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Les supporters, vaches à lait de la Premier League ?

Par Nicolas Jucha
Les supporters, vaches à lait de la Premier League ?

Alors que les droits télé ont explosé et fait de la Premier League le centre économique du foot mondial, les clubs anglais imposent des prix toujours plus élevés à leurs supporters désireux de se rendre aux stades. Et si la passion légendaire des fans britanniques en faisait les victimes idéales d'un racket organisé ?

À l’aube de la saison 1992-1993 est née la Premier League. En rendant l’élite du football anglais indépendante de la Fédération et de la Ligue pour négocier ses droits télévisés et ses contrats de sponsoring, l’ambition des fondateurs était d’augmenter les revenus des clubs et par conséquent leur compétitivité continentale. Si la feuille de route a été parfaitement tenue – huit trophées européens depuis la création de la Premier League dont quatre Ligues des champions et des droits télévisés qui se chiffrent en milliards -, l’essor du championnat anglais ne fait pas que des heureux. En 2014, les supporters, quelles que soient leurs couleurs, font face au prix croissant des places.

80 euros pour assister à Arsenal-Manchester City

Le 13 septembre prochain, pour le choc entre Arsenal et Manchester City à l’Emirates Stadium, les fans des Citizens devront sortir 64 livres, soit 80 euros, pour pouvoir supporter leur équipe. Déjà l’an passé, les supporters mancuniens avaient manifesté avec une banderole ( « Where will it stop ? » ) et boycotté près de 900 places en raison de billets visiteurs facturés à 62 livres (77 euros). Face à cette situation qu’apaisent à peine les réductions des places pour les plus de 65 ans à 27,5 livres et des moins de 16 ans à 24 livres, les dirigeants de Manchester City ont décidé de faire un geste : subventionner 50% des tickets visiteurs pour les supporters détenteurs d’un abonnement annuel. Mais la démarche du club mancunien n’est encore qu’un grain de sable face à la problématique majeure qu’est devenu le prix moyen des billets en Premier League. Un accord sur trois saisons existe entre la Ligue anglaise, les clubs professionnels et les associations de supporters, et porte sur un investissement de 200 000 livres annuel par club de Premier League pour soutenir financièrement les fans en déplacement.

Si nous continuons ainsi, les pères ne pourront plus emmener leurs enfants aux matchs

Ainsi, si City a décidé d’offrir des réductions à ses abonnés, d’autres clubs avancent d’autres méthodes, comme Stoke City qui paie une partie des coûts de transport de ses supporters ou Manchester United qui retire 4 livres du prix de chaque billet extérieur pour ses fans. Ces modestes progrès font suite à des protestations croissantes de l’Association des supporters de football contre l’augmentation continue du prix des billets en PL. Les tickets visiteurs sont tout particulièrement visés, car leur montant est fixé par les clubs hôtes des rencontres. Ainsi, Arsenal fait payer ses billets visiteurs 64 livres aux supporters de City, quand ces précieux sésames sont facturés en moyenne 58 livres par City, 59 livres par Chelsea ou encore 55 livres par Manchester United. Ces prix évoluent en fonction des rencontres, les fans de Norwich n’avaient ainsi payé que 25,5 livres pour se rendre à l’Emirates en 2013-2014, mais ceux des Gunners avaient payé le double au retour…

La Premier League, championnat le plus cher d’Europe

D’une manière générale, une étude du Guardian en 2012-2013 avait montré que la Premier League était le championnat majeur avec les billets les plus chers, Arsenal étant nettement l’équipe la plus chère à regarder jouer de Grande-Bretagne. En juin 2013, un groupe de supporters s’est donc réuni pour marcher devant les locaux de la Premier League en protestation contre le coût croissant des billets en dépit de droits télé faramineux. Si la manifestation – qui a réuni derrière une même cause des supporters traditionnellement rivaux comme ceux d’Arsenal et Tottenham ou de Liverpool et Manchester United – a poussé quelques clubs à geler provisoirement leurs prix, la tendance à l’inflation n’a pas été infléchie. « Si nous continuons ainsi, les pères ne pourront plus emmener leurs enfants aux matchs et l’atmosphère des stades mourra » expliquait ainsi au Guardian Adam Kearns, un modeste supporter de Liverpool, lors de la manifestation de 2013. La protestation des associations de supporters devant le siège de la Premier League est depuis devenue un événement annuel dont la devise est de faire en sorte que « le coût du football reste abordable pour tous » .

Malgré ces hausses de prix, la Premier League s’en sort avec un taux de remplissage des stades à 95% en 2012-2013.

Les réactions des clubs, si elles existent, restent marginales ou purement symboliques. Ainsi, Tottenham, Swansea ou West Bromwich ont gelé le prix des billets pour la saison 2014-2015, Manchester City a fait un effort sur ses abonnements aux prix les plus bas, mais en nombre limité également. En revanche, plusieurs records tombent comme celui de l’abonnement le plus cher, qui vient de passer la barre symbolique des 2000 livres à Arsenal après un gel de trois saisons, alors qu’à Chelsea (1250 livres) et Manchester United (950 livres), il est gelé depuis quatre saisons désormais. Les différentes statistiques sur les prix de la Premier League révèlent Londres comme la ville la plus chère, avec Arsenal, Tottenham et Chelsea en trio de tête.

1992, l’année charnière

Cette évolution des prix a pris toute sa mesure en 1992 avec la création de la Premier League et l’augmentation des droits TV, la modernisation du championnat anglais et son choix de s’adresser aux classes moyennes plutôt qu’aux supporters historiques et populaires. À titre d’exemple, en 1989-90 à Old Trafford, il y avait encore des tickets à 3,5 livres avant la publication du rapport Taylor sur la sécurité dans les stades (document qui traite des causes de la tragédie d’Hillsborough en 1989). Si on se base sur l’inflation du coût de la vie en Angleterre ces 24 dernières années, ce type de billet serait encore en dessous de 7 livres aujourd’hui. Or, le billet le moins cher à Old Trafford en 2014 coûte 31 livres (785% d’inflation par rapport à 90). En comparaison, à Liverpool, le billet le moins cher en 1990 était à 4 livres, aujourd’hui à 46, soit une inflation de 1150%.

Selon une étude de la BBC en 2014, le prix global des abonnements en première division anglaise depuis 1981 a augmenté de 181% au-dessus du taux d’inflation, la palme revenant à Newcastle (+354%). Malgré ces hausses de prix extrêmes, la Premier League s’en sort particulièrement bien avec un taux de remplissage des stades à 95% en 2012-2013. Le premier signal négatif vient cependant des tickets visiteurs, dont le remplissage a baissé de 10% sur la même période. Pour Kevin Miles, le président de la Fédération des supporters de football (FSF) qui s’était exprimé il y a plusieurs semaines dans le Guardian, l’augmentation continue des prix n’a pas nécessairement fait changer le profil type du spectateur de Premier League, mais l’a plutôt poussé à de plus gros sacrifices pour préserver sa passion : « On suppose que le football est devenu un passe-temps de la classe moyenne, mais ce n’est pas ce que je vois. Je vois les supporters traditionnels qui tirent sur la corde, paient des prix qu’ils trouvent déraisonnables simplement pour faire ce qu’ils aiment. C’est un marché captivant, les clubs peuvent presser les gens dans une proportion qu’aucun autre secteur d’activité ne peut se permettre. »

Arsenal en tête du classement

Pour rappel, lors de la saison 2013-2014, les abonnements les moins chers de Premier League se trouvaient à Manchester City (299 livres), quand tous les clubs de Bundesliga proposaient à leurs fans des abonnements annuels minimums sous la barre des 200 euros (80 euros au Bayern Munich). A contrario, les pass annuels les plus chers d’Angleterre se trouvaient à Arsenal (1995 livres), suivis de près par ceux de Tottenham (1845 livres) et dans une moindre mesure de Chelsea (1250 livres) et Fulham (999 livres). Quant au ticket pour un match, les plus bas prix se pratiquaient à Newcastle (15 livres), Aston Villa, Hull City, West Bromwich et Fulham (20 livres), ce dernier club offrant les places les moins chères de Londres. En revanche, pour assister à un match à Stamford Bridge, il était impossible de débourser moins de 41 livres. Quant aux spectateurs les moins regardant sur les prix, ils pouvaient dépenser 126 livres sur un seul match des Gunners d’Arsenal. À l’échelle européenne, une étude commanditée pour la même saison par la BBC et également publiée par le Guardianavait révélé qu’au classement des abonnements les moins chers dans les quatre grands championnats européens (Angleterre, Allemagne, Espagne, Italie), 17 clubs anglais faisaient partie du top 20 des clubs les plus onéreux et donc les moins accessibles aux petites bourses. Le supporter anglais étant un passionné, il paie d’abord et se plaint après…

Par Nicolas Jucha

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