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L’œil humide

Par Mathieu Faure
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L’œil humide

Il avait 31 ans. Il était grand. Au sens propre comme au figuré. Il, c’était Momo. Momo des Supras Auteuil. Momo Skyrock. Momo Saccomano. Au Parc des Princes, tout le monde connaissait ce géant au cœur d’or. Momo est parti un soir de victoire du PSG, le club pour lequel il a tant vibré.

Il est parti trop tôt. On le dit souvent, mais pour lui, c’est vrai. Difficile de ne pas le reconnaître, Momo pour Mohamed Sayah, mais tout le monde l’appelait « Momo » . 31 piges, dont 11 passées au virage Auteuil, 2 mètres sous la toise, pointure 50. Un beau bébé. Un amour. Un nounours. Si la gentillesse devait avoir un visage, elle prendrait ses traits. Samedi soir, quand le PSG remportait la Coupe de la Ligue, Momo nous quittait. Depuis 2008, il luttait avec dignité et force contre la maladie. Une saloperie de tumeur au cervelet. Il ne s’est jamais plaint. Pas une fois. Pas même quand les rechutes venaient lui rappeler à quel point la vie était injuste et triste. Pas même quand il préférait faire des kilomètres pour aller voir jouer le PSG quand le corps médical lui conseillait de se reposer.

Momo aimait le PSG. C’était comme ça. Irrationnel. À sens unique. Et tellement sincère. Pour ceux qui ont fréquenté le Parc des Princes, Momo était le photographe des Supras Auteuil entre 2006 et 2011. Facilement reconnaissable par son double mètre, il avait le regard doux et généreux que ne laissait pas imaginer sa carrure. Dans un milieu où la trahison était parfois reine, Momo était aimé de tous. De Rennes à Lyon en passant par Lille et Bordeaux. Dix minutes avec lui suffisaient pour tomber sous son charme. Derrière chaque grand homme se cache une légende. Momo a d’abord été une voix avant d’être une gueule. C’était sur Skyrock, il avait une quinzaine d’années et l’adolescent parlait déjà du PSG, des tribunes, du Virage. Momo est resté fidèle à tout : sa famille, sa radio, ses émissions Planète rap et Radio libre, ses amis, son groupe, son club. Avec ses nombreux contacts, il égayait la vie des enfants malades qui se battaient, comme lui, contre la maladie.

« J’ai mis ma vie en jeu pour le club »

Quand on s’investissait un minimum dans une association ultra au début des années 2000, Momo devenait rapidement un confident, un proche, une excuse au moindre rire. Parce qu’il était comme ça. Simple. Honnête. Doux. Au vrai, il détonnait dans ce milieu ultra pas toujours évident. Il semblait être trop gentil. On ne le méritait pas. Loin des guerres d’ego ou de pouvoir, son truc, c’étaient les photos. Photographe d’un groupe ultra, c’est une passion atypique. Passer son match, seul, sur la pelouse ou en tribune latérale pour immortaliser les prouesses collectives des siens en tribunes, ce n’est pas commun. Et il était doué.

Je me suis carté vers 2000, je devais avoir 15 ans. J’ai adoré la simplicité du groupe. C’était une famille. Tout était facile.

En 2011, lorsque So Foot a consacré un numéro hors-série aux supporters, on s’était penché sur ce personnage du Parc des Princes. Parce qu’il était, quelque part, incontournable. Et, aussi, parce qu’on l’aimait. À l’époque, il nous racontait son amour du PSG et de son groupe, sa deuxième famille : « Je me suis carté vers 2000, je devais avoir 15 ans. J’ai adoré la simplicité du groupe. C’était une famille. Tout était facile. Tu n’avais pas d’argent pour te déplacer, quelqu’un t’avançait. Ça a toujours été comme ça. On était soudés. Comme pour nos 15 ans, le meilleur moment de ma vie. C’est près de six mois de boulot. Ce qu’on a fait ce soir-là, c’est unique au monde. Même l’idée du graff en plein match, c’est fou. »

Le titre en tribunes à Troyes

Même dans les moments les plus compliqués de son combat, il ne s’est jamais plaint. Il s’est appuyé sur son groupe, ses amis, son club.

Même quand j’apprends pour la tumeur, je ne m’éloigne pas du PSG. Je me souviens d’un déplacement à Lyon, début janvier, où en rentrant du voyage, je file à l’hôpital pour suivre ma radiothérapie.

Toujours avec ce courage aussi simple que déroutant. « Même quand j’apprends pour la tumeur, je ne m’éloigne pas du PSG. Je me souviens d’un déplacement à Lyon, début janvier, où en rentrant du voyage, je file à l’hôpital pour suivre ma radiothérapie. J’ai mis ma vie en jeu pour le club » , nous disait-il à l’époque. C’était prémonitoire. Un testament à sa manière. Même avec le plan Leproux, Momo n’a jamais arrêté de suivre le PSG. Il était de tous les combats, le fil rouge de sa vie, l’équipe première, les féminines, les jeunes. Lors du sixième titre de champion de France, à Troyes, il était en tribunes pour voir son club célébrer ce titre. Toujours là à envoyer de la pellicule et à profiter de chaque instant. Il savait que la vie ne lui laisserait pas le temps. Alors il allait plus vite que la musique. Samedi soir, quand le PSG est devenu le club français le plus titré, Momo est parti. Le vide que laisse son départ est immense. Momo était grand. Sans doute le plus grand d’entre nous. Veille sur nous, poto. Et comme tu aimais le dire si souvent: « Tchusssss » .

Par Mathieu Faure

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