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Le cas Hernandez

Par Maxime Brigand
Le cas Hernandez

Appelé pour la première fois à 22 ans chez les Bleus, Lucas Hernandez est un cas symbole du bordel de la réglementation du foot de sélections. Son entourage l'assure pourtant : le défenseur de l'Atlético a toujours voulu jouer pour la France.

En espagnol, en français, dans un couloir ou au fond d’un canapé, face caméra, on a fini par s’y habituer : Lucas Hernandez, 22 piges dont quatre à rouler dans le circuit professionnel, est un jongleur doublé d’un équilibriste. En arrivant à Clairefontaine lundi, le frère de Theo et fils de Jean-François (avec qui les deux fistons n’ont plus de contacts depuis le divorce des parents) a donc évidemment repris ses quilles pour dissiper le flou spectaculaire qui entoure son cas depuis maintenant plusieurs mois. Dans la pastille réservée aux nouveaux par la FFF, le défenseur de l’Atlético a alors dit : « Le maillot de l’équipe de France, ça représente tout, c’est quelque chose dont tu rêves quand tu es petit. Tu rêves de porter ce maillot, de pouvoir le défendre. Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir défendre le maillot des Bleus au plus haut niveau. »

Là, on retourne le nouveau produit et on se rappelle la face B, notamment des mots lâchés le 3 mars dernier à la télé espagnole, quelques heures avant un Barça-Atlético (1-0) : « L’Espagne m’a tout donné, et je serais ravi d’obtenir la nationalité du pays, car je me considère plus espagnol que français. Qu’est-ce que je peux te dire ? Je parle mieux espagnol que français. Ça veut tout dire… » En réalité, tout et rien dire, comme depuis l’ouverture du dossier : un festival de vestes retournées.

« Il ne cogne pas à la porte, il l’ouvre »

Là aussi, depuis le temps, on a fini par s’y habituer : le foot de sélections peut parfois être un piège, une place pour saltimbanques où il n’est pas rare de croiser grandes manœuvres et chouettes perversions. Le cas de Lucas Hernandez n’est pas isolé et le dépasse, c’est une certitude. Patrick Gonfalone, l’actuel sélectionneur des U17 tricolores et qui a eu un temps le flacon Hernandez entre les mains, ne dit pas autre chose : « Le problème, c’est la réglementation. J’estime qu’à 18 ans, le joueur devrait choisir, ce serait plus simple pour tout le monde et ça éviterait d’attendre de voir quel sélectionneur l’appelera en premier avec toute l’incertitude que cela entretient. J’ai des joueurs qui me parlent de cette pression liée à l’origine, à la famille, à la pression de l’éventuel pays formateur, ce n’est pas simple à gérer et il faut se mettre à la place du joueur en question. » Le joueur en question, là, est un sacré numéro : quatre saisons de Liga dans les pattes avec l’Atlético, club qu’il a rejoint en 2007 en même temps que son frère, aujourd’hui au Real (Lucas s’est d’ailleurs fait remarquer lors de l’essai de Theo) et un mec en qui Diego Simeone a toujours cru. Cette saison, cela se raconte en nombre de titularisations en championnat d’Espagne (17) et en Europe (trois en C1, deux en C3) alors qu’il ne devrait plus bouger du onze jusqu’au printemps à la suite de la fracture du péroné de Filipe Luís.

C’est quoi le secret ? « Il rend les choix de l’entraîneur très difficiles, répondait Simeone à L’Équipe Magazine en décembre. Lucas est un joueur qui ne frappe pas à la porte, mais qui l’ouvre carrément. C’est à moi de trouver des solutions pour qu’il puisse jouer.(…)Il a une bonne sortie de balle, il est rapide, il sert très bien son vis-à-vis. Il est amené à devenir l’un des meilleurs défenseurs axiaux d’Europe. » Gonfalone parle aussi d’un joueur facile à vivre, avec « un accent très léger » , qui amène de la « fraîcheur dans un groupe » . « La première fois que je l’avais pris, je l’avais fait jouer dans l’axe gauche, en U16, contre l’Italie, poursuit-il. Il avait une bonne vivacité, une bonne relance, mais je sentais bien que pour un défenseur central, il n’était pas encore assez costaud. Je l’ai fait revenir en U17 et je l’ai essayé en latéral. Il n’a plus jamais quitté le poste. » Au point d’exploser ensuite en club – il suffit de se repasser son match face au Real (0-0) en novembre dernier pour être convaincu par le bonhomme – et chez les petits Bleus, avec qui il disputa notamment une demi-finale d’Euro U19 face à l’Espagne (0-2) en 2015.

Justice et piège moderne

Trop simple ? Assurément. Didier Deschamps hésitant, Julian Lopetegui, son semblable espagnol, a tenté sa chance et soulevé sa jupe en décembre dernier. Ce à quoi Lucas Hernandez, arrivé très tôt en Espagne, formé en Espagne, élevé en Espagne, éduqué en Espagne, a répondu un mois plus tard : « Comme vous le savez, je suis français et j’ai un passeport français. Mais bon, on est en train de regarder, c’est entre les mains des avocats, et il faut rester tranquille. » Attendre, en d’autres termes, notamment la justice, le nouvel appelé restant sous le coup d’une peine d’un an de prison pour non-respect de l’injonction d’éloignement qui touche son couple après une violente dispute, et ce, malgré le fait qu’ils attendent tous les deux la naissance de leur premier enfant, situation qui a sans doute retardé ses démarches administratives. Interrogé jeudi dernier, Didier Deschamps, qui l’a retenu pour l’aligner à gauche, s’est alors élevé pour planter les suspicieux : « Ne vous inquiétez pas, il est très content de venir avec nous. » Ce qu’il faut croire et mesurer en se retournant sur le passé d’un joueur dont le premier président de club, Enrique Vedia au Rayo Majadahonda, devait participer aux frais scolaires pour aider une famille déchirée, dont le père semble avoir depuis ouvert une boutique en Thaïlande avant de ne plus donner signe de vie depuis plusieurs mois et dont le frère pourrait un jour suivre la trace. Avec le même casse-tête à résoudre : celui de la sélection, piège moderne, là où la première cape internationale de Lucas Hernandez – amicale, donc – ne suffirait pas à sécuriser son avenir chez les Bleus. Ce n’est qu’une première quille lancée.

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Par Maxime Brigand

Propos de Patrick Gonfalone recueillis par MB.

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