La fin du Calcio ?
Kaka va rejoindre le Real Madrid, c'est une évidence. Et dans l'histoire il n'y a pas que Milan qui va perdre gros, mais tout un pays. Car le Brésilien incarnait l'une des dernières idoles d'un championnat qui perd de son pouvoir d'attraction d'année en année. Après la Ligue 1 et la Bundesliga, la Serie A sera-t-il le troisième grand championnat européen à plonger ?
Cloîtré au Brésil pour le compte des éliminatoires de la Coupe du Monde 2010, Kaka devait passer une visite médicale en début de semaine. Des examens supervisés par les recruteurs du Real Madrid qui ont fait eux-mêmes le voyage jusqu’à Recife. Soit la dernière étape avant la présentation officielle du joueur à la presse espagnole, prévue pour la fin du mois. Comme prévu, Kaka sera donc Madrilène. Non pas parce que le Ballon d’Or 2007 a toujours rêvé de porter le maillot Merengue, mais parce que le Milan AC a besoin de liquidités. En proie à de graves difficultés financières, le club le plus classe de la planète est donc contraint de se séparer de son meilleur joueur, accessoirement le meilleur joueur du Calcio avec Zlatan. Quelques jours plus tôt, Carlo Ancelotti, son entraîneur depuis 2001, a mis les voiles et succombé aux sirènes de Roman Abramovitch. Ibrahimovic, quant à lui, se dit blasé par le championnat transalpin et clame son envie d’aller voir ailleurs à longueurs d’interviews, arguant que son talent mérite mieux qu’un récurrent huitième de finale de C1.
Triste, mais avant tout la preuve que le Calcio n’est plus ce qu’il était et que l’Italie est petit à petit en train de sombrer en Ligue 2 européenne comme la France ou l’Allemagne avant elle. Manque de suspense, départs de stars, stades vétustes et à moitié vides, la Serie A ne fait plus bander grand-monde. Pire, les grands clubs du pays ne sont plus cités comme des références par les joueurs de moins de 25 ans, qui rêvent de rejoindre Barcelone, Manchester ou même Arsenal.
Même en outrepassant les résultats de plus en plus médiocres des clubs italiens en Champion’s League, les équipes de seconde zone (Fiorentina, Sampdoria, Lazio etc.) -ces outsiders qu’on dit être les véritables révélateurs du niveau d’un championnat- n’arrivent plus à accrocher de C3 à leur palmarès, chose qui était pourtant monnaie courante dans les années 90, laissant les clubs de l’Est gonfler leur palmarès à la force des pétrodollars.
En manque de moyens financiers, les clubs phares du pays se trouvent dans l’obligation de recruter des seconds couteaux pour continuer à vivre. Quand la Juve a recruté Diego, beaucoup imaginaient le retour de la Vieille Dame au premier plan, mais la signature de papy Cannavaro quelques jours plus tard a vite calmé les plus optimistes. Non, la Juve ne redeviendra pas l’ogre qu’elle était avec un mec de 35 ans pour diriger sa défense. Et que dire du Milan qui aurait bien besoin d’un lessivage complet de son effectif pour diminuer enfin sa moyenne d’âge et redonner du piment à un championnat qui ressemble de plus en plus à la Bundesliga, mais sans les spectateurs ? Car avec quatre sacres de champion à la suite, l’Inter est en train d’achever la Serie A. Et on voit mal ce qui pourrait endiguer un cinquième succès de rang des Nerazzurri, à part peut-être un départ de Zlatan à l’étranger. Vraisemblablement pas la meilleure nouvelle pour le Calcio.
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