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Le drôle de mardi de Gianluigi Buffon

Par Éric Maggiori
Le drôle de mardi de Gianluigi Buffon

Gigi Buffon a passé un drôle de mardi soir. Remplaçant, il a d'abord assisté à la victoire du PSG à Dijon (0-4), puis a supporté la Juventus face à l'Atlético de Madrid. Voilà exactement à quoi sa soirée a (sans doute) ressemblé. À quelques détails de fiction près.

20h51. Jérome Miguelgorry souffle trois fois dans son sifflet et met un terme à la balade parisienne. Le PSG s’impose 4-0 à Dijon, six jours après avoir été éliminé de la Ligue des champions par Manchester United. À peine les coups de sifflet ont-ils retenti que Gianluigi Buffon se lève frénétiquement de son banc. Le portier italien applaudit ses coéquipiers pour la forme, offre une accolade à Alphonse Areola, le félicite pour son clean sheet ( « bravo, face à Benjamin Jeannot, c’est une sacrée perf » ), et file aux vestiaires. Pour Gigi, le vrai match de la soirée n’est pas au stade Gaston-Gérard. Plus rapide pour marcher dans les couloirs que pour plonger sur un coup franc de Florent Mollet, Gigi pousse chaque porte qu’il croise, espérant trouver un peu de calme. Finalement, c’est bien dans un vestiaire parisien quasi amorphe que Gigi trouve son havre de paix. Pendant que Kylian Mbappé sort son cahier d’école Clairefontaine pour noter les détails de son 54e but en Ligue 1, Buffon, lui, dégaine un ordinateur Acer de son sac. 20h58 : c’est parti pour la recherche d’un streaming de qualité. 21h06, après avoir frôlé cinq virus, évité deux pop-up qui promettaient « les filles les plus chaudes de Bourgogne » et refusé de construire son propre village médiéval, Gigi trouve enfin un streaming décent de ce Juventus-Atlético. Avec les commentaires en russe, évidemment.

Silence dans le bus

« Giorgio ! » Un premier cri résonne dans le vestiaire parisien. Gigi serre le poing très fort, mais sa joie est de courte durée : le but de Chiellini est annulé par monsieur Kuipers à la suite d’une charge de Ronaldo sur Oblak. « Cet arbitre a un sac poubelle à la place du cœur ! Si Ronaldo avait fait cette même faute avec le maillot du Real Madrid, le but aurait été validé » , confie Buffon, encore amer, à un Layvin Kurzawa qui ne comprend pas un mot d’italien, mais qui hoche la tête en signe de compassion. 27e minute. Sur un centre de Bernardeschi, CR7 ouvre le score de la tête. « E andiamo Cri’ ! » s’exclame le portier, interrompant ainsi la causerie d’après-match de Thomas Tuchel, qui n’ose pas contredire la joie de son gardien, si morose depuis mercredi dernier. À la mi-temps, la Juve mène donc 1-0. Il est 21h45, les joueurs du PSG ont terminé leur douche, répondu à quelques questions des journalistes, Mbappé a fini de dessiner un croquis de son but dans son cahier Clairefontaine, et le bus est prêt à démarrer.

Gigi profite du quart d’heure de pause pour s’en griller une petite devant le car avec Marco Verratti. L’occasion de parler de l’institution Juve, et du mariage raté entre Marco et la Vieille Dame, à l’été 2012. « Tu imagines ? Si tu avais signé là-bas, tu aurais joué avec Pirlo, Pogba, Dybala, Ronaldo, tu aurais fait deux finales de Ligue des champions, tu n’aurais pas connu les remontadas et tu n’aurais pris aucun carton rouge, car les arbitres auraient compris ce que tu baragouines » , explique, philosophe, le beau quadragénaire. Gigi et Marco écrasent leur clope et montent dans le bus où, là encore, le silence règne. Kimpembe est déjà installé et a caché ses mains dans le dos, de peur qu’elles ne touchent encore quelque chose, Choupo a allumé Flashresultats pour suivre le score de ses potes de Schalke, et Thilo Kehrer, complètement parano depuis une semaine, n’arrête pas de regarder derrière lui.

Stylo plume, penalty et pancarte

22h04. Le match reprend à Turin, mais pas le streaming de Gigi. Dans le bus, la 4G est aussi capricieuse qu’Adrien Rabiot, et le portier galère. Ça lague, ça coupe, et Gigi est tenté de suivre le match uniquement sur le chat à côté du streaming. Mais les trois premiers messages qu’il lit (« RONALDO PUTA VIVA MESSI FROM COLOMBIA » / « RUBENTUS RUBENTUS » / « EARN MONEY BY CLICKING ADS***7$ PER CLICK« ) l’en dissuadent. Christopher Nkunku débarque à son secours, et lui propose un partage de connexion. Bingo. Le streaming repart. Mais là, hurlement immédiat : « Due a zero ?? » Gigi a raté le deuxième but de Ronaldo, inscrit à la 49e minute et validé par la goal-line technology. Dans les minutes qui suivent, Gigi se met dans sa bulle. À côté de lui, Kyky est en train d’écrire au stylo plume dans son cahier Clairefontaine : « Et à l’été 2020, je signe à la Juventus. » Gigi regarde ça du coin de l’œil, et Kylian, tout gêné, rature cette dernière phrase avant de la faire disparaître avec un bel effaceur Reynolds. Buffon se replonge dans son match. Les minutes passent et les kilomètres avec.

84e minute. Bernardeschi est bousculé dans la surface par Correa. Penalty. Gigi reste muet. Trop de sentiments s’entrechoquent au moment où il voit Cristiano Ronaldo s’avancer au point de penalty. Il revoit le péno concédé à Madrid l’an dernier, la crise de nerfs, le carton rouge, l’arbitre, Ronaldo torse nu. Une partie de lui voudrait que Ronaldo le rate. Pour l’histoire, pour ne pas se dire qu’il est le chat noir et qu’il va rater la plus grande remontada de l’histoire de la Juve. Une autre voudrait qu’il le mette. Pour la Juve. Pour le maillot. Pour le blason. Cristiano transforme, l’Allianz Stadium explose et la Juventus se qualifie. Apaisé, Gigi ferme les yeux et s’imagine à Turin, dans les bras d’Andrea Agnelli et de Pavel Nedvěd, en train de célébrer ce triomphe. Une petite larme d’émotion coule sur sa joue droite. Quelques secondes s’écoulent, et Gigi rouvre les yeux, doucement. Sur son portable, un message s’affiche : « Mais pourquoi on est partis ?? » Il est signé Claudio Marchisio. Gigi regarde à travers la vitre du bus et aperçoit, au loin, une pancarte bleue qui récite : « A6 / CORBEILLE-ESSONNES / EVRY ». Que la vie peut être moqueuse.

Ceci est peut-être une fiction. Toute ressemblance avec des faits réels et avérés serait peut-être fortuite.

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