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« La balle est dans le camp des supporters marseillais »

Propos recueillis par Kevin Charnay
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Depuis six mois, Julien et Arnaud tentent de réaliser le rêve d'une bonne partie des supporters marseillais. Au sein de l'association Nous sommes l'OM (NSOM-Association) qu'ils ont créée, ils sont une dizaine à travailler sur le projet de socios. Un projet « loin d'être utopique », selon Arnaud.

Comment et quand vous est venue l’idée de créer cette association, et le projet de socios ? Avec Julien, nous sommes deux potes fans de l’OM à la base. On est du cru. On est abonnés depuis 1997 tous les ans, à part quand on est partis faire nos études à Paris. Julien travaille dans l’immobilier, et moi, je lance mon entreprise de bâtiment. Sauf que l’OM nous prend beaucoup de notre temps. On discutait de ce projet de socios depuis au moins quatre ou cinq ans. Mais on espérait que quelqu’un de sérieux arriverait à la tête du club. Mais finalement, au mois de janvier, on a décidé de s’y coller. Et sérieusement. On sentait que c’était maintenant ou jamais pour se lancer, qu’il allait se passer quelque chose au club. L’état de santé du club, et le futur très noir qui s’annonce si on continue comme ça, nous ont poussés à concrétiser notre idée. Aujourd’hui, on est une équipe de dix personnes, avec des juristes et tout ce qu’il faut pour que cette initiative soit crédible et sérieuse.

On avait entendu parler du pot commun lancé il y a quelques semaines par un certain Ghislain Foucque. Il y a un lien entre les deux opérations ?Ce qu’a fait Ghislain, c’est une initiative personnelle, on ne le connaissait pas. Depuis, on s’est rapprochés de lui, parce que la collecte de fonds, c’est aussi quelque chose d’important pour notre projet. Pour être honnête, on avait un peu peur que son action décrédibilise notre projet. Car il ne suffit pas de rassembler une cagnotte pour racheter l’OM. C’est bien plus compliqué. Il faut un vrai projet, et une vraie stratégie. On lui a dit, il est conscient que ce qu’il proposait n’était pas quelque chose de concret, c’était juste pour faire bouger les choses. Du coup, on a décidé d’unir nos forces.

On veut s’orienter vers un projet à l’Allemande, comme au Bayern. C’est le système 50+1.

Le projet de socios à Marseille, on a l’impression qu’on en parle depuis des années, est-ce que c’est vraiment possible ? Et comment le rendre possible ? D’abord, oui, c’est possible. À la base, notre projet s’inspirait du modèle du Barça, avec un système de socios à l’espagnole. Avec des supporters propriétaires du club à 100 %. On était donc partis sur une proposition de rachat pour 2017. Puis Margarita a décidé de vendre le club, avec la dead-line du 30 juin. Alors, il a fallu accélérer les choses, car aujourd’hui, c’est une belle occasion de rendre tout cela possible. Du coup, on a changé de cap, et on veut s’orienter vers un projet à l’allemande, comme au Bayern. C’est le système 50+1, mais on est conscients que nous devons l’adapter au système français. C’est-à-dire qu’il faut se rapprocher d’un repreneur potentiel. On serait en quelque sorte copropriétaire du club avec un repreneur. On aurait notre mot à dire. Comme on serait actionnaire, le club aurait réellement des comptes à nous rendre. Et ça permettrait de débloquer une plus grande manne financière, puisqu’il y aurait deux leviers.

En France, il paraît qu’on n’est pas un pays de foot, que le système de socios, ça ne peut pas marcher. Je suis d’accord, la France n’est pas une terre de foot. Mais vous savez, Marseille, ce n’est pas vraiment la France de ce point de vue-là. Nous, on estime qu’en France, il y a trois villes de foot, ou un système comme celui-ci est possible : Lens, Saint-Étienne et Marseille. Et surtout à Marseille, car le nombre de supporters est énorme. Par exemple, en chiffres, à 15 euros par mois, si 0,6 % des supporters marseillais participent, soit environ 100 000 personnes, on arrive à 300 millions d’euros de cash sur 15 ans. C’est pas rien quand même ! Si nous touchions 3% des supporters de l’OM, nous monterions à 1,5 milliard d’euros sur la même période ! Quel investisseur serait prêt à donner autant d’argent à un club gratuitement pendant cinq, dix, quinze ans ?

Pourquoi un projet de type « milliardaire étranger » ne vous intéresse pas ? Tous les clubs qui ont un système de socios fonctionnent. Le Barça, le Real, le Bayern, Dortmund, Liverpool, Manchester United, Benfica… ce sont des clubs stables qui ont une identité, qui sont aimés et qui réussissent. Ça nous attire beaucoup plus que le projet milliardaire de Chelsea, Manchester City, Málaga ou Paris. On ne veut pas de ça. Même si ça peut nous rapporter des résultats, on ne veut pas qu’un riche investisseur étranger arrive et fasse chez nous ce qu’il a fait au Parc des Princes par exemple. Le football, c’est un fait social, c’est quelque chose d’identitaire. On veut pouvoir se reconnaître dans le club. Comme je l’ai dit, tous les grands clubs du monde sont ultra-proches de leurs supporters, car ils créent une ferveur. Et ils savent se servir de cette ferveur. À Marseille, on l’a, mais on ne s’en sert pas bien.

Partons du principe que votre projet aboutisse. Quels seraient vos objectifs pour l’OM ?On veut que le club se professionnalise. Là, on a une gestion de club amateur, c’est catastrophique. On veut installer l’OM dans les seize meilleurs clubs d’Europe de façon pérenne. Et pour ça, il faut un projet global, pas juste un projet économique. On veut stabiliser le club sur du long terme. Et surtout, l’OM est totalement déconnecté de son territoire, aussi bien des clubs de la région que des chefs d’entreprises locaux. On a parlé avec beaucoup de clubs de la région, ils sont unanimes. Si eux se servent à l’OM, l’OM ne vient jamais chercher de joueurs chez eux. On veut recréer ce lien, et ainsi, relancer par la même occasion le centre de formation, qui doit être le pire de France à l’heure actuelle. Le club a décidé de ne pas investir dedans depuis des années. Et maintenant qu’on n’a plus d’argent et qu’on va perdre encore une fois tous nos meilleurs joueurs, on ne peut pas se retourner vers notre centre de formation, ce n’est pas normal. Pour être performant, l’OM doit déjà être solide sur sa base, sur son territoire.

Un actionnaire richissime, si un jour il veut partir et ne plus mettre de sous, c’est terminé. Mais des supporters, il y en aura toujours, dans dix, vingt, trente ou cinquante ans.

L’OM n’a jamais été stable. En quoi le projet socios peut apporter cette stabilité que vous réclamez ? Un actionnaire richissime, si un jour il veut partir et ne plus mettre de sous, c’est terminé. Mais des supporters, il y en aura toujours, dans dix, vingt, trente ou cinquante ans. On peut changer de voiture, d’appartement, de chemise et même de femme pour certains, mais on ne peut pas changer de club de cœur.

Aujourd’hui, vous en êtes où dans le projet, vous avez rencontré les groupes de supporters ?On a rencontré tous les groupes de supporters. Même s’ils sont indépendants et qu’ils doivent le rester, ils font partie du projet global et ils sont les garants de la ferveur marseillaise. À titre individuel, tout le monde pourra être socios et adhérent à un groupe de supporters à condition de respecter la charte des valeurs de l’association des socios. Ils ont l’air motivés par ce projet. Certains trouvent ça un peu utopistes, mais c’est notre boulot de rendre tout ça crédible à leurs yeux et dans les faits. Nous sommes aussi allés à la rencontre des anciens présidents, des chefs d’entreprises de la région et nous avons contacté l’Association OM. Tous nous ont été de bons conseils et pensent que notre projet colle à l’ADN de l’OM. La balle est clairement dans le camp des supporters.

Comment ça ?En fait, la seule critique qu’on peut émettre envers notre projet, c’est cette inconnue : combien de supporters sont prêts à s’engager là-dedans ? Pour que des anciens joueurs et des figures historiques du club se prononcent publiquement sur ce sujet et appuient dans notre sens, il faut qu’il y ait un maximum de monde derrière, pour qu’ils sentent qu’il y a du poids. Ils suffirait de 15 ou 20 000 personnes qui nous montrent de l’intérêt sur notre page Facebook ou sur notre site. À partir de là, nous aurons des soutiens de poids, et l’effet boule de neige se mettra en place, de plus en plus de supporters se rallieront à notre cause et ainsi de suite. On pourra se rapprocher du potentiel repreneur ou de l’actionnaire principal actuel et discuter avec lui et discuter avec lui. S’il est intelligent, il est obligé d’étudier cette option. C’est gagnant-gagnant.

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Propos recueillis par Kevin Charnay

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