Le casse tête Anelka

Cantonné dans le couloir droit du 4-2-3-1 désormais immuable de Raymond Domenech, Nicolas Anelka a fait plus que le job samedi soir à Croke Park, puisqu’il est pour l’instant l’auteur du but qui envoie les Bleus en Afrique du Sud. A force, le natif des Yvelines commence à être habitué à ce rôle pourtant inhabituel de piston latéral. C’est Guus Hiddink qui, à Chelsea, avait commencé à l’exiler sur l’aile pour rééquilibrer une équipe devenue bancale sous Scolari. Depuis la blessure de Ribéry, Domenech a lui aussi décidé de lui confier l’animation du flanc droit des Bleus. Pourtant, Nico n’a jamais été et ne sera jamais un ailier. Ne courir vite ne suffit pas à être un bon mangeur de craie, et il reste un centreur très moyen. Sur ce point, il n’est pas aidé par son style de jeu puisque lui-même, lorsqu’il joue en pointe, a pour habitude d’être servi beaucoup plus souvent dans la verticalité que sur des centres. Il n’a donc pas cette culture du « bon centre » .

Cependant, le numéro 39 de Chelsea a prouvé à Dublin qu’il était mieux qu’une solution de rechange. Si bien qu’aujourd’hui il fait indéniablement partie des cadres de l’Equipe de France. Stat intéressante, à chaque fois qu’Anelka a marqué en bleu, l’Equipe de France l’a emporté. En est-il pour autant un titulaire indiscutable ? La réponse est non. Il ne doit sa place de titulaire actuelle qu’à la blessure de Ribéry. Et un véritable casse tête risque de s’offrir au sélectionneur national lorsque l’ailier du Bayern sera remis sur pied. Où faire jouer Anelka ? Les quatre poste offensifs des Bleus ne sont plus à pourvoir. Dans la tête de Domenech, c’est Gignac l’avant-centre, et Anelka, malgré une activité supérieure, reste un moins bon finisseur que le Toulousain ou Karim Benzema.

Et il apparaît peu probable que Domenech se risque à changer un système que les joueurs commencent à connaître, a fortiori si le 4-5-1 nous qualifie pour le mondial. Et s’il fallait passer en 4-4-2, le poste de deuxième attaquant reviendrait automatiquement à Thierry Henry, indéboulonnable compte tenu de son statut de capitaine. Anelka, qui a profité des blessures de X ou Y pour devenir un membre éminent de la campagne éliminatoire des tricolores, ne fait à première vue pas partie de l’équipe type de Domenech, et risque donc de se contenter d’un statut de doublure de luxe lors du prochain Mondial – si toutefois l’EdF s’y rend. Mais au final, ce n’est pas si mal pour un joueur qui a déjà raté trois Coupes du Monde.