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L’hypothèse Luis Fernandez…
Alain Perrin, démis de ses fonctions, c'était écrit. Son adjoint Christophe Galtier lui a succédé. Mais c'est bel et bien la solution Luis Fernandez qui se dessine, malgré les démentis de l'intéressé. Luis Fernandez à Sainté, une vieille histoire. Et un pari risqué ?...
Le passé, le présent… et le futur : Alain Perrin, Christophe Galtier… et Luis Fernandez ? Voilà l’équation spatio-temporelle posée à l’ASSE. Pour Perrin, c’est fini. Pour Galtier, ça commence. Une décision émanant de Vincent Tong Cuong, le directeur général. Mais jusqu’à quand, Galtier ? Le club jure que le bon Christophe est en place pour longtemps. L’intéressé le croit, qui a déjà pris en main l’entraînement d’hier. Une chose est certaine, c’est bien lui qui drivera l’équipe pour les deux derniers matchs d’avant la trêve : contre l’OM, samedi à dom, et à Lens, mardi. Arrêtons-nous deux minutes : et si Christophe Galtier remportait ces deux rencontres cruciales et fédérait dans l’enthousiasme un groupe plombé par le doute ? Il arrive que des « intérimaires » , car c’est bien comme ça qu’on appréhende Galtier, s’imposent de suite et se taillent une carrière honorable (Antonetti intronisé à Bastia en novembre 94), voire carrément glorieuse (Elie Baup, adjoint de Guy Stephan à Bordeaux, qui le remplacera en décembre 97). La France du Foot va peut-être découvrir un nouvel entraîneur de qualité : à 43 ans, l’éternel « adjoint » de Gili (Bastia, 2002-04) puis d’Alain Perrin (Al Ayn, Portsmouth, Sochaux, OL, ASSE, de 2004 à hier) a peut-être l’occasion de se lancer vraiment dans le métier. En tous cas, c’est avec classe que Perrin a convaincu son pote Christophe « d’accepter le job » . Mais les choses bougent en coulisses… Des coulisses toujours agitées à Sainté, « un panier de crabes » , comme le rappelait hier encore Jean-Michel Larqué, évoquant un organigramme stéphanois où les dirigeants font pléthore… Et c’est de cette direction qu’émanerait la « piste Fernandez » , d’où le statut intérimaire de Galtier.
Luis à l’ASSE, une vieille histoire…
Flash-Back… Ce n’est pas la première fois que Luis Fernandez est sérieusement pressenti à Sainté. A l’été 2007, bien parti pour coacher les Verts, l’affaire avait échoué à cause du conflit larvé entre les deux co-présidents Caïazzo et Romeyer. Idem en novembre 2008 : son nom était souvent revenu pour remplacer Roussey… Or, aujourd’hui, le nom de Fernandez serait avalisé par la paire présidentielle. L’intéressé a démenti formellement sur RMC : « Je démens tout contact avec Saint-Etienne. Je suis contractuellement engagé avec RMC et le groupe Orange sport, avec lequel je travaille tous les week-ends. J’ai passé un peu l’âge de faire le pompier. Ça fatigue un peu. Retravailler dans un club, c’est quelque chose qui me ferait plaisir mais uniquement dans un projet intéressant » . La chaîne Infosport en est convaincue : Luis prendrait ses fonctions à partir du 1er janvier 2010. Pierre Repellini, président de l’Unecatef, a même affirmé que Luis avait signé son contrat hier après-midi.
En attendant d’avoir des certitudes, que vaut l’hypothèse Fernandez à St-Etienne ? Déjà un accueil a priori assez favorable des supporters, à en juger par les constants « messages d’amour » envoyés par les fans à l’émission « Luis attaque » . Ce qui est loin d’être négligeable dans un club où le public possède un certain « droit de regard » . Ensuite, il y a un challenge vraiment excitant : comment refaire de St-Etienne une place forte du foot français ? Luis lui-même avait indirectement évoqué ce super défi lorsqu’il avait accepté de prendre les rênes d’un Reims (L2) en déliquescence, l’an passé : « Reims est un club qui appartient au patrimoine du football français, au même titre que Paris, Marseille ou Saint-Etienne » . Voilà déjà un indice qui plaide en faveur de l’option stéphanoise.
Luis à l’ASSE : un pari risqué ?
Mais avec Luis, impossible de ne pas évoquer comme toujours « son rêve parisien » . Le PSG demeure son obsession et il ne s’en cache pas. Autoproclamé « éternel recours » du club parisien (et ils sont nombreux les fans à le plébisciter, et pas que sur RMC), Luis garde un œil constant sur Paris. Reste que cette saison, malgré des débuts en dents de scie, Antoine Kombouaré bosse plutôt bien et garde la confiance de ses joueurs et des dirigeants. Qui plus est, Luis apprécie Antoine. L’hypothèque Paris étant grandement levée, l’aventure stéphanoise pourrait prendre corps. « Pourrait » , parce que comme il l’a dit : « J’ai passé un peu l’âge de faire le pompier. Ça fatigue un peu. Retravailler dans un club, c’est quelque chose qui me ferait plaisir mais uniquement dans un projet intéressant » . En clair : OK, éventuellement pour descendre dans le Forez mais pas question de ne rien contrôler (direction sportive + recrutement, etc…). Or, à Sainté, il a un adversaire, Vincent Tong Cuong, pas pressé d’accueillir Fernandez et une foule de « décideurs » … Mais, comme le dit Luis, l’écueil majeur est autre part : « J’ai passé un peu l’âge de faire le pompier » , un sale boulot qui le refroidit un peu. Tout simplement parce qu’après ses passages réussis au PSG (1994-96, Coupe d’Europe, Coupe de la Ligue, Coupe de France et vice Champion 96) puis à Bilbao (1996-2000, vice champion d’Espagne en 98), la suite a été constellée d’échecs.
Un retour manqué à Paris (2000-03) à peine réévalué par une mission impossible mais réussie de « pompier » de 6 mois depuis novembre 2003 : il maintient en Liga un Espanol de Barcelone promis à la relégation. Un rôle de « pompier » qu’il va endosser à l’occasion de piges idiotes, sans motivation, juste pour passer le temps. Au club qatari d’Al Rayyan Club en juin 2005, qu’il quitte en novembre afin de rejoindre le club israélien du Betar Jérusalem en qualité de manager général. Il démissionne rapidos sous la pression des supporters jaunes et noirs. En décembre 2006, il signe au Bétis Séville, sa région d’origine. L’humiliation : le 10 juin 2007, il est viré à l’avant dernière journée. C’est son premier limogeage en quinze ans de carrière. Et puis il y aura le cinglant échec au Stade de Reims, appelé en hiver pour sauver un club qui descendra quand même en National…
Voilà. Luis Fernandez vient d’avoir 50 ans. Il s’éclate dans son nouveau boulot d’animateur radio et TV (RMC et Orange). Faut-il qu’il aille braver l’inconfort et l’adversité dans un club où les querelles de pouvoir lui seraient aussi fatales qu’à l’époque du PSG et où un effectif est dévalué par ses faiblesses, ses blessures et ses résultats ? Doit-il risquer d’aller se brûler à nouveau et ajouter un nouvel échec à une carrière d’entraîneur qui s’est déjà beaucoup étiolée ? Le challenge est réellement extraordinaire, mais le relever prendra des années. Luis est-il prêt à « replonger » , prendre des coups et gagner à la fin ? Lui seul le sait…
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