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Le Red Hot Chili fait peur
Outsider annoncé, le Chili d'Alexis Sanchez espère surfer sur la vague de 2010 pour écrire une première ligne sur son palmarès. Une idée pas si folle que ça.
La Roja. Un sobriquet difficile à porter pour une comparaison difficile à assumer. Pourtant, au petit jeu du « qui est l’ancien ? » , la Roja old school n’est pas celle que l’on croit. En 1895, 87 ans après l’émancipation du Chili de la domination espagnole, est née la fédération chilienne de football. 25 ans plus tard, la fédération espagnole de football voit le jour. Près d’un siècle plus tard, Xavi, Iniesta & Co sont lauréats d’une Coupe du Monde marquée de l’empreinte du Chili de Marcelo Bielsa. L’autre Roja s’est fait un nom en Afrique du Sud. Avant de se bâtir un palmarès en Argentine ?
Suspects numéro 1
Copa America, coupe de l’inconnu. Alors que les épouvantails argentins et brésiliens espèrent, comme un Christophe Colomb en 1492, ramasser le jackpot au petit bonheur la chance, l’outsider chilien possède de nombreux arguments à faire valoir. La belle histoire a débuté l’été dernier en Afrique du Sud. Poussé par le vent de la réussite, le voilier chilien s’amarre dans un groupe H où seule l’Espagne fait figure de favori. Les coéquipiers d’Alexis Sanchez, qui devront également croiser le fer avec le Honduras et la Suisse, apparaissent dès lors comme des candidats légitimes à la seconde place.
C’est bien connu, la chance sourit aux audacieux. L’audace, c’est très certainement ce qui à permis au Chili d’être la sensation de ce début de Coupe du Monde. Après des premiers matches relativement pauvres en spectacle, les Chiliens de Bielsa entament la compétition face au Honduras. Tout le monde se prend au jeu. Ce Chili est une véritable équipe de barjots, obnubilée par l’attaque, le mouvement et la vitesse. Contre-attaques à 2000 à l’heure, dribbles chaloupés, jeu en une touche de balle. En matière de divertissement, le Chili est le véritable blockbuster du Mondial. Plus qu’un coup de bol, ce résultat est le fruit d’un travail de formation et d’une source intarissable de talent offensif.
Attaquants stars & défenseurs de l’ombre
Vidal, Suazo, Beausejour, Valdivia, Mati Fernandez, Alexis Sanchez… Offensivement, le Chili cru 2011 est l’un des meilleurs du continent. L’Europe du football se bat pour Alexis Sanchez, qui devrait, sauf surprise, être l’un des hommes de cette Copa America. En retrait médiatiquement, mais jamais dans l’ombre sur le pré, les compagnons de l’étoile montante de l’Udinese constituent autant de menaces pour les défenses adverses. Malins, les Chiliens, sûrs de leurs forces offensives, monopolisent la gonfle pour ne pas avoir à défendre. Pourtant, si les observateurs sont moins élogieux lorsqu’ils parlent de la défense chilienne, les chiffres parlent pour elle. Jara, Contreras, Isla, Ponce, les noms ne frappent pas, mais depuis son élimination en huitième de finale de la Coupe du Monde face au Brésil, la défense chilienne n’a encaissé que deux buts en huit matches. Même en jouant en 3-4-3…
Bielsa dans le sang
« Je veux vous annoncer que j’ai décidé de démissionner de mon poste de sélectionneur de l’équipe nationale chilienne » . L’annonce de Marcelo Bielsa, le 5 février 2011, a l’effet d’une bombe. En conflit avec la fédération chilienne de football et son nouveau président Sergio Jadue, l’entraîneur argentin, prophète en sa terre d’accueil depuis la qualification au mondial (une première depuis 1998), se tire. Le poste est vacant, Bielsa au chômage, mais la philosophie d’ « El Loco » définitivement ancrée dans le patrimoine tactique des internationaux chiliens. C’est d’ailleurs un autre Argentin, Claudio Borghi, qui hérite du bébé de Bielsa. Un rejeton dont le père adoptif prendra soin. Un 4-3-3 par-ci, un 4-4-2 par-là, mais surtout un retour du 3-4-3 hyper-offensif cher à Bielsa. Moins populaire que son prédécesseur, Borghi se montre toutefois irréprochable. Depuis sa prise de fonction, les résultats parlent pour lui. Deux victoires et deux matches nuls, sept buts inscrits, un encaissé, donc un succès important (2-0) en amical face à la Colombie, véritable rival du Chili pour le statut d’outsider légitime. Un sélectionneur et une équipe en confiance, donc, avant d’aborder un premier tour difficile où le Mexique, l’Uruguay et le Pérou se dresseront en face des Rouges.
La lose dans la peau
Car personne ne s’y trompe. Le Chili fait peur, le Chili est séduisant, mais le Chili est aussi et surtout un éternel outsider. Corrigés 6-1 en quart de finale par le Brésil en 2007, les Chiliens sont irréguliers en Copa America. Quatre fois finalistes (1955, 1956, 1979 et 1987), ils ont également connu de nombreuses éliminations au premier tour. Même le duo Marcello Salas – Ivan Zamorano échoue en demi-finale, en 1999, face à l’Uruguay. En liesse après la qualification de sa sélection pour les huitièmes de finale de la Coupe du Monde, la ville de Santiago espère bien écrire une première ligne sur le palmarès vierge d’une sélection bourrée de talent. Bien jouer est une chose, gagner en est une autre. Pour exaucer les vœux de près de 17 millions de Chiliens, cette Roja devrait songer à s’inspirer de l’autre.
Swann Borsellino
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