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L1 : OM & OL, les destins croisés…

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L1 : OM & OL, les destins croisés…

Marseille a creusé le trou sur Lyon. Quatre points d'avance. Cinq si l'on tient compte du goal average (+ 26 pour l'OM, et + 18 pour l'OL). Plus que six matchs et un calendrier a priori plus défavorable pour les Lyonnais qui devront se rendre au Vélodrome le 17 mai. Largué en championnat et à portée de Paris, qui vient à Gerland vendredi, l'OL risque même de ne pas disputer la Ligue des Champions. Retour sur une passation de pouvoir entre les deux Olympique du foot français...

Tout avait bien commencé pour l’OL : Aulas avait revendu Hatem Ben Arfa à l’OM pour un bon prix (autour de 12 M d’Euros) et, surtout, il s’était débarrassé d’un caractériel rejeté en partie par le vestiaire lyonnais. Ce que Diouf et Gerets comprendront plus tard…

Mi-décembre, les Phocéens viendront chercher un bon nul 0-0 à Gerland. Tout s’équilibre : Lyon reste leader et Marseille est second. C’est à la trêve hivernale que le sort du championnat va commencer à se jouer. L’OM se décide rapidement à recruter Brandao et Wiltord, pour pallier l’absence prolongée de Niang, blessé.

Côté lyonnais, la perspective d’affronter le Barça mobilise le staff : en panne de latéral droit, le club rhodanien doit aussi gérer le départ de Fred. Le cas Fred avait embarrassé le club : il était devenu le complice de jeu indispensable de Benzéma et son pressing sur les défenseurs adverses en faisait un atout de poids dans le système lyonnais. Problème : Fred est ingérable, indiscipliné, remettant sans cesse sur le tapis une sombre histoire de primes non perçues. Finalement, Fred repartira au Brésil en février, à Fluminense. C’est à peu près au moment où Fred sera écarté du groupe par Puel que Benzéma cessera de marquer régulièrement…

Claude Puel décidera finalement de ne recruter personne au mercato, malgré l’enveloppe mise à sa disposition par ses dirigeants. Décision surprenante, même s’il n’a pas tort : à quoi bon acheter un attaquant ou un défenseur droit uniquement pour quelques mois ? De plus, le statut de Lyon exige des recrues de haut niveau. Or, elles n’existent pas ou sont inabordables au mercato hivernal. Résultat : Marseille se renforcera au moment précis où Lyon a pris le risque de s’affaiblir.

Qui plus est, Lyon continue de subir une hécatombe inhabituelle de blessés graves : Govou, en plus de Clerc, Bodmer et Pjanic. Plus tard, ce sera au tour de Toulalan de lâcher prise quand la meute bordelaise, marseillaise et parisienne se rapprochera de plus près. Marseille récupérera Niang en février et disposera devant d’une puissance de feu sans égale en L1 : Niang, Brandao, Wiltord, Koné, Ben Arfa (en plus d’un Valbuena offensif et un Samassa toujours utile un mois sur trois). La blessure de Bonnart et l’absence prolongée de Ziani handicaperont l’effectif marseillais, mais quand même moins atteint que le groupe lyonnais. Tout s’est donc joué en partie au cœur de l’hiver, avec le recrutement avisé de l’OM (Brandao trouvera ses marques après des débuts difficiles, Wiltord jouera à merveille son rôle de joker de luxe) et un “différentiel blessure” défavorable à Lyon.

Les coupes d’Europe vont avoir aussi un impact notable sur les deux équipes. Marseille quittera la C1 sans trop de dommages, avec les honneurs, puisque distancés par des “gros” Liverpool et l’Atletico Madrid mais sans subir de défaites humiliantes. Reversés en Coupe de l’UEFA, les Phocéens vont y puiser un enthousiasme nouveau qui va relancer leur dynamique. Leur qualification contre Twente puis l’Ajax l’attesteront puisque c’est dans la foulée qu’ils iront gagner au Parc 3-1 contre le PSG. Plus tard, la place de leader en L1 acquise contre Grenoble (4-1) viendra atténuer le spleen dû à l’élimination contre le Chakhtior Donetsk.

Rien à voir avec Lyon, qui s’était fixé des objectifs élevés en Ligue des Champions. Le match retour contre le Barça, sanctionné d’un 5-2, agira comme un traumatisme qui va plomber jusqu’à aujourd’hui le mental des Lyonnais. C’est pourtant ce qui faisait leur force : une gnac pas possible qui les faisait souvent triompher dans le money time. Lyon ne s’est toujours pas remis de la fessée barcelonaise.

Le rôle des entraîneurs a aussi joué. A Lyon, Puel est a priori là pour quatre ans. Signe qu’il doit construire dans la durée en gérant les acquis-maison : l’effectif, dont les anciens (Cris, Juni, Benz, Govou) ainsi que le système (4-3-3). Bref, il doit poursuivre pendant au moins un an encore des habitudes lyonnaises devenues simple routine. Puel n’est pas menacé : quels que soient les résultats, il ne subira pas la pression impossible de ses prédécesseurs. Aulas en a voulu ainsi, lui qui souhaite une plus grande stabilité au poste du coach. Quelque part, l’urgence bouillonnante d’avant qui émanait de Lyon laissera place au relativisme sobre, exprimé par Aulas ou Juninho, évoquant récemment et sans émotions que l’OL pourrait perdre son titre. Un discours impensable autrefois…

A Marseille, c’est là aussi différent. Gerets a annoncé la couleur dès le début de saison : Marseille sera champion ! Après une période d’indulgence et de protection tous azimuts de ses joueurs, il va instaurer un esprit commando, imposer un turnover qui n’épargne pas les “stars” (Cana, Valbuena, Ben Arfa, Niang, Wiltord, Zenden, Rodriguez !) et il va exercer un coaching ravageur : il n’hésite pas à effectuer un, voire deux changements à la mi-temps des derniers matchs… Son groupe est désormais sur le qui-vive, forcé à rester concentré en permanence sur les objectifs au risque pour chacun de perdre sa place. Plus fort, Gerets ne dévoile rien de ses intentions de rester ou de quitter le club en fin de saison. Là aussi, message subliminal fort en direction des joueurs (et des dirigeants) : « Montrez-moi que vous méritez que je reste à l’OM ! » On l’a compris : l’urgence a changé de camp, descendue par le Rhône, du nord vers le sud…

Et puis, un JM Aulas très accaparé par son nouveau stade (qui vient de prendre deux ans de retard) a atténué sa pression terrible exercée autrefois sur les joueurs, le coach et le staff de l’OL. Un Aulas soft ne relève même plus les fautes d’arbitrage d’un Stéphane Bré, en dessous de tout hier soir à Bordeaux…

A l’OM, un rappel à l’ordre hivernal de Robert Louis-Dreyfus bien raide et mal vécu remobilisera les énergies. Sans compter quelques gueulantes bien appuyées de Diouf, que Gerets ne désapprouve pas vraiment… Tous ces facteurs expliquent au final une différence qui crève les yeux : le groupe marseillais vit mieux que le groupe lyonnais. La pression et l’urgence ont déserté Lyon au profit de Marseille. Si l’OL ne se ressaisit pas rapidement, c’est la C1 qui va lui passer sous le pif. Manque à gagner : 40 millions d’Euros. L’implosion financière ?

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