Malaga, le promu qui promet
Malaga-Atletico Madrid sera peut-être le dernier match de Javier Aguirre à la tête des Matelassiers. C'est aussi la seule confrontation directe entre équipes du haut du tableau ce week-end en Espagne. En effet, à l'ombre du FC Séville, solide troisième de Liga, un autre club d'Andalousie arrive à faire parler de lui, le Malaga CF. L'occasion de s'attarder quelque peu sur le beau parcours du surprenant promu.
Mis à part le Real qui s’est claqué sa mini crise annuelle, rares sont les sujets foot pouvant alimenter les conversations de comptoir en Espagne cette saison. Les matches retour n’ont même pas commencé que l’on connaît déjà le nom du futur champion, alors que tous les gros squattent sans exception les six premières places du classement. L’unique raison de suivre la fin de la Liga 2008-2009 est de savoir qui accompagnera directement le Barça en Champions, qui devra passer par le tour préliminaire et qui restera sur le carreau. Il faut le dire, même si le spectacle est toujours au rendez-vous, le championnat espagnol n’a jamais été aussi dénué d’intérêt. A une exception près. Le Malaga CF.
Suprématie régionale
Le club andalou, dont le président n’est autre que Lorenzo Sanz, le neveu de l’ancien président du Real Madrid, est en train de réaliser une saison historique. La meilleure de son histoire, pour ainsi dire. Les Boquerones (les anchois) sont actuellement septièmes, à égalité de points avec un Atletico Madrid qu’ils affrontent ce dimanche. Surtout, ils sont sortis vainqueurs de leurs deux déplacements en terres sévillanes. Après avoir créé la sensation chez les coéquipiers de Freddy Kanouté lors de la huitième journée (1-0), les Malagueños ont récidivé il y a quinze jours face au Betis, enlevant ainsi un nouveau derby à l’extérieur. De quoi bomber le torse et s’afficher en unique adversaire du FC Séville pour ce qui est de la suprématie régionale.
L’effectif des Malagueños n’a pourtant rien d’exceptionnel sur le papier. Le seul nom plus ou moins clinquant est celui de Luque, l’attaquant formé à Majorque, révélé à La Corogne avant de partir s’enterrer à Newcastle puis à l’Ajax. A Malaga, l’ex espoir du foot espagnol a réappris l’humilité : il porte aujourd’hui le numéro 5.
La moustache à la mode
Le début de saison des Andalous ne laissait pourtant rien présager d’une telle réussite. Les Boquerones avaient dû attendre la cinquième journée pour inscrire leur premier but en Liga. Pas de quoi affoler leur entraîneur, Antonio Tapia.
Sans rien bouleverser de ses plans initiaux, il a réussi à redonner confiance à cet effectif de crève la dalle. Âgé de cinquante ans à peine, Tapia, qui en fait dix de plus, tient régulièrement le discours du vieux sage qui en a vu d’autres. Alors qu’il pourrait faire le beau, Tapia n’ignore pas que Malaga n’est rien de plus qu’un promu qui tourne bien : « On connaît nos limites. Notre unique objectif est le maintien. Ce que je vois, c’est qu’il nous reste plus que 12 points pour l’obtenir. Après, si on est à la même place à huit journées de la fin… » . Un coach à moustache, certes, mais aujourd’hui l’un des techniciens les plus cotés de l’autre côté des Pyrénées. Actuellement en pourparlers pour prolonger son expérience en Andalousie, Tapia préfère botter en touche : « Je me concentre sur le jeu et sur mon boulot : gagner des matches. Parce que plus je gagnerai de matches, plus j’ai de chances d’être conservé… » . Au vrai, les dirigeants du club ont plutôt intérêt à ce qu’il ne soit pas trop convoité à l’intersaison.
La révélation de la première partie de saison accueille donc l’Atletico Madrid et sa défense en carton ce dimanche. L’autre club de la capitale est actuellement dans la tourmente et son entraîneur sur la sellette. Actuellement sixièmes, les hommes de Javier Aguirre peinent à se rapprocher de la Ligue des Champions, condition sine qua non pour parvenir à l’équilibre financier en fin d’exercice. Soyons francs, le potentiel technique des Matelassiers est nettement supérieur à celui de leurs hôtes du jour, comme l’a illustré le match aller (victoire 4-0 pour la bande à Agüero). Le talent sera donc dans le camp visiteur. La pression aussi.
Marc Hervez
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