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Les leçons tactiques de France-Suède

Par Markus Kaufmann
Les leçons tactiques de France-Suède

Contre l'Albanie, la France avait eu le ballon sans même avoir eu besoin d'aller le voler dans les pieds ennemis, les deux dernières lignes albanaises abandonnant le contrôle de la sphère aussitôt récupérée. Cette fois-ci à Marseille, les Bleus ont dominé le ballon non pas par forfait, mais bien par la force et la finesse. Cette Suède très diminuée aura montré deux visages distincts, sans toutefois effacer ce reflet de Vikings sans drakkar. Pour Didier Deschamps, c'était l'occasion d'utiliser deux schémas différents et d'évaluer de nouvelles options.

Si la charnière centrale Granqvist/Jansson est bien plus sereine dans les airs qu’au sol, ce 4-2-3-1 a montré ses vertus pour faire déjouer l’adversaire : le poids de Gignac devant, l’impressionnante intensité « hispanique » de Valbuena et Griezmann à la récupération, et la capacité de Pogba à sortir de sa ligne pour gêner le porteur. Positionné dans l’axe, le rôle défensif de Payet a été moins intéressant. Derrière aussi, et parfois surtout, la vitesse et le sens de l’anticipation de Varane ont eu de quoi décourager les Scandinaves dans leurs tentatives de jeu long, et ont donc poussé à la perte de balle. Quand la Suède presse à son tour, la France s’en sort très bien et certaines séquences sont dignes d’un entraînement de sortie de balle : l’important est de remarquer que la sélection insiste encore sur les relances au sol et n’abandonne pas cette croissance du jeu entamée sous les ordres de Laurent Blanc.

Les souffrances suédoises et les faiblesses françaises

Après dix-huit minutes, les Vikings affichent un bilan catastrophique : 31% de possession, mais surtout 63% de passes réussies et 0 tir. Alors que Källström joue bien son rôle de pointe défensive du triangle du milieu – il survole le reste de sa sélection à 94% de passes réussies – les deux habituels ailiers Larsson et Kačaniklić peinent logiquement à se défaire de la pression axiale. À la mi-temps, Hamrén s’en rend compte en faisant confiance à « l’Italien » Albin Ekdal – l’une des figures du Cagliari de Zeman cette saison – à la place de Källström, et surtout à Jimmy Durmaz pour décaler Kačaniklić sur son aile droite, et sortir un Nabil Bahoui perdu (10 ballons touchés en 45 minutes). Mais alors que la défense française parvient à la fois à se placer haut et à couvrir un long terrain, les Suédois se rendent vite compte de leur besoin de gain de mètres pour faire reculer Varane et ainsi atteindre la tête d’Isaac Thelin.

Effectivement, comme lors de ses dernières apparitions, les Bleus se montrent fébriles dans les airs et pas seulement sur coups de pied arrêtés : pas moins de 5 duels aériens gagnés pour le seul Thelin ! En conférence de presse lundi, Deschamps l’a justifié par un besoin de « concentration et d’agressivité au moment du duel » , indépendamment du travail fait en amont sur les phases arrêtées. Il faut croire que le fait de ne jouer que des amicaux, ça compte. En deuxième mi-temps, la Suède s’applique donc à faire remonter tout son bloc, n’essayant plus de prendre par surprise la défense bleue, si ce n’est sur quelques appels de Guidetti. Alors que Källström aura manié 24 ballons, Ekdal prend 41 fois le contrôle de la balle en autant de temps. Seulement, alors que la construction suédoise se montre plus élaborée que prévue, notamment sur le côté gauche, la phase de création manque d’accélération et de vision sur les trente derniers mètres. Logique, sans Zlatan (ni Toivonen).

Le football français ne se cache plus sur ses lignes

C’est entre les lignes, en l’absence du dernier Viking Pontus Wernbloom, que la France a gagné le plus de certitudes, là où les automatismes avaient cruellement pris l’habitude de se cacher de 2006 à 2012. D’une, la mobilité, le sens de la conservation et la technique de Valbuena et Griezmann semblent faire naturellement la différence, même si cette capacité à créer des situations de supériorité numérique se base essentiellement sur les efforts faits à la récupération et à la couverture. De deux, Payet a trouvé un rôle à jouer dans la réorientation du jeu vers les côtés, une habileté qu’il utilise intelligemment à l’OM.

Néanmoins, c’est a priori trop peu pour convaincre Deschamps. D’une part, la fonction est déjà occupée par Valbuena et Pogba. D’autre part, dans cette zone, le jeu des Bleus aurait eu besoin de plus de verticalité et de prise de décision créative plutôt que constructive. Payet est parfois descendu pour faire remonter un contre, mais il n’a jamais semblé capable de débloquer une situation complexe. Enfin, il faut souligner le rôle de Pogba dans la construction de ces attaques sur petits périmètres : quand les milieux offensifs français sont trop bien suivis par le triangle défensif suédois, c’est « la Pioche » qui vient apporter le surnombre et casser le marquage.

Sagna et Kurzawa : la droite vieille France et la gauche entreprenante

Ce thème création/construction permet également de comparer les rôles joués par les latéraux Sagna et Kurzawa, et espérer un changement d’ère. D’un côté, le jeu de Sagna parvient à lui seul à rappeler une époque où la France jouait sans mouvement. Deux pieds toujours disponibles pour la circulation de balle (vraiment toujours, c’est un grand mérite), mais qui ne semblent jamais essayer de gagner du terrain. Or, un latéral qui ne sait pas secouer son couloir, c’est comme un attaquant qui ne sait pas tirer. Lors de la première mi-temps, celle de la plus grande domination bleue, Sagna aura touché 59 ballons et réalisé 48 passes, pour zéro centre réussi sur cinq tentatives. De l’autre côté du terrain, Kurzawa semble interpréter son poste de façon différente : des appels dans le dos suédois, des débordements, bref, plus d’activité autour de la surface que dans le reste du terrain. Bilan : 20 passes sur 34 ballons touchés – plus d’initiatives individuelles, donc moins de construction – et deux centres réussis sur trois.

Deux pointes et un brassard

Devancé par les géants centraux suédois sur la majorité des centres français, Gignac n’a pas saisi son opportunité pour prendre de l’avance sur Giroud. Et sans la capacité à tisser du jeu de Benzema, les Bleus ont rarement trouvé des variantes aux centres et aux frappes lointaines (des exploits du duo Griezmann-Valbuena, surtout). À l’heure de jeu, Deschamps lance Sissoko à la place de Payet et la France se replace dans un schéma plus proche du 4-3-3. Sept minutes plus tard, DD demande à revoir la paire lyonnaise Benzema-Lacazette : Griezmann à droite, Lacazette à gauche. Une nouvelle occasion de voir qu’avec un deuxième attaquant, les Bleus ne parviennent à conserver la même intensité dans leur circulation de balle autour de la surface adverse que lorsque Benzema s’en va jouer à gauche, laissant l’axe à une pointe plus fixe. Néanmoins, cela serait complètement différent dans un contexte où la France aurait moins le ballon, et où Lacazette aurait plus d’espaces (ce qui n’arrivera pas d’ici 2016, d’après le calendrier prévu par la FFF).

Si le module ne semble pas changer les idées de jeu, il change le rôle de Paul Pogba. L’entrée de Sissoko – qui a apporté ces changements de rythme que Payet n’a pas donnés – a permis au Turinois de monter plus et mieux, mais le retour de Matuidi viendra à nouveau densifier la complexité de la question… À ses côtés, Guilavogui a rarement été mis à l’épreuve, que ce soit avec ou sans ballon. Quelques bonnes verticalisations et quelques erreurs, surtout sur son mauvais pied. Face à ces Vikings sans drakkar, il aurait peut-être été plus intéressant d’observer la gestion de la possession de Gonalons. Enfin, il faut noter que le brassard serré sur le bras de plus en plus imposant de Raphaël Varane aura vécu une grande soirée. Certaines carrières grandissent plus vite que d’autres.

Par Markus Kaufmann

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