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Le Milan entrevoit le bout du tunnel

Les Rossoneri sortiraient-ils enfin de la galère dans laquelle ils se sont englués depuis quelques années ? Possible, même s’il y a encore du boulot.
Il y a pile une moitié de championnat, le Milan se faisait humilier 4-0 à San Siro par le Napoli. Une fois encore, le club aux sept Ligue des champions semblait toucher le fond. Une triste habitude depuis plus de deux ans. Après cette quatrième défaite en sept journées, l’énième révolution estivale (effectif et banc de touche) se dirigeait inexorablement vers un nouvel échec prématuré. C’est finalement tout l’inverse qui s’est produit. Depuis cette lourde défaite, les Rossoneri ne se sont inclinés qu’en deux autres occasions, chez la Juventus et contre Bologne à la maison, soit les deux équipes les plus en forme sur ces trois derniers mois avec le Napoli. La mayonnaise a donc pris et l’objectif de la troisième place, synonyme de barrages pour la Ligue des champions, n’est plus une chimère.
Une équipe type qui se dessine
Sans Europe pour la seconde année d’affilée, le Milan n’avait qu’un objectif en tête : le championnat. La coupe ? Des matchs d’entraînement face à des équipes de divisions inférieures (Crotone, Alessandria) ou mal classées en Serie A (Sampdoria et Carpi). Patiemment, Mihajlović s’est essayé à plusieurs schémas de jeu, 4-3-1-2 vite abandonné, 4-3-3 puis 4-4-2. Une tactique presque has-been, mais qui permet de bien quadriller le terrain et offrir des repères à une équipe qui en manquait. Restait alors à mettre les bons hommes à la bonne place.
Quelques choix couillus et payants, Donnarumma dans la boîte, le vieillissant Alex aux côtés de Romagnoli, Niang en duo avec Bacca. Et des ballottages qui ont définitivement penché dans un sens. Sur les côtés, Antonelli et Abate ont pris le dessus sur Calabria et De Sciglio. Au milieu, Montolivo a définitivement abandonné ses ambitions de vice-Pirlo pour se muer, chiffres en mains, en meilleur récupérateur de ballons du championnat. Sur les ailes, Bonaventura et Honda combinent sens du sacrifice à véritable justesse technique. Sinisa ne se permet qu’un doute avant chaque rencontre, les muscles de Kucka ou le phosphore de Bertolacci pour épauler son capitaine. Basique mais solidaire. Stéréotypé mais efficace. Bref, du Mihajlović.
Un avenir qui s’efface
Et c’est là que le bât blesse. malgré une bonne série qui a ramené le Milan à 6 points de son objectif (avant cette 26e journée de championnat), le Serbe est loin d’avoir persuadé son employeur. À chaque occasion, sourire aux lèvres, Berlusconi en profite pour lui mettre un petit taquet, encore samedi : « Mihajlović doit convaincre tout le monde, moi y compris. Il a une seule façon pour le faire, gagner toutes les rencontres jusqu’à la fin du championnat. » Et pas certain qu’un tel exploit soit suffisant pour être confirmé la saison prochaine.
Son 4-4-2 scolaire manque de folie, d’imprévisibilité, tout simplement de « Berlusconisme » .
Totalement déconnecté de la réalité (ah, la vieillesse), le Cavalier continue de placer la barre trop haut, parlant même de « deux finales de Ligue des champions sur les cinq prochaines années » . Sinisa écoute d’une oreille, évite le clash et trace sa route, guidé par le pragmatisme qui a toujours distingué sa carrière de coach. Pas un grand tacticien, mais un excellent motivateur dont les critiques publiques à l’encontre de plusieurs de ses joueurs ont eu l’effet escompté. Une méthode efficace pour réintégrer un top 5 italien, mais trop rudimentaire pour prétendre à mieux.
Des regrets en filigrane
Sept matchs sans défaite, du jamais-vu depuis avril 2013, une place en Ligue Europa quasiment assurée (via la Coupe et le championnat), et pourtant, les regrets ne manquent pas au moment de faire les comptes. Arithmétiques d’abord avec des nuls contre le Hellas, Carpi ou encore l’Udinese il y a deux semaines, six points de perdus qui pèsent lourd dans la balance. Économiques, ensuite. Quoi qu’on en dise, le Milan a réussi son mercato estival. Les grosses sommes investies pour Bacca et Romagnoli en valaient la peine, celle pour Bertolacci un peu moins, mais il n’est pas encore trop tard pour que le Romain s’affirme.
En revanche, la direction continue de se distinguer par sa confusion. Les prolongations de contrat in extremis de De Jong et Mexès se sont révélées totalement inutiles, le premier a filé en MLS, le second est le dernier choix. Le retour de Balotelli est évidemment un flop, d’ailleurs Mihajlović a failli le marbrer plusieurs fois. Enfin, la vente avortée de Luiz Adriano à un club chinois est une belle opportunité de perdue pour renflouer les caisses, surtout au regard de la soudaine générosité de l’Empire du milieu. Plutôt que de s’acharner sur son coach, Berlusconi ferait mieux de remettre en question Adriano Galliani, son fidèle bras droit, ou de conclure les négociations infinies pour la vente de 48% des parts du club. De fait, la sensation est toujours la même : le Milan est pris en otage par ceux qui en ont fait le plus grand club de ces 30 dernières années.
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