudi à 14h. Et on est arrivés le vendredi à 20h. Vingt-huit heures de voyage ! Vingt-huit heures…

Ce manque d’organisation, c’est décourageant ?Quand tu pars en sélection, tu sais qu’il va t’arriver des trucs comme ça. Nous, on avait un objectif : la CAN (le Bénin ne s’est pas qualifié, ndlr). Tu sais qu’il ne faut pas craquer parce qu’il y a cet objectif et qu’on avait un match très important quelques jours après. Et si nous, les joueurs qui évoluons en Europe, on est de plus en plus à venir en sélection, on sera plus à même de faire changer les mentalités de nos dirigeants. C’est notre rôle pour que le Bénin évolue.

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