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« La vie de Marinette Pichon, c’est du petit lait pour une réalisatrice »

Propos recueillis par Tara Britton
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Qui d’autre que Marinette Pichon pour le premier biopic d’une sportive en France ? La réponse semblait logique, tant celle qui est longtemps restée la meilleure buteuse des Bleues a été une pionnière tout au long de sa vie. Pour son deuxième long-métrage, Virginie Verrier a donc décidé d’adapter le parcours tumultueux de cette icône du football sur le grand écran. Et la réalisatrice n’a pas eu à se creuser les méninges pour le scénario : enfance ravagée par un père alcoolique et violent, passion dévorante pour le football, rêve américain, homosexualité et parentalité, il n'y a eu qu'à piocher dans le réel pour trouver l'inspiration. En attendant la sortie en salles prévue pour 2022, entretien croisé.

Virginie, qu’est-ce qui t’a motivée à adapter la vie de Marinette au cinéma ? Virginie Verrier : Il y a deux ans, j’ai décidé pour mon second film que je voulais faire un biopic sur une sportive. J’ai fait dix ans d’athlétisme, et le sport a été très important dans ma construction personnelle au cours de mon adolescence. Donc j’étais en train de lire des biographies de sportives, et à ce moment-là, un ami me conseille celle de Marinette. J’accroche immédiatement. Je la lis en une heure, d’une traite, et je sens déjà qu’il y a des thématiques qui me parlent. La semaine d’après on se rencontrait.

Jamais je n’aurais imaginé que quelqu’un trouve ma vie intéressante et décide d’en faire un film.

De ton côté, Marinette, comment as-tu réagi à cette nouvelle ? Marinette Pichon : Ça a été une grande surprise. Et puis rapidement, on s’est mises à discuter. Je cherchais à cerner les valeurs de Virginie afin de savoir si on pourrait s’entendre. C’est essentiel quand tu te confies si profondément à quelqu’un, car il n’y a pas de zone d’ombre dans ce type de projet. Elle m’a convaincue, et j’ai su dès le début que c’était la personne avec laquelle je voulais m’embarquer. Mais c’est un peu comme pour le livre : jamais je n’aurais imaginé que quelqu’un trouve ma vie intéressante et décide d’en faire un film.VV : Tu as été une précurseuse et tu l’es toujours. Tu fais partie de ces femmes qui prennent la parole pour en inspirer d’autres. Tu es complètement dans l’air du temps.
MP : Pourtant avec mon âge, je n’en ai pas l’air. (Rires.)
VV : Pour moi, tu es un repère. Je te regarde comme une héroïne. Quand j’étais petite, je n’avais que deux modèles, Ellen Ripley dans Alien et She-Ra. Je me baladais toute la journée avec son diadème sur la tête. Aujourd’hui, il y a de plus en plus de films avec des représentations de femmes fortes, et je trouve ça super. C’est un rêve de petite fille.

Je voulais creuser certains passages et aller dénicher des anecdotes, car c’est ainsi qu’on fait avancer une histoire au cinéma. J’ai également rencontré sa mère et sa sœur, avant d’échanger avec sa femme.

Virginie, avant de lire la biographie, que connaissais-tu du football féminin ? VV : Je ne connaissais pas du tout le milieu et ses combats intrinsèques. C’est marrant parce que dans mon premier film ( « À 2 heures de Paris » , sorti en 2018, NDLR) il y a une scène de foot et je me suis dit que j’allais mettre des filles. Mais ce choix n’était absolument pas motivé par un argument politique ou militant. Et en plus, je l’ai tourné à Juvisy, deux ans avant de rencontrer Marinette, qui a longtemps occupé le poste de directrice générale au sein du club francilien.

Ce film va retracer trois décennies (de 1980 à 2006) de la vie de Marinette et aborder une ribambelle de sujets sociétaux. Comment as-tu travaillé pour écrire le scénario ? VV : La biographie de Marinette a été la première approche et il y a aussi eu un long travail d’enquête. J’ai notamment fouillé dans l’histoire de l’équipe de France. J’ai par exemple appris que les joueuses recevaient deux cent dix francs lors des rassemblements et qu’elles secouaient l’enveloppe pour êtres sûres que les dix derniers francs étaient dedans, car parfois ils passaient à la trappe. En fait, la vie de Marinette est un ascenseur émotionnel, alors je n’ai pas eu à inventer de scènes. Quand on écrit sur quelqu’un, on a besoin que le héros passe par plusieurs étapes, mais cette fois, tous les rebondissements étaient déjà là. C’est du petit lait pour une réalisatrice. MP : On a aussi passé de longues heures à table à échanger. Des séries de rendez-vous lors desquels le temps s’arrêtait. C’est drôle, car à chaque fois, je retrouvais des souvenirs enfouis dans ma mémoire. VV : Je voulais creuser certains passages et aller dénicher des anecdotes, car c’est ainsi qu’on fait avancer une histoire au cinéma. J’ai également rencontré sa mère et sa sœur, avant d’échanger avec sa femme. Toutes se sont confiées à moi.

Tu es obligée de parler de l’alcoolisme et des violences intra-familiales. Il faut les montrer à l’écran, c’est important.

Est-ce plus dur de réaliser un film à partir de la vie d’un individu ?VV : Non, car je comprends la vie de Marinette. Après, j’ai évoqué des moments difficiles avec elle et ses proches. C’était une première pour moi de rencontrer des inconnus, et tout de suite, aller dans la douleur, mais en même temps, tu es obligée de parler de ces sujets de l’alcoolisme et des violences intra-familiales. Il faut les montrer à l’écran, c’est important. La vie de Marinette est politique, et j’ai une grande responsabilité envers elle. Je ne peux pas la décevoir. MP : Mais tu ne vas pas me décevoir. C’est aussi une histoire de confiance. Depuis, on est devenues amies. Il y a désormais Virginie la réalisatrice et Virginie qui est entrée dans mon cercle familial.

Et où en est-on de l’avancée du film ?VV : Le scénario est bouclé et on est en financement. On commence tout doucement les repérages. On a été à Clairefontaine récemment. Les lieux ont beaucoup changé depuis l’époque de Marinette, mais la magie du cinéma peut nous replonger dans ces années 1994-2006. J’aimerais vraiment tourner là-bas, et puis dans les Hauts-de-France, en Île-de-France, mais aussi poser mes caméras à Philadelphie aux États-Unis et au Canada, si les conditions sanitaires le permettent.

On te verra sur le tournage, Marinette ? MP : Si je peux, bien évidemment ! J’aimerais d’ailleurs qu’un bout du film soit tourné chez moi au Canada. Ça va être quelque chose d’être là et de voir l’actrice qui m’incarnera. Je risque d’être submergée par mes émotions.

En parlant d’acteurs, va-t-on revoir Fred Testot ou encore Frédéric Pierrot qui jouaient dans ton premier long-métrage ? VV : Il est encore trop tôt pour annoncer le casting, mais cette fois, il sera en partie international. Il y a quelques rôles américains, comme ceux de ses coachs et de ses coéquipières à Philadelphia Charge. J’en ai fait une belle bande de winneuses !

Ce film aborde une variété de sujets, et je suis sûre que des millions de familles, des garçons et des filles pourront s’y retrouver.

Ce film va être le premier biopic sur une sportive en France. Est-ce une nouvelle consécration pour toi, Marinette ? MP : Je préfère parler d’honneur. J’ai vécu beaucoup de premières dans ma vie : première footballeuse professionnelle, première joueuse à révéler son homosexualité, première Française à partir aux États-Unis, à marquer en Coupe du monde… Je suis très heureuse et j’espère que ça va permettre d’ouvrir de nouvelles portes et réveiller une tonne de choses chez plein de gens. Ce film aborde une variété de sujets, et je suis sûre que des millions de familles, des garçons et des filles pourront s’y retrouver.VV : Je pense à tous ces enfants qui ont une vie difficile, qui ne sont pas heureux chez eux et à qui on va envoyer un message d’espoir en montrant que Marinette aussi était dans la même situation et qu’elle s’en est sortie. Je pense aussi à ces petites filles qui veulent jouer au foot, mais n’osent pas, car elles se font virer du terrain dans la cour de récré.

Propos recueillis par Tara Britton

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