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Matthäus, petit Poulain

Par Côme Tessier
Matthäus, petit Poulain

Lothar Matthäus a construit son palmarès avec le Bayern Munich, la Nationalmannschaft et l'Inter Milan. Mais avant cela, quand Matthäus n'était encore qu'un poulain du foot allemand, il a tout appris avec Mönchengladbach. Quitte à devenir un traître à l'heure de partir.

« Quand j’étais petit, je dormais dans des draps aux couleurs du Borussia Mönchengladbach. » La confession de Lothar Matthäus à 11Freunde n’est pas un scoop, mais elle résume bien ses débuts footballistiques. Né à Erlangen, une ville du nord de la Bavière, dans la région de la Franconie, le jeune Lothar se désintéresse étonnamment des grosses écuries locales. Ni le FC Nuremberg, dont le stade se trouve à une vingtaine de kilomètres, ni le grand FC Bayern Munich ne retient son attention. Non. Lothar Matthäus choisit plutôt le Borussia Mönchengladbach. « J’éprouvais tout simplement de la sympathie pour ce club. » Les années 70 sont aussi des années fastes pour Gladbach. « C’était une époque de grande réussite pour le Borussia, avec des joueurs comme Günter Netzer, Jupp Heynckes, Berti Vots et d’autres encore… » Toutefois, quand 11Freunde lui demande s’il a une idole dans sa jeunesse, il rejette l’idée en bloc. Non, c’est l’équipe de Gladbach dans son ensemble qu’il apprécie. Le cadre familial n’est d’ailleurs peut-être pas complètement étranger à cet intérêt. « Le fait que mon entière famille travaille pour Puma [alors équipementier des Fohlen, tandis que le Bayern est chez le rival Adidas] avait très certainement quelque chose à avoir dans ce choix. » Alors, sans surprise, quand Lothar Matthäus commence sa carrière professionnelle, il jette son dévolu sur Mönchengladbach. À 18 ans, il signe là-bas au moment même où Jupp Heynckes en devient l’entraîneur principal. Le début de cinq années de labeur et d’apprentissage.

« Le meilleur entraîneur possible »

C’est l’été 1979. Matthäus passe un test chez les Fohlen, avec succès, grâce notamment à l’appui de Berti Vogts. À l’Express, en décembre dernier, Matthäus rapporte que Vogts « a dit : « Lui, c’est un jeune camarade doué. Il met déjà de l’intensité. » Gladbach ne pouvait alors plus faire autrement que de me donner un contrat. » Tant mieux pour eux, car Matthäus joue déjà comme un vieux roublard en match officiel. Il s’impose au milieu de terrain (28 matchs de Buli) dans une équipe qui joue sur plusieurs tableaux, et qui va loin. Dès sa première saison, il va jusqu’en finale de la Coupe UEFA – mais c’est l’Eintracht Francfort qui l’emporte. L’apprentissage est encore le maître mot pour Matthäus, dont la confiance est certaine mais dont le talent doit encore être poli. « C’est là que je commence ma carrière. Sans Gladbach, il n’y aurait peut-être pas eu de joueur allemand de classe mondiale. » Jupp Heynckes est l’entraîneur idoine. Matthäus le reconnaît auprès de 11Freunde. « Jupp m’a formé, suivi, critiqué et reconstruit. Dans les premières années de ma carrière, il était très certainement le meilleur entraîneur que je pouvais souhaiter avoir. » En équipe nationale, Jupp Derwall le retient déjà pour l’Euro 1980 en Italie. Il ne rentre qu’une fois, commet une faute qui coûte un penalty contre les Pays-Bas, et ne revient plus en jeu. Sans lui, l’Allemagne gagne le tournoi. Cela reste son premier titre. Son seul à l’époque de Gladbach, qui navigue dans le ventre mou au classement. Il y a pourtant d’autres occasions qui se présentent. Il reste par exemple la Pokal. En 1984, le Borussia atteint la finale. La dernière étape qui s’annonce au Waldstadion de Frankfurt les oppose au Bayern Munich… Le grand rival, l’ennemi juré et le club en faveur duquel Lothar Matthäus vient de signer pour le prochain exercice.

« Judas ! Judas ! Judas ! »

La finale est intense. Certes, ce n’est plus la grande époque des affrontements Munich-Gladbach des années 70, mais la rivalité reste prégnante. Matthäus est conscient de cette saveur particulière des Borussia-Bayern. « L’atmosphère était très chaude, contre les arrogants et riches Bavarois. » Lors de cette finale, les clubs ne parviennent pas à se départager, le score se coince à un but partout. Ce seront donc les tirs au but qui feront la décision finale. Matthäus ne semble pas confiant. Il le dit d’ailleurs à Jupp Heynckes : « Je ne tirerai pas. » Le coach a insisté, encore et encore. C’est le premier accroc entre les deux hommes. Contre sa volonté, Matthäus est donc le tout premier à se présenter devant Jean-Marie Pfaff. Il a le visage marqué par la fatigue, l’effort et une légère blessure sous l’œil gauche. Il prend quelques pas d’élan et frappe au-dessus.

Le reste de la séance, la diffusion de Donald Duck toujours plus retardée et la défaite finale de Gladbach appartiennent à la légende de la Pokal. Du côté de Matthäus, le mal est fait. Lui, si habile dans l’exercice, vient de trahir les Fohlen. Même s’il va féliciter son gardien ensuite. Même s’il ne voulait pas tirer en premier lieu. Les fans de Gladbach viennent de tirer une croix sur les cinq ans passés par Matthäus avec leur maillot blanc. Il devient persona non grata au Bökelberg. Son retour quelques mois plus tard est accueilli par une nuée de « Judas ! Judas ! » dans les tribunes. Pour Matthäus, Mönchengladbach reste ainsi une étape sans titre. Heureusement, il lui reste encore plus de quinze ans de carrière pour faire oublier ce mauvais épisode et tenter de conquérir le monde.

Par Côme Tessier

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