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Mathias Pogba (ASM Belfort) : « En League One, j’ai marché sur le championnat »

Propos recueillis par Jérémie Baron
Mathias Pogba (ASM Belfort) : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>En League One, j&rsquo;ai marché sur le championnat<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Frère aîné de Paul et jumeau de Florentin, l'attaquant Mathias Pogba a posé son mètre 91 à Belfort (N2) cet été et lancé en mars son association Golden Score, qui a pour but d'accompagner et conseiller les sportifs dans leur après-carrière. De quoi se poser, à 31 piges, après une grosse dizaine d'années à sillonner le continent de club en club. Entretien avec l'idole du Racecourse Ground de Wrexham, qu'on appelle « Le Dos » chez les Pogba.

Comment a germé l’idée de cette association (créée avec son cousin Adrien Nsomoto) ?J’ai toujours eu en tête l’idée d’être dans l’entrepreneuriat. Je suis dedans depuis 2019, j’ai eu un premier business avec un barbier à Paris 17, qui existe encore. Avec mes proches et mon équipe de Golden Score, on a vu dans les statistiques que beaucoup de sportifs chutaient dans leur après-carrière, ne savaient pas comment s’en sortir. Mathieu Flamini est un exemple, Martin Braithwaite aussi. Ils ont un business qui tourne très bien, à plusieurs millions d’euros. Si eux peuvent le faire, pourquoi pas nous ? On essaie de sensibiliser tous les sportifs, surtout ceux qui ont moins de revenus que nous : les nageurs, les judokas, les boxeurs… On va essayer de leur donner du boulot en dehors de leurs sports respectifs.

Tu as atterri à Belfort l’été dernier. Tu avais envie de te poser et de te rapprocher de ton frère Florentin (aujourd’hui au FC Sochaux-Montbéliard) après tant d’années à barouder en Europe ? Exactement. Cette année, je n’étais pas focalisé sur le sportif, plus sur mes business, et en étant en France, ça allait me faciliter la tâche. Niveau football, ce n’est pas la meilleure année pour moi, le niveau où je vais jouer m’importe moins qu’avant. Ce n’est plus mon objectif principal, mais la passion est toujours là, je continuerai de jouer au foot tant que je peux. Je me suis rapproché de mon frère parce que ça faisait quinze ans qu’on était séparés, ça m’a fait du bien. De temps en temps quand je peux, je vais le voir.

Tu as fait l’Écosse, le pays de Galles, l’Angleterre, l’Italie, les Pays-Bas, l’Espagne et même la Slovénie. Tu parles combien de langues ?Quatre : espagnol, italien, anglais, français. Il me manque le portugais, mais ça arrive. Pour le business, et peut-être pour le foot, on ne sait pas.

À 16 ans et demi, tu as quitté la France avec ton frère jumeau pour signer au Celta Vigo. Que retiens-tu de cette expérience ?Jusqu’à aujourd’hui, ça fait partie de mes meilleures années footballistiques. Passer deux ans là-bas à ce jeune âge, ça m’a beaucoup aidé. Mais comme on est partis tôt, on a eu envie de rentrer, et ils ne nous ont rien proposé d’intéressant. Je suis revenu en Espagne en 2019 parce que j’aime bien ce pays, et à ce moment-là, seuls des clubs espagnols me proposaient quelque chose.

Avec Tours face à l’Entente Sannois Saint-Gratien (2018-2019).

À Quimper en CFA (2009-2010), tu as notamment évolué avec un tout jeune Riyad Mahrez. Tu te souviens de son niveau de l’époque ?Riyad, c’était déjà le joueur dribbleur qu’il est aujourd’hui. Là où il a progressé, c’est tactiquement, mentalement et dans les stats. Tous les dribbles que vous voyez aujourd’hui, la « spéciale » , ça n’est pas nouveau pour moi. Il me disait : « Mathias, tu vas voir, un jour, je deviendrai un grand joueur. » J’ai vécu avec lui à Quimper, on était en coloc’. On s’est rencontrés là-bas, il était de Paris, donc on se comprend. J’étais parti le voir au Havre, à Leicester quand ils étaient en deuxième division… Je suis encore en contact avec lui.

Le 5 mars 2017, tu marquais après 48 secondes de jeu et offrait la victoire au Sparta Rotterdam dans le derby face à Feyenoord. C’est le moment le plus marquant de ta carrière ?Je ne dirais pas le plus marquant, mais la plus grande joie, oui. J’avais invité toute ma famille, ils étaient presque tous là. Le coach m’a annoncé dans la semaine que j’étais titulaire, alors qu’il me mettait rarement dans le onze. Et je lui ai montré après 40 secondes de jeu qu’il avait fait le bon choix. En plus, ça faisait des années qu’ils n’avaient pas gagné contre Feyenoord. Le moment plus marquant, c’est ma première sélection en équipe nationale. Je ne m’y attendais pas du tout, et j’étais en pleine bourre.

C’était en plus avec ton frère.Oui. Jouer avec son frère en équipe nationale, qu’est-ce que tu peux faire de mieux ?

La fédération guinéenne n’a jamais essayé d’attirer Paul dans ses filets, d’ailleurs ? Non, parce que mon petit frère a commencé chez les U16 en équipe de France. Et en grandissant, tout le monde a vu qu’il allait avoir le niveau pour l’équipe de France A.

L’Eredivisie, c’est le pic de ta carrière en matière de niveau ?C’est là où j’ai eu le plus de visibilité, mon téléphone sonnait un peu plus, j’ai joué contre de bonnes équipes… Niveau expérience footballistique, c’est ma meilleure année. Même si ça n’est pas la Ligue 1 ou la Liga, tu affrontes des équipes qui jouent la Ligue des champions et la Ligue Europa. Dommage que je me sois ensuite blessé au tendon d’Achille en préparation ; j’aurais kiffé jouer plus longtemps là-bas. J’ai eu le tendon d’Achille un an, ils ne m’ont pas prolongé. Rotterdam, c’est aussi la meilleure ville que j’ai faite.

Mon chant à Wrexham, c’était « Who needs Drogba, when you’ve got Pogba ! » C’était magnifique

C’est à Crewe Alexandra (2012-2014), entre tes 22 et tes 24 ans, que tu as signé tes meilleures stats. On s’éclate, en League One ?En League One, j’ai marché sur le championnat. À partir du moment où j’ai compris comment ça fonctionnait… Le coach m’a donné tout ce dont un joueur a besoin sur le terrain : la confiance. Il me mettait à mon poste, il s’adaptait beaucoup à moi et me mettait dans de bonnes conditions. Il a compris qu’en me traitant comme ça, il obtiendrait le meilleur de moi. Ce championnat, attention : c’est la troisième division, mais pour moi, c’était de la Ligue 2. L’Angleterre, à l’époque, tout le monde voulait y jouer. Ça me manque, ces années-là.

À Wrexham au pays de Galles (2010-2012), tu avais même un chant.J’en ai eu pas mal ! À Wrexham, les meilleurs supporters que j’ai eus dans ma vie, mais aussi à Crewe et à Rotterdam. En néerlandais, donc je ne peux pas te le répéter. À Wrexham, c’était « Who needs Drogba, when you’ve got Pogba ! » C’était magnifique. À Crewe, c’était encore une autre chanson.

À l’origine, tu as traversé la Manche parce que Paul était là-bas ?Je voulais me rapprocher de lui par rapport à son âge. J’ai fait mes deux ans à Wrexham, et ensuite, il a signé à la Juve.

Tu vivais avec Paul et tu as un peu poussé pour qu’il signe à la Juve en 2012.Pas seulement un peu poussé : c’est grâce à moi qu’il a signé là-bas ! Je l’ai convaincu, à 100%. Et regardez le joueur qu’il est devenu. À Manchester, on lui faisait de fausses promesses.

Quel rôle joues-tu dans la carrière de Paul ?Le rôle de grand frère, tout simplement : pas plus, pas moins. Je vais le conseiller jusqu’à ma mort.

Tu suis Paul à chaque compétition des Bleus ?Ouais. Vous l’avez remarqué, non ? Le Mondial 2018, ce sont des émotions fortes, les montagnes russes émotionnelles, c’était grave. Surtout le match contre l’Argentine. La veille, on était partis les voir à l’hôtel, il y avait quelques joueurs, et je leur avais dit : « On n’est pas venus pour visiter la ville, on est venus pour remporter la coupe, et ça commence demain. » Quand Paul dit : « Messi pas Messi » dans le vestiaire, c’est exactement ce que je leur avais dit, il l’a répété. Le leadership, on a tous ça dans la famille, on a tous eu le brassard à un moment.

À Pescara, ils ne savaient même pas comment je m’appelais. La ville était magnifique, mais footballistiquement, c’est la pire expérience de ma vie. Quand je suis arrivé, personne ne savait que j’arrivais

Tu as eu une expérience de six mois en Italie, à Pescara. Tu en retiens quoi ?C’était un problème d’agent qui m’a entraîné dans un bourbier. D’ailleurs depuis ça, j’ai coupé les ponts et je n’ai plus de nouvelles de lui. On se connaissait depuis les premiers jours, c’est lui qui m’avait emmené à Wrexham, etc. Je voulais changer de club, j’avais éteint le championnat, tout le monde me connaissait. J’étais ambitieux, je voulais marquer dans un championnat au-dessus. Il a senti cette pression et ne voulait pas me décevoir, donc il a demandé une faveur à Pescara, et c’était une erreur. Je ne l’ai su qu’après, quand j’ai vu comment ils m’ont traité. Quand je suis arrivé à Crewe, ils savaient les matchs que j’avais joués, ils savaient tout, j’étais même choqué. Ça, c’est une vraie analyse qui montre que tu veux quelqu’un. À Pescara, ils ne savaient même pas comment je m’appelais. J’ai vu tout de suite que c’était bizarre. Ça fait partie de la vie d’un footballeur. La ville était magnifique, mais footballistiquement, c’est la pire expérience de ma vie. Quand je suis arrivé, personne ne savait que j’arrivais, c’était n’importe quoi. Il n’y a que là-bas que j’ai ressenti ça.

Tu as aussi découvert la Slovénie pendant quelques mois en 2021 (au Tabor Sežana). Pourquoi ça a été aussi court ?C’était après le Covid, je voulais jouer, dans cette période tous les clubs avaient le même problème, et c’est le seul qui m’a donné une opportunité. Malheureusement, avec la grande pause qu’on avait eue, les muscles n’étaient pas prêts pour la compétition. En amical, je me suis blessé, ça a tout ralenti… J’étais énervé, frustré. Tu as tellement envie de jouer, il te reste peu de temps, tu rates des matchs à cause du temps de récupération, tu perds des mois… J’ai fait mes trois ou quatre mois et je suis rentré.

À chaque fois que tu quittais un club, c’est parce que tu ne voyais pas d’opportunités sur le long terme ?C’est simple : j’ai signé deux ans à Wrexham, deux ans à Crewe, et à partir de Pescara, les clubs avaient moins confiance et me signaient un an à chaque fois. Et ça a continué jusqu’à aujourd’hui. Ça n’est pas volontaire, c’est le système qui m’a mis là-dedans. C’est dû aux six mois sans match à Pescara, il y a un trou dans mon CV. Quand tu vois ça, tu as tout de suite des doutes sur la personne. J’ai pris l’habitude.

Quand tu regardes ta carrière, tu penses que tu aurais pu viser plus haut ?J’aurais pu mieux faire. L’erreur de Pescara, c’est le tournant. Si ça avait basculé dans l’autre sens… On m’aurait vu en Premier League, je le dis tout de suite. Mais je ne regrette rien, ça m’a forgé.

Tu comptes aussi un titre de champion de France de tennis de table à 10 ans. Tu aurais pu faire carrière dans le ping-pong ?Non, jamais de la vie, il n’y a pas d’oseille dans le ping-pong. (Rires.) Ça s’est fait via l’école, mais je ne voulais pas devenir pongiste. Sur toutes les compétitions qu’on a faites, on a pris quasiment toutes les coupes avec Flo, puis on a arrêté. Paul aussi : un jour, on avait fait une compétition où on avait terminé tous les trois sur le podium. Si j’ai encore le niveau ? Quiconque vient, je lui mets sa raclée au calme ! Tu aurais pu nous mettre dans n’importe quel sport, on était tellement déterminés, on aime être premiers, c’est en nous.

Dans cet article :
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