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Le match que vous n’avez pas regardé : Thai Port FC-Chonburi

Par Florian Lefèvre, à Bangkok
Le match que vous n’avez pas regardé : Thai Port FC-Chonburi

Au sein de la Thai League 1, on ne s’embarrasse pas avec le repli défensif et la science tactique. Tous à l’attaque ! Pour un spectacle au goût de la nourriture locale : épicé. C’est le match que vous n’avez pas regardé, la semaine dernière à Bangkok.

Thai Port FC 5-0 Chonburi

Buts : Bošković (29e, 73e sp.), Sung-Hwan (58e), Prempak (83e) et Phala (90e)

Dans les allés puantes du marché de Khlong Toei, un quartier sud du centre de Bangkok, les poulets en batterie gigotent dans leur minuscule cage. On a connu mieux pour ouvrir l’appétit. Et pourtant, de l’autre côté de la rue Sunthon Kosa, les supporters habillés en bleu et orange ont garé leur scooter et se pètent le bide de frites, brochettes, sushis… On trouve de tout sur les stands qui mènent au Pat Stadium, le stade du Thai Port FC. C’est l’avant-dernière journée du championnat de Thaïlande, les Port Lions (4es avant le coup d’envoi) reçoivent les Sharks de Chonburi (7es) avec en ligne de mire une place en tour préliminaire de la prochaine Ligue des champions asiatique. Miam.

Fondé en 1967 par le directeur de l’Autorité portuaire de Thaïlande, Port FC réalise sa meilleure saison depuis 2010 après avoir fait l’ascenseur entre la première et la deuxième division. Malgré l’enjeu, ce mercredi 3 octobre, le Pat Stadium est clairsemé. « C’est parce que les gens travaillent. D’habitude, le week-end, on est au moins 7000 » , note Jumichi, 50 ans, maillot bleu à rayures orange comme la plupart des supporters. Ce Japonais expatrié à Bangkok depuis dix ans, qui travaille dans une boîte fabricant des produits chimiques, vient autant pour kiffer le match que « discuter avec les gens d’ici » . Parmi les six clubs situés dans la région de Bangkok évoluant dans l’élite, Port FC est le seul basé au cœur de la capitale au trafic routier continuellement saturé. Et il attire donc les expatriés comme Jumichi, ou ce Français, à la dégaine de conseiller Caisse d’Epargne, qui mouille sa chemise au milieu du kop dans une ambiance familiale.

Le roi et le prince espagnol

En Thaïlande, le portrait du roi Rama X – « mon roi » comme l’appelle les Thaïlandais – est partout. Même en énorme derrière l’une des cages du Pat Stadium. À l’heure d’entonner l’hymne national comme avant chaque match, tous les spectateurs se tournent vers Sa Majesté. Ensuite, les joueurs prennent la pose en équipe devant les photographes, se réunissent en cercle, saluent les supporters des deux équipes et se retrouvent à nouveau en cercle au milieu du terrain. Le coup d’envoi est même donné après que chacun a tapé la main de tous ses adversaires. Une bonne dizaine de minutes plus tard, les tribunes se sont finalement bien remplies. Résultat : le capo est enfin suivi par la tribune qui chante au rythme de trois énormes tambours tenus par les plus jeunes.

Avant le match, Peter avait beau avoir le mauvais goût de s’enfiler une bière avec glaçons, il avait vu juste : « Le meilleur joueur, c’est Suárez. » Pas Luis, mais Sergio Suárez, un ancien de Las Palmas qui régale le championnat thaïlandais depuis quatre saisons. Milieu à tout faire, l’Espagnol n’aime rien plus que de prendre à contre-pied son vis-à-vis sur son premier contrôle, se retrouver dos au jeu, et lancer en profondeur un attaquant, de préférence le Monténégrin Dragan Bošković.(1) Et sa spéciale paye au bout de presque une demi-heure de jeu quand le gardien adverse part la fleur au fusil hors de sa surface, comme ça lui arrivera beaucoup trop souvent durant la rencontre – à lui, et son homologue de Port FC. À la mi-temps, Chonburi s’en tire seulement avec un but de retard. Suárez a marqué un but signalé hors jeu, qui aura valu au speaker de se faire chambrer par le public quand celui-ci vociféra « goal, goal, goal !!! » pour rien.

Quatre attaquants face au gardien et zéro défenseur

Puisque le style du foot thaïlandais, c’est tout pour l’attaque avec des latéraux ultras-offensifs et des boulevards systématiques derrière les défenses, et puisque les occasions s’enchaînent à la pelle, les buts vont bien finir par se succéder. Sur un centre venu de la droite, le Sud-Coréen Kim Sung-hwan place sa tête et double la mise en faveur des locaux. Un quart d’heure plus tard, le nouvel entrant Bodin Phala fout la pagaille dans la surface, se fait crocheter : Bošković s’offre un doublé sur penalty. 3-0 pour Port FC, les supporters se marrent. Ironiquement, ils applaudissent même le carton rouge adressé à Kritsada Kaman, un défenseur de Chonburi sanctionné d’un mauvais réflexe de la main.

Et puisque le slogan « Never Stop » s’affiche en gros caractère derrière les tribunes du Pat Stadium, les Lions continuent de dévorer du requin. Kritsada Kaman claque un coup franc direct. Et ce n’est pas fini… À la 90e, Bodin Phala conclut un contre. À quatre face au gardien démuni. Tranquillement. 5-0, score final. Ça méritait bien une danse « grecque » en tribune.

Un clapping lancé par la présidente

Comme le veut le rituel, les joueurs des deux équipes se saluent, puis saluent tour à tour les supporters de leur adversaire et leurs fans. Mieux, les vainqueurs prennent plusieurs minutes à applaudir chaque tribune. D’ailleurs, au milieu des shorts transpirants figure un pantalon jaune pétard. C’est celui de Nualphan Lamsam, la propriétaire du club qui a fait fortune dans les assurances, nous renseigne Jumichi, le supporter japonais. Une femme de 52 ans – qui en fait vingt de moins – qui serre les poings, tape dans les mains des joueurs et lance même le clapping de la victoire avec le kop de la tribune latérale. Mais ce qu’elle ne sait pas, c’est que dans le même temps, l’adversaire direct de Port FC, Muang Thong United, est revenu à 5-5 contre Pattaya United après avoir été mené 1-4 à domicile. Sans conséquences, finalement : quatre jours plus tard, à l’issue de la dernière journée, ce sont bien les Lions de Port FC qui attrapent la troisième place du classement qualificative pour la Ligue des champions asiatique (2).

Dans cet article :
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Par Florian Lefèvre, à Bangkok

(1) Chaque club de la Thai League 1 a droit à un quota de cinq joueurs étrangers (dont au moins un issu de la confédération asiatique) dans son effectif.

(2) Toutefois, pour que Port FC obtienne son ticket, encore faut-il que le champion Buriram remporte la finale de la Coupe de Thaïlande face à Chiangrai United.

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