L1 – L’heure du Téfécé !
Lyon, Marseille, ou Bordeaux, bien entendu. Le titre ira à l'un des trois. A Paris, à la rigueur. Ou à Lille et son fameux pentagone du milieu. Mais oui, mais non. Car tout l'indique, c'est Toulouse qui sera sacré. Et Zebda va se reformer.
Chaque jour, un signal est envoyé à la France, mais elle préfère encore s’aveugler plutôt que d’envisager la catastrophe annoncée. Non seulement, la famine va faire sa réapparition dans notre bon pays, vidé par une crise à durée indéterminée, mais le peuple va perdre son opium ou plutôt se voir refourguer de la camelote à la senteur de violette. Trop de signes qui ne trompent pas. Voyez plutôt.
Lundi, Gignac est déclaré apte au combat face à la Lituanie. Mardi, c’est Maria Paz, la compagne d’Etienne Didot, le régulateur-orientateur du jeu haut-garonnais, qui se qualifie pour la poule finale de la Nouvelle Star. Elle ne chante pas si bien que ça, mais peu importe, est-ce que le TFC se soucie de bien jouer au foot ?
A chaque page du calendrier, son Toulousain. Mercredi, Dédé Gignac donne la victoire aux Bleus, d’une superbe passe instantanée que Ribéry n’a plus qu’à pousser au fond des filets. Et jeudi ? C’est La Dépêche du Midi qui l’annonce : enseignants et chercheurs de la fac du Mirail décident de valider le second trimestre de tous les étudiants. Révolution rose. Décidément, tout sera donné aux Toulousains cette année.
Vous refusez toujours d’y croire ? Scrutez le calendrier du championnat. Lors des quatre prochaines journées, le TFC ne rencontre que des équipes plus ou moins menacées par le maintien : Caen, Nantes, Grenoble, puis Lorient. Certes, Toulouse brille davantage contre les gros que face aux modestes, comme son récent revers à Monaco l’indique. Mais depuis sa démonstration de force face au PSG, qui venait confirmer la fessée administrée aux Girondins de Bordeaux, la start-up d’Olivier Sadran a changé de dimension, comme en atteste la présence de deux de ses employés chez EDF. Bien évidemment, il en va de Toulouse comme du reste : tout est de la faute de Domenech.
En sélectionnant Carasso et Gignac, le Dom’ a extrait de leur terroir à la qualité de vie sympatoche – soleil et cassoulet – ces grands gaillards pour leur faire goûter à la cuisine des grands chefs. Anoblis dans le château de Clairefontaine, les deux essentielles extrémités de la réussite toulousaine savent désormais qu’ils peuvent tutoyer les étoiles, ne plus se contenter des seconds rôles.
Etienne Didot aussi. A mesure que les tours de Nouvelle Star vont passer, le chaînon intermédiaire de la colonne vertébrale toulousaine va voir les costumiers d’M6 transformer son étudiante sud-américaine mignonnette, adepte du pull en laine de gauche, en une bombe latine, prête à piétiner ses concurrents de ses talons aiguilles. En parfait compagnon, le Paimpolais accompagnera évidemment sa moitié dans son ambition. Le titre bordel !
Des ailes poussent dans le dos des Toulousains. Qu’ils fassent le plein ou presque lors des quatre prochains matchs et le Téf se trouvera alors en embuscade avant un sprint final où il pourrait coiffer sur le poteau tous ses concurrents qui s’entretueront.
Le 30 mai, son championnat s’achèvera à domicile avec la réception de… Lyon. Troublant. Quand l’échéance du match a été fixée, personne ne pouvait encore imaginer que la bande de Casanova pouvait conquérir autre chose qu’un peu de respectabilité après une saison désastreuse. Faire de ce dernier rendez-vous un match au sommet, pour le sacre, à l’instar du Lyon-Lens de 2002 (premier titre pour les écuries d’Aulas), voilà encore une perspective galvanisante, pour aller plus haut ou toucher les étoiles, comme dirait Lio.
Bordeaux, Paris et Marseille sont des rivaux de l’OL, Toulouse, en revanche, figurerait plutôt un héritier. Un club tiède, sans réel soutien populaire, sauf dans la victoire. Un club avec un maillot moche, très moche (rappelez-vous de l’OL époque « Justin Bridou » ). Un club préservé de la folie par le manque de ferveur qui l’entoure. Un club qui voit loin en attendant patiemment que son heure arrive.
Toulouse champion, de quoi désespérer du football français. Car le Téf ne manque pas seulement d’aura ou d’âme, son style de jeu, si physique et ennuyeux, ferait presque regretter que Lyon ne fasse pas le grand huit. Voilà pourquoi un soir de défaite au Stadium, on verra JM Aulas, bras dessus bras dessous avec son disciple, Olivier Sadran, déclarer avec un vieux sourire chafouin que « Toulouse fait un beau champion » .
Retrouvez André-Pierre Gignac en interview croisée avec Seth Gueko dans le dernier SoFoot, ici.
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