Liverpool déjà dans le rouge
Les Reds se sont tirés une sacrée balle dans le pied en s'inclinant chez eux face à Aston Villa (1-3), leur deuxième défaite en trois journées. Avant la fin août, Liverpool a peut-être déjà dit adieu au titre.
Certains l’avaient pris pour une provocation. Mais en fait, non. Sir Alex Ferguson était très sérieux quand il disait ne pas croire du tout à Liverpool cette saison malgré leur deuxième place l’an dernier. Parmi les arguments du manager de Manchester United, l’absence de banc et l’ultra-dépendance à Steven Gerrard et Fernando Torres. La preuve par l’exemple : comme à Tottenham (1-2), les deux stars n’ont pas su élever leur niveau et celui de leurs partenaires. A l’arrivée, deux défaites sans appel. Mais autant à Londres, la superbe performance des Spurs avait pu servir d’excuse, autant, là, on ne peut pas dire qu’Aston Villa ait bouleversé les canons du beau jeu. Et Liverpool, alors que le championnat débute à peine, est déjà dans une jolie mouise.
A Torres et à travers
On dit souvent qu’une série se rapproche mathématiquement de la fin. Pourtant, personne n’aurait parié que le compteur de matches sans défaite à domicile en Premier League s’arrêterait face à Villa, bloqué à 31. Sans doute même pas les Villans eux-mêmes. D’ailleurs,
Martin O’Neill l’avait jouée prudente en ce début de match. Oublié le 4-3-3 habituel, place au 4-5-1 avec Ashley Young et James Milner chargés de défendre comme des furieux avant de seulement songer à attaquer. Un choix doublement motivé par la méforme de son escouade (deux défaites toutes compétitions confondues en autant de sorties) et par la volonté de laisser le cuir à Liverpool, pas forcément le dada des Reds. Pourtant, cette option défensive aurait pu être sanctionnée au bout de trente secondes quand Fernando Torres servait d’une louche maligne Benayoun, lancé plein pot dans le dos de la défense, qui manquait d’un rien de tromper Friedel d’une tête renversée. Une dizaine de minutes plus tard, c’était carrément la chevauchée fantastique vers les buts de Villa, mais tour à tour, Torres, Benayoun et Gerrard rataient l’immanquable dans la même action à quelques mètres des bois. Le tournant du match en vérité.
Villa commença alors à mieux lire les transmissions, avec notamment Reo-Cocker et Petrov pour couper les trajectoires dans l’axe. Et puis, Kuyt perdait tous ses duels, Gerrard tous ses ballons et Torres tous ses nerfs. Le Nino est râleur en ce début de saison. Rafael Benitez, pourtant prompt à défendre ses hommes, l’avait sérieusement repris de volée. L’Espagnol avait réagi face à Stoke (4-0 et un but de Torres) avant de retomber dans ses travers.
Un plan de jeu illisible
Et puis, ce match a mis en lumière la perte de Xabi Alonso. On ne dira jamais combien, dans ce genre de partie verrouillée, le Basque était précieux par sa qualité technique et sa capacité à étirer la défense adverses par ses ouvertures en diagonales. Lucas Leiva ne propose rien de cela et certains s’interrogent pour deviner ce qu’il propose tout court. Le jeune Brésilien, conscient des attentes et du scepticisme le concernant, joue avec la peur au ventre en ce début de saison, et semble faire de l’huile d’olive de son short à chaque prise de balle. Et comme, en plus, la malchance avait décidé de s’en mêler… On avait dépassé la demi-heure de jeu quand sur un coup-franc tiré par Young et provoqué par une de ses fautes, Leiva détournait le ballon dans ses filets (34e, 0-1). A partir de là, c’est en fait tout Liverpool qui se mit à paniquer.
Une dizaine de minutes plus tard, juste avant la pause, Pepe Reina n’avait pas fini de beugler contre l’arbitre pour on ne sait quel motif, que Davies, sur corner, devançait la doublette Skrtel-Carragher pour doubler la mise de la tête (44e, 0-2). Benitez savait que son axe posait problème, mais sans doute pas à quel point. Au retour des vestiaires, les Reds poussaient mais avec davantage de tripes que de jugeote. Malgré le but de Torres (1-2, 72e) sur un rush d’Insua, le plan de jeu rouge restait illisible. Et comme à Tottenham dans la foulée de leur égalisation, Liverpool se faisait de nouveau piéger sur une faute commise par Gerrard dans la surface sur Reo-Cocker. Peno transformé par Young (1-3, 75e), par ailleurs invisible dans le jeu mais auteur à l’arrivée d’un but et du coup-franc décisif. Pas mal pour une arnaque et bonne opération pour Villa qui lance enfin sa saison.
Liverpool, lui, avec trois petits points en trois matches, est déjà à six longueurs de Chelsea (et de Tottenham). Et déjà, dans un Anfield vite résigné, les fans des Reds tiennent les comptes : ils sont bien partis pour « fêter » une vingtième année sans titre de champion.
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