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« Leeds ? Les gens sentent qu’il se passe quelque chose de spécial »

Propos recueillis par Clément Gavard
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Pas de repos en Angleterre, même en deuxième division. Après deux succès de dingo contre Blackburn (3-2) et Aston Villa (3-2), ainsi qu'une défaite face à Hull City (0-2), Leeds affronte Nottingham Forest pour lancer son année 2019 dans la peau du leader de Championship. Les années de galère ont laissé place depuis quelques mois à l'espoir provoqué par l'arrivée surprise de Marcelo Bielsa sur le banc. Le technicien argentin n'aura pas tardé à faire sa révolution et séduire son monde à Leeds, réveillant le rêve le plus fou des supporters des Peacocks : retrouver la Premier League quinze ans plus tard. Pour nous donner une idée de la température sur place, un journaliste local et un fan depuis 35 piges ont accepté de raconter la folie Bielsa à Leeds.

01/01/2019, 16:00
Championship – J26
Phil Hay : Journaliste, chef de la rubrique foot au Yorkshire Evening Post et chargé de couvrir Leeds United tout au long de la saison.
Mark Harrison : Fidèle supporter de Leeds United depuis 1984 et abonné à Elland Road.

Avant de perdre contre Hull City samedi (0-2), Leeds restait sur deux victoires décrochées à la dernière minute avec des scénarios dingues face à Aston Villa (3-2) et Blackburn (3-2). Comment expliquer cette folie ? Mark : C’était fantastique ces victoires ! Je n’étais pas au stade pour le match contre Aston Villa, mais face à Blackburn, il y avait des gens qui pleuraient après le troisième but ! Il y avait tellement d’émotions.

« La victoire contre Blackburn (3-2) ressemblait à quelques matchs qu’on a pu voir à Elland Road. »

Phil : On ne peut pas vraiment l’expliquer. La victoire contre Blackburn (3-2) ressemblait à quelques matchs qu’on a pu voir à Elland Road. On peut toutefois penser que Marcelo Bielsa a travaillé très dur pour améliorer la condition physique de ses joueurs durant l’été. Ils ont eu l’endurance et l’énergie nécessaires pour marquer des buts dans le temps additionnel. Mais c’est assez normal quand une équipe prend forme. Au final, Leeds méritait de battre Aston Villa et Blackburn.

Comment la nouvelle de l’arrivée de Bielsa avait-elle été reçue par les supporters et les observateurs à Leeds en juin dernier ? P : Sa signature a quasiment fait l’unanimité, ce qui est très rare dans ce club. Sa réputation parle pour lui, il suffit de constater l’admiration qu’il suscite parmi les entraîneurs et les joueurs dans l’élite. En fait, il y a eu la conviction qu’il pouvait provoquer un changement complet de culture dans un club qui végète en Championship depuis trop longtemps. M : Son arrivée, c’était une super nouvelle. Personnellement, je n’avais que vaguement entendu parler de lui avant qu’il ne signe à Leeds. Mais lorsque je me suis renseigné sur son histoire, j’ai rapidement compris que le club avait réalisé un grand coup.

Depuis Brian McDermott en 2013-2014, aucun coach n’est resté plus d’un an sur le banc de Leeds. Un homme aussi imprévisible que Bielsa aurait pu susciter quelques inquiétudes…

« C’est un entraîneur qu’il faut rendre heureux et dont les demandes doivent généralement être satisfaites. À chaque fois que c’est devenu chaud, comme à Bilbao ou Marseille, c’était parce qu’il n’était pas content de la direction. »

M : J’étais un peu inquiet au départ parce que notre propriétaire a l’habitude de ne pas beaucoup parler et ça aurait pu mal se passer. Mais après quelques mois, tout va bien et Bielsa a fait énormément progresser des joueurs moyens. P : Personnellement, je ne le vois pas comme quelqu’un de très volatile. Je pense qu’il a des exigences très élevées. C’est un entraîneur qu’il faut rendre heureux et dont les demandes doivent généralement être satisfaites. À chaque fois que c’est devenu chaud, comme à Bilbao ou Marseille, c’était parce qu’il n’était pas content de la direction. Leeds a travaillé très dur pour répondre à ses attentes et ses relations avec les dirigeants sont bonnes. Dans tous les cas, pour attirer un entraîneur de son talent, il faut bien prendre un petit risque.

Comment joue cette équipe sous Bielsa ? Quel est le système de jeu ? A-t-il déjà imposé son style à Leeds ? P : Il a posé sa patte dès le premier match de la saison ! Il va préférer aligner un 4-1-4-1 contre une équipe jouant avec une pointe et va plutôt opter pour un 3-3-1-3 face à une équipe avec deux attaquants. Sa tactique consiste à sortir proprement les ballons de derrière, prendre le contrôle et constamment attaquer. Tactiquement, c’est le coach le plus positif sur lequel je n’ai jamais écrit. Ce qui est intéressant, c’est que malgré une stratégie évidente, très peu d’équipes adverses parviennent à la contrer. M : C’est ça, nous jouons sur un tempo très élevé, l’équipe met beaucoup d’intensité à chaque match. Et surtout, nous avons toujours la possession du ballon, peu importe notre adversaire.

En France, on se souvient qu’il avait créé un enthousiasme général dans la ville. Comment Leeds vit cette nouvelle ère ?

« Il est humble, il ne fait pas tout pour attirer l’attention et je ne pense pas qu’il comprenne vraiment pourquoi les gens sont autant fascinés par lui. »

P : C’est déjà un personnage culte à Leeds ! D’abord en raison des résultats remarquables obtenus jusqu’à présent, puis aussi parce qu’il a une personnalité très décalée, tout en restant très accessible. Il est humble, il ne fait pas tout pour attirer l’attention et je ne pense pas qu’il comprenne vraiment pourquoi les gens sont autant fascinés par lui. Mais il a le potentiel pour rentrer dans l’histoire ici.

Les tribunes ont souvent été contestataires ces dernières années à Leeds. Comment Elland Road vit ce début de saison fantastique ? Est-ce que le stade fait le plein ? M : Depuis l’arrivée de Bielsa, il y a clairement un regain d’intérêt pour Leeds et c’est super pour le club ! Tous les matchs sont à guichets fermés, c’est vraiment top pour la ville. P : En général, il y a toujours du monde à Elland Road, que les résultats soient bons ou mauvais. C’est une ville très loyale qui compte un seul club professionnel, les supporters seront toujours derrière Leeds. Mais c’est vrai que le stade est souvent à guichets fermés cette saison et si le club monte en Premier League, les billets vont devenir rares. Les gens sentent qu’il se passe quelque chose de spécial cette année.

Leeds n’a pas forcément une bonne réputation en Angleterre. Est-ce que les médias nationaux parlent davantage du club depuis l’arrivée de Bielsa ?

« Les observateurs du foot en Angleterre complimentent beaucoup plus l’équipe. En revanche, les fans des autres clubs détestent toujours autant Leeds, ça n’a pas changé. »

P : Bielsa génère beaucoup de commentaires, mais pas seulement en Angleterre. Par exemple, j’ai été contacté par des journalistes de France, d’Allemagne, de Scandinavie, du Chili, d’Argentine, du Mexique et de nombreux autre pays. Ils veulent tous écrire à son sujet. Je pense qu’aucun autre entraîneur en dehors de la Premier League n’attirerait autant l’attention internationale. M : Je pense que l’image renvoyée par Leeds s’est légèrement améliorée depuis quelques mois. Les observateurs du foot en Angleterre complimentent beaucoup plus l’équipe. En revanche, les fans des autres clubs détestent toujours autant Leeds, ça n’a pas changé.

Le club n’a pas connu la Premier League depuis 2004. Bielsa a-t-il redonné l’espoir de retrouver l’élite ou n’avait-il jamais disparu ? P : Il y a une grande vague d’optimisme cette saison ! Elle est déjà bien entamée, Leeds est en tête et ils ont sûrement les capacités pour y rester. Bielsa apparaît comme un coach avec suffisamment de tempérament et d’audace pour porter Leeds vers le succès. Autrement dit, ils n’auront probablement jamais une meilleure chance que celle-ci.M : De mon côté, je suis plutôt optimiste. Je pense qu’on va enfin remonter en Premier League cette année. Mais il y a encore beaucoup de supporters qui ne veulent pas penser à une éventuelle promotion, tant ce serait incroyable et improbable.

On a récemment appris que Bielsa avait installé une cuisine et un lit au centre d’entraînement. Est-ce qu’il a pu déjà révolutionner certaines choses au club dans la manière de travailler ?

« Une des choses que j’ai trouvé la plus intéressante, c’est son obsession pour la condition physique de ses joueurs. Ils ont presque tous perdu du poids et de la graisse corporelle. »

M : C’est le mot, c’est absolument révolutionnaire ! Bielsa s’est rendu compte qu’un fan devait bosser environ 3 heures pour se payer un ticket et aller au stade voir un match. Par conséquent, il a décidé d’obliger les joueurs à ramasser leurs déchets sur le terrain d’entraînement pendant 3 heures pour leur montrer ce que c’était. Ce que j’aime aussi, c’est son attitude en conférence de presse. Il ne va jamais prendre le crédit d’une victoire pour lui tout seul, il est vraiment très humble. P : Une des choses que j’ai trouvé la plus intéressante, c’est son obsession pour la condition physique de ses joueurs. Ils ont presque tous perdu du poids et de la graisse corporelle. Jamal Blackman (le gardien prêté par Chelsea cet été, ndlr) a quasiment perdu 12 kilos. La forme physique est essentielle pour pouvoir jouer le football que Bielsa aime. Il fait aussi énormément d’analyses vidéo, en particulier la veille des matchs où il parle individuellement aux joueurs. Et il y a bien sûr cette histoire des déchets ramassés au centre d’entraînement.

Le gros travail physique demandé par Bielsa provoque parfois un effondrement dans les derniers mois d’une saison. Est-ce que cette crainte existe dans un championnat où il y a 46 journées à disputer ? M : C’est vrai que ça m’inquiète un peu. Le Championship est un championnat très exigeant physiquement, mais jusqu’ici tout va bien pour Leeds. J’espère que nous allons recruter deux ou trois joueurs en janvier pour que certains puissent souffler. P : Pour l’instant, il n’y aucun signe d’épuisement. Rien ne laisse penser qu’un effondrement puisse arriver. Cela ne veut pas dire que ça ne se produira pas ! Mais Leeds a déjà une belle avance et il faudrait une vraie catastrophe pour terminer en dehors du top 6.

Propos recueillis par Clément Gavard

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