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Marquinhos, le retour du talisman
Marquinhos affiche 21 ans, des belles dents, une peau abîmée et un talent plus gros que les 35 millions dépensés par le PSG pour l’arracher à la Roma en 2013. Sauf que Marquinhos est numéro 3 dans la hiérarchie du PSG, même s'il apparaît être le plus fort et le plus talentueux. Mais voilà, le numéro 5 de la capitale ne dit rien, profite de son temps de jeu et démontre, jour après jour, qu’il est bien le crack que tout le monde pensait.
Dimanche 30 août, il est bientôt minuit au Louis-II. Le PSG vient de rouster Monaco (3-0) et de braquer douze points sur douze au cœur de l’été. Face à la presse, Laurent Blanc est satisfait et détendu. Après les habituelles questions sur le match, une interrogation arrive : pourquoi avoir fait entrer Marquinhos au milieu de terrain à la 81e, alors que le score était acquis ? « Je voulais le récompenser, car c’est un garçon qui n’a pas beaucoup joué depuis le début de saison et il ne se plaint jamais, détaille Blanc. Pour un entraîneur, avoir un garçon de ce talent et de cette mentalité, c’est un bonheur. » Fin octobre, à la sortie de la démonstration parisienne face à Saint-Étienne, Blanc a encore une fois encensé son jeune défenseur, titulaire cette fois : « Il a été excellent, excellent. » Assez rare pour être souligné, entre l’ancien défenseur de France 98 et le Brésilien, il y a de l’amour.
« Avoir trois défenseurs centraux, croyez-moi, ce n’est pas de trop »
Blessé peu de temps après, Marquinhos n’a plus rejoué avec le PSG. C’est donc à Lorient qu’il va retrouver un peu de sourire après une semaine compliquée sur Paris en raison des attentats. « La situation ici est un peu tendue, les gens sont encore en état de choc. Moi, personnellement, j’ai encore un peu peur de sortir de chez moi, de laisser ma famille sortir » , a confié le défenseur au média de son pays Planeta Spor TV. « Depuis les attentats, la situation s’améliore et les personnes prennent leur courage à deux mains pour sortir et reprendre leur vie quotidienne normalement. Depuis lundi, nous nous entraînons normalement, très dur, pour préparer notre match de samedi, en Ligue 1. La vie continue, nous devons prier ensemble et lutter pour un avenir meilleur, pour la paix dans nos vies, pour la paix pour l’humanité. » Un seigneur qui mériterait un meilleur sort. Mais voilà, les mauvaises langues diront que l’ancien jeune défenseur de la Roma n’est qu’un simple remplaçant à David Luiz ou Thiago Silva dans l’esprit de Laurent Blanc. Au cœur de l’été, le coach francilien s’était expliqué sur sa manière de fonctionner avant la réception d’Ajaccio : « La saison dernière, Marquinhos a joué 42 matchs. Et il en a joué d’importants. Il a vingt et un ans, il a des qualités énormes. Avoir trois défenseurs centraux, croyez-moi, ce n’est pas de trop. Ne cherchons pas un problème avec lui ! Au cours de la saison, il risque d’y avoir des joueurs indisponibles, malheureusement, et il jouera. »
À titre de comparaison, David Luiz a joué 45 matchs l’an dernier et Thiago Silva 42. Autant dire que le delta est minime même si, a priori, dans les grosses affiches, les deux aînés partent avec un temps d’avance. Et ça, Marquinhos en a bien conscience et n’en fait pas un drame, au contraire. Il s’en sert comme d’un levier, comme il l’expliquait dans les colonnes de L’Équipe au mois d’août : « Tous les joueurs veulent être titulaires, avoir leur place. Ça, c’est la vie. La première chose, c’est qu’on doit avoir beaucoup de respect pour l’entraîneur et les coéquipiers, mais je dois aussi avoir cette envie, dans ma tête… C’est pour ça que je travaille tous les jours à l’entraînement. » Mettre son coach dans la merde avec des choix. Marquinhos le fait depuis son arrivée dans la capitale en emmagasinant de l’expérience. L’avantage d’être en balance avec David Luiz et Thiago Silva, c’est qu’ils ont souvent des pépins musculaires durant une saison. Ainsi, Marquinhos a joué le Barça et le Real Madrid en 2015 en tant que titulaire. Sans jamais décevoir. Dunga compte également sur lui en équipe de Brésil, ce qui n’est pas le cas de Silva, par exemple. Aussi bien à Paris – où il a prolongé en 2019 au printemps dernier – qu’au pays, Marquinhos incarne l’avenir. Et lui, contrairement à d’autres, a compris la patience.
Les sirènes de Manchester ou Barcelone pas encore assez belles
Pourtant, que ce soit en janvier ou cet été, de nombreuses écuries européennes sont venues taper à la porte de l’homme au sourire Colgate. Manchester United, Chelsea et le Barça avaient sorti le chéquier. Marquinhos plaît à tout le monde : vif, véloce, bon dans les duels, relanceur, polyvalence et énorme mentalité. Qui n’aimerait pas compter dans ses rangs un défenseur central de 21 ans qui joue déjà comme un daron ? Le PSG, lui, ne s’est pas emmerdé à écouter les propositions. Il a fermé la porte à double tour. Circulez, rien à voir. D’aucuns se seraient braqués. Pas Marquinhos. « Je suis resté tranquille, concentré. J’ai laissé mon agent gérer tout ça, rembobine-t-il dans L’Équipe en février dernier. A priori, le PSG a refusé d’entamer des négociations. Ils ont fermé la porte. Moi, j’ai pris ça comme une marque de confiance. Ça prouve que le PSG compte sur moi. Mais, pour être honnête, ça m’a fait plaisir de savoir que Manchester s’intéressait à moi. C’est valorisant. » Dans les faits, le numéro 5 de Paname vit la même situation que Varane au Real Madrid. Jeune et talentueux mais barré, pour l’instant, par le duo Pepe-Sergio Ramos. À l’inverse du Français, Marquinhos est en concurrence avec deux compatriotes. Deux copains. Deux modèles. « Cette équipe, c’est une mini-Seleção aussi. Il y a beaucoup de Brésiliens. Ils vont m’aider à m’adapter » , disait-il lors de son arrivée en juillet 2013. Depuis, l’ancien de la Roma a fait mieux que s’adapter, lui qui ne se rate que très rarement quand il joue et parle parfaitement français. Devenu copain comme cochon avec Lucas – et leur célèbre mimique « Je suis un beau gosse » en VF –, le stoppeur profite de la vie parisienne comme il se doit. En deux saisons et demie, le garçon a déjà joué 83 matchs (7 buts) avec le PSG. On a connu des numéros 3 moins utilisés.
Par Mathieu Faure