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Jusqu’à quelle température peut-on jouer au foot ?

Par Julien Sebag et Tom Binet
Jusqu’à quelle température peut-on jouer au foot ?

À vos ventilateurs. Ce vendredi, 40°C sont attendus en Île de France alors que doit se jouer la finale de la Coupe de la Ligue entre le PSG et l’OL. Une donnée importante de plus à gérer pour le staff et les joueurs, après quatre mois sans compétition. Jouer sous une forte chaleur comporte des risques et des précautions sont de mises, que l’on soit professionnel ou simple footeux en herbe.

« On est sur des jours très très chauds. Il faudra être attentif sur l’hydratation, c’est un élément important. Les organismes peuvent souffrir, notamment à la fin. » Rudi Garcia l’a bien identifié ce jeudi en conférence de presse, en plus de leur adversaire parisien, les Lyonnais devront également lutter contre la chaleur pour la finale de la Coupe de la Ligue au stade de France. Le thermomètre s’annonce en effet comme une donnée importante alors que près de 40°C sont attendus sur la capitale. Une température rédhibitoire pour le footballeur lambda ? « Dès qu’il s’agit de courir, de faire un sport collectif, à partir de 30°C cela devient compliqué, détaille Franck Brocherie, chercheur à l’Insep et spécialisé dans le stress environnemental. Après ça dépend de l’intensité, dans un match de foot, on va être habilité à courir plus, on est tributaire de l’opposition, de la tactique. Ce n’est pas facile de gérer l’effort comme sur une course d’endurance. Dès que la température ou l’humidité montent, on est tributaire des effets des conditions environnementales. »

Bien s’hydrater, la clé du succès

Dès lors, comment se prémunir des conséquences de la chaleur ? La première réponse est dans une bonne hydratation pour tout sportif qui se respecte. « On a ce qu’on appelle l’engrangement hydrique, il ne faut pas que le sportif ait de sensation de soif. Pour cela, il faut une bonne hydratation avant, pendant et après le match. Maintenant il y a des pauses fraîcheur, elles sont intelligentes car elles permettent une hydratation régulière. C’est une bonne réforme, précise d’emblée Olivier Rodríguez, préparateur physique du Havre. Il faut faire attention parce que si le sportif est déshydraté, il se met en danger. Une perte de 2% du poids du corps correspond à entre 20 et 30% de perte de rendement physique. On va dire que c’est la côte d’alerte. » Lui aussi préparateur physique du côté de Valenciennes, Didier Bouillot abonde : « On demande aux joueurs d’énormément s’hydrater, même dès le début de la journée à l’hôtel. Dans les effectifs pros, en moyenne plus de la moitié des joueurs sont sous-hydratés. » Mais bien boire n’est pas le seul secret.

En amont, la préparation tient aussi toute son importance. « Il faut s’entraîner dans les conditions de chaleur du match, poursuit Olivier Rodríguez. Quand on est en plein effort, la chaleur du corps peut monter jusqu’à 38,5°C voire 39°C, c’est comme une sorte de fièvre. » C’est pourquoi l’approche du match va être elle aussi aménagée. Didier Bouillot : « L’échauffement va être raccourci, parce que ce qu’on cherche notamment à l’échauffement, c’est l’élèvement de la température corporelle, donc la on va de suite l’atteindre. On garde la même structure, mais on raccourcit pour exposer les joueurs le moins possible. »

Le thermomètre, star de la soirée au stade de France ?

Après quatre mois sans compétition – même si les Parisiens restent sur une finale disputée contre Saint-Étienne la semaine dernière – c’est dans ce contexte que les joueurs doivent préparer une rencontre qui s’annonce bien particulière en tous points. « Ils vont devoir composer, lance Benoît Pickeu, préparateur d’Angers. Ils vont pouvoir placer des éponges sur le côté par exemple, mais c’est au bon vouloir des arbitres. Il va falloir que les staffs soient vigilants à la fatigue, notamment aux crampes. On peut pas prévoir en amont, on compose. » D’autant qu’après un tel laps de temps sans jouer, le risque est d’autant plus grand pour les joueurs. « Ce sont des causes aggravantes pour les blessures », poursuit Benoît Pickeu.

« C’est un problème à résoudre dans la préparation, il ne se met pas à faire 40°C d’un coup. Le problème, ce sont plutôt les premières grosses chaleurs, quand tu n’as pas eu le temps de t’adapter. Là, ils ont eu le temps de s’adapter à ça », estime pour sa part Didier Bouillot, repoussant l’idée de joueurs ayant les jambes coupées par la chaleur au stade de France. Pas sûr que le confinement et l’interruption ne se fasse pas ressentir malgré tout, à en croire Franck Brocherie. « On s’adapte, mais là c’est moins sûr que cela ait été la priorité avec la reprise post-confinement. La première chose à faire, c’est de s’acclimater pour performer dans ces conditions. » Vestes de refroidissement, préparation plusieurs semaines en amont, gestion scientifique de l’hydratation et de la température corporelle… On est bien loin d’un foot improvisé entre potes sur le city du coin, avec une vieille fontaine comme seule source d’eau.

Qui y joue s’y brûle

Et si d’aventure, l’appel du city est trop fort pour les amateurs, Olivier Rodríguez conseille de faire « exactement l’inverse du sportif de haut niveau, qui doit s’entraîner dans les conditions proches de celles du match. L’amateur va privilégier les horaires du matin ou du soir parce que son corps n’est pas habitué à aller dans l’extrême. L’athlète, lui, est habitué, notamment au principe de thermo-régulation (l’ensemble des mécanismes qui permet à un organisme ou à un système de se maintenir à une température souhaitée.) » En temps de canicule, il est donc préférable de faire du foot devant sa console plutôt que sur un terrain. « Je leur dirais :« N’allez pas jouer au foot », il y a des heures auxquelles il ne faut pas s’exposer. », reprend Didier Bouillot. Conséquence directe d’un manque de préparation : un potentiel risque cardiaque, comme l’explique le médecin urgentiste au CHI d’Elbœuf Louvier, Nidal Akoum. « Avec un manque d’entraînement, la température du corps va augmenter plus rapidement et par conséquent le rythme cardiaque aussi, ce qui peut entraîner une crise cardiaque. »

Entre professionnels et amateurs il y a évidemment une différence de préparation, mais aussi une différence d’équipements. « En pros, il existe des vestes qui permettent de refroidir avec de l’eau froide, ils font porter ça aux joueurs, explique Didier Bouillot. On peut mesurer la température au niveau de la peau, mais un amateur, il ne peut pas et il ne faut pas rigoler avec ça. » Néanmoins, un amateur peut rafraîchir son organisme. « Il y a un point commun (entre pros et amateurs) : sur ce qui suit l’effort, il faut essayer d’aider le corps à retrouver sa température de base, ne pas hésiter à prendre une douche fraîche », détaille Olivier Rodríguez. Avant de poursuivre, à titre d’exemple : « Un cycliste, sur une épreuve du Tour de France, peut perdre jusqu’à sept litres d’eau, pour un footballeur ça peut aller jusqu’à deux litres. »

Autre précaution à prendre ? « Il faut faire attention à ce qu’on mange, éviter les repas trop lourds et prendre le temps de digérer, c’est la priorité de l’organisme quand il a mangé. » Pour un professionnel, une préparation physique pour pratiquer du sport sous haute chaleur « ça demande du temps en amont, idéalement 14 jours », précise encore Franck Brocherie. Un poil long, pour un foot entre potes…

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