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Maradona et le péril jaune

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Maradona et le péril jaune

Dimanche soir à Rosario, l'Argentine, seulement 4e du groupe des qualifs, joue gros face au Brésil, leader incontesté des éliminatoires. Un sacré défi pour Diego Maradona face à ceux qu'il adore détester.

Il paraît que l’état de grâce est fini. Dix petits mois auraient suffit à faire perdre à Diego Maradona le crédit empreint de fascination qui avait accompagné son intronisation à la tête de l’équipe d’Argentine. Dix mois donc, et surtout deux défaites en quatre matches officiels : une avoinée en Bolivie (1-6) et une sortie sans gloire en Equateur (0-2). Alors aujourd’hui, il se murmure que le Pibe aurait moins le vent en poupe et qu’il serait sur la sellette, comme un triomphe des sceptiques de la première heure. La bonne blague ! Que l’Argentine fasse la peau au Brésil dimanche et le « Môme en or » sera de nouveau intouchable. Parce que c’est Maradona. Parce qu’en face c’est le Brésil. Et parce que Maradona et le Brésil, c’est une longue histoire, comme un condensé du mythe sud-américain.

Le Brésil, comme un révélateur

Au fond, les difficultés actuelles de la sélection albiceleste arrangeraient presque l’ami Diego à l’heure de défier son rival éternel. Car le champion du monde 1986 n’a jamais été plus à l’aise que dans cette configuration : lui et les siens contre le monde entier. Que sa formation soit trop dominatrice et la magie maradonesque s’évapore quelque peu. Des exemples ? Y’a qu’à se servir. Quand le jeune Diego débarque au Barça, ça ne colle pas : malgré sa tradition de résistance, Barcelone l’opulente ne sied pas au talent rebelle, enfin bien moins que Naples la miséreuse pour jouer le couplet du sud déshérité contre la riche Italie du nord. Idem en sélection. A la tête de ce qu’il considère comme la plus grande équipe argentine de tous les temps, Maradona échoue dans les grandes largeurs au Mondial 1982 avant d’emmener une escouade bien moins talentueuse à la victoire en 1986 puis de guider une vraie équipe de bras cassés en finale en 1990. 1982, 1990, deux histoires aux antipodes avec à chaque fois un passage au révélateur brésilien.

En Espagne, au second tour, l’Argentine, super outillée mais repue par son titre de 1978, se fait démolir par le Brésil de Zico, qui pousse même le vice jusqu’à faire expulser le Pibe (pour une agression sur Batista après une batterie de fautes non sifflées sur lui). Maradona sort du terrain, piteux, mais retient la leçon : on ne l’y reprendra plus jamais. Et huit ans plus tard, l’Argentin rend la monnaie aux Auriverde de manière plus cruelle encore. Une victoire en forme de coup de Trafalgar entre mauvais coups, eaux frelatées par les Argentins, innombrables poteaux brésiliens, et un coup de génie de Diego à la dernière minute (slalom géant du milieu de terrain et service aux petits oignons pour Caniggia). Un succès comme Pelusa les adore : lui et des traine-savates contre les puissants. La seule victoire surtout de Maradona sur le géant vert et or, ce pays rival. Le pays de son rival.

Pelé son rival, Havelange son bourreau

Car évidemment évoquer Maradona et le Brésil, c’est parler de la rivalité avec Pelé. Le Roi intouchable, un défi à la mesure de Diego le rebelle, roi du contre-pouvoir. Toute sa carrière durant, Maradona aura été aiguillé par ce baromètre abstrait dans un vain combat à travers les époques et cette question aussi inutile que lancinante : qui de Pelé ou Maradona est le plus grand joueur de l’histoire ? Et alors même que les deux meilleurs ennemis ont raccroché depuis bien longtemps, le débat continue de faire fureur. Et tel les deux vieux gars du Muppet Show, le Brésilien et l’Argentin ne sont pas les derniers à commenter ces conversations de comptoir. Oui, plus que tout autre, Maradona entretient une relation conflictuelle avec le Brésil et ses symboles. D’autant que tout au fond de lui, il considère la nation auriverde comme la fossoyeuse de sa carrière.

En 1994, alors que Diego est sorti de sa pré-retraite pour sauver la patrie en danger (barrages face à l’Australie), l’Argentine débarque aux Etats-Unis avec une équipe de matadors (Batistuta, Redondo, Ortega, Balbo, Sensini, Chamot, Caniggia, Simeone, Goycochea,…) pour l’ultime défi du saint-patron. On connaît la suite : Dieu est ramené sur terre pour une sombre histoire de prise d’éphédrine. Exclu de la world cup ! Un truc resté en travers de la gorge du Pibe, intimement persuadé que son contrôle positif et la victoire finale du Brésil étaient le fruit d’une trop heureuse combinaison. D’une combinazione… « On faisait peur. Ca faisait vingt ans que Joao Havelange était à la tête de la Fifa et vingt ans que le Brésil ne gagnait pas. Il ne pouvait pas finir son mandat sur pareil bilan » , avancera même Maradona quelques temps plus tard dans France Football au moment de recevoir son Ballon d’Or d’honneur. Havelange, l’homme qui avait aussi nommé son propre gendre pour arbitrer la finale de 1990 perdue (0-1) par les Gauchos face aux Allemands sur un penalty inexistant. Havelange, le vrai bourreau de Maradona.

En attendant le clash bouillant de Rosario, Pelusa joue malgré tout la carte de l’apaisement. « Toute l’équipe du Brésil me fait peur, j’ai un grand respect pour le travail de Dunga et si nous ne restons pas unis, ils peuvent nous faire très mal. » Mais la ficelle est trop grosse. Contrarié dans sa carrière (Havelange) et dans l’Histoire (Pelé) par les Brésiliens, Maradona n’a aucunement l’intention de leur laisser gâcher sa dernière mission pour le football argentin. Oui, il y aura beaucoup plus que trois points en jeu ce dimanche…

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