Montpellier-Strasbourg, la tête haute
Emotionnellement parlant, le foot est un sport très violent. D'autant plus violent lorsque l'on passe en une soirée de l'espoir d'un monde meilleur à la certitude ne pas l'atteindre de sitôt. Illustration à travers Montpellier-Strasbourg, du point de vue des fans alsaciens.
Ils étaient 500 à s’être motivés pour rejoindre l’Hérault. 500 supporters strasbourgeois à avoir vécu ensemble une
aventure humaine des plus angoissantes, avant de devoir se résigner à la cruauté du réel. Non, leur Racing ne retrouvera finalement pas la Ligue 1
et se condamne presque tout seul à une nouvelle année de purgatoire.
Afin de permettre à un maximum de supporters d’accomplir la virée décisive, le club avait tout bonnement décidé d’offrir le déplacement
dans le sud. C’est ainsi que 7 bus s’élancent sur les routes dans la nuit de jeudi à vendredi. Au cours du voyage aller, la bonne humeur et une
décontraction de façade dominent sur les visages. Pour le moment encore.
Débarqués sur place vers la mi-journée, certains avaient choisi la plage pour tuer une après-midi torride et ensoleillée. A noter, outre les nombreux coups
de soleil distribués, une sympathique rencontre avec cinq supporters de Hull City invités cordialement à suivre le match en compagnie des
Strasbourgeois.
18h30 : il est à présent temps de se diriger vers le stade. Tournant habituellement à une moyenne de 9000 spectateurs par rencontre, la Mosson
fait exceptionnellement le plein et tente de se mettre en mode chaudron. Le ton est notamment donné par le kop montpelliérain : pétards et
fumigènes pleuvent déjà sur le terrain avant l’entrée des joueurs. Ce n’est pas vraiment l’Argentine, mais on fait avec les moyens du bord.
20h50 : Le match commence et comme souvent Strasbourg oublie qu’à
l’extérieur, il faut aussi jouer au ballon. Après vingt minutes de jeu, les Héraultais mènent 2-0 face un adversaire fantomatique.
A Boulogne aussi le break est fait (2-0) et le Racing semble déjà hors-jeu
concernant la montée. Néanmoins, on se refuse à capituler côté alsacien et les encouragements crispés redoublent tant bien que mal.
Côté montpelliérain, la Mosson s’offre de sympathiques instants de délire, mais peine à se transcender durablement. Sur le pré, Cohade rate
un pénalty, Montpellier recule et Traoré arrache finalement la réduction du score juste avant la mi-temps (2-1).
Tout est relancé : la deuxième mi-temps va reprendre sur le ton d’une dramatisation paroxystique.
A la 51ème minute, Montano croit marquer, mais le but est refusé pour
hors-jeu. Le match se déchaîne alors tant sur le terrain que dans les tribunes.
Dix minutes plus tard, Cassard est touché par un projectile
balancé des tribunes : le match est interrompu momentanément et la tension monte encore d’un cran.
Dans un esprit résolument provocateur, une banderole des ultras
montpelliérains suggère à leurs homologues de se tourner vers l’Allemagne plutôt que vers la Ligue Orange ( « À nous la D1, on vous laisse la Bundesliga » ).
Qu’à cela ne tienne, les
Strasbourgeois leur répondent en entonnant une Marseillaise qui fait littéralement résonner la Mosson.
Malheureusement pour le kop visiteurs, leurs joueurs se montrent bien trop
peu appliqués et combatifs, y compris au cours du dernier quart d’heure. Les premières larmes coulent déjà, alors que Traoré manque une ultime
occasion en or. Un pauvre nul aurait pourtant suffi pour fêter l’accession, mais c’est bien Montpellier qui s’octroie l’ivresse
d’une nuit de folie. Le match s’achève et la pelouse est rapidement foulée par une marée humaine.
Pour les centaines de fans alsaciens, le retour en car sera glauque et
interminable. La déception prédomine chez tout le monde, mêlée à la colère et l’incrédulité, éventuellement teintée d’espérance
pour les plus optimistes. Quoi qu’il en soit, la plupart affirment qu’ils continueront à suivre leur Racing.
Quand souffrance rime avec amour…
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