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Jérôme Champagne : le Fils de son Blatter

Par Nicolas Ksiss-Martov
Jérôme Champagne : le Fils de son Blatter

Platini hors jeu, Jérôme Champagne est la caution française de cette élection. Ancien de la maison zurichoise et habitué des hautes sphères du foot, l'homme a un profil paradoxal, entre outsider et mal aimé.

Avant d’être un amoureux du foot, Jérôme Champagne fut un amant de la République. Entendez un diplomate. Un de ces hommes qui ont le sentiment de caresser l’histoire de la joue quand ils se posent au bout de la table d’une salle de réunion à New-York ou qu’ils circulent en zone de guerre dans un convoi sous la protection fragile d’un drapeau de l’ONU. Tout le monde s’est amusé, ou indigné, de l’ambition affichée par Sepp Blatter de décrocher pour lui ou la FIFA un prix Nobel de la paix. Son rêve aura peut-être une postérité, car Jérôme Champagne est en tout cas le seul qui peut sincèrement prétendre décrocher cette timbale hautement symbolique. Un trophée qui ne serait pas de trop pour racheter une image largement ternie par la rubrique faits divers. Alors que lui, l’homme de l’ombre et des tractations en coulisses, commence toujours par les cahiers internationaux.

Les Verts et le carnet d’adresses

Ce dernier a en effet écumé les arcanes du pouvoir comme d’autres s’offrent la tournée des grands ducs. D’ambassade en consulat, d’Oman à Los Angeles, il sait pertinemment quelle langue parler pour séduire les politiques et faciliter la vie des institutions sportives. Pas besoin d’embaucher qui que ce soit, son carnet d’adresses est suffisamment fourni pour toucher le contact idéal immédiatement et débloquer les situations les plus inextricables. C’est justement pour cela que l’on est venu le chercher, son expérience et son entregent, pour l’organisation de la Coupe du monde de 1998 et que Sepp Blatter a ensuite recruté ce supporter de l’ASSE dans son kop. Voila pourquoi aujourd’hui il parle autant de rétablir les déséquilibres entre les diverses régions de la planète foot. Le géopoliticien qui sommeille en lui sait ainsi, contrairement à son adversaire de l’UEFA, que la seule comptabilité financière, et quelques mesurettes de gouvernance, ne suffiront pas à effacer l’ardoise. Alors, parfois avec des accents tiers-mondiste d’un De Gaulle à Phnom Penh, fustigeant, un peu amnésique, l’impérialisme occidental, il attaque les rêves de grandeur d’un Vieux Continent dont il est pourtant enfant modèle et couve l’Afrique de son amour paternaliste.

Entre Talleyrand et De Villepin

Car Jérome Champagne est un élégiaque, à l’instar de Paul Morand, qui aime décaler son propos dans les limbes nostalgique d’un vingtième siècle où « un club roumain » pouvait gagner une Ligue des champions. Alors que toute la planète ne vibre qu’aux échos de corruption et de scandales financiers, il sait très bien, sans rien renier de l’héritage du Suisse et de son mode de fonctionnement, que dans le reste du monde, on regarde bien autrement les enjeux du ballon rond. Il a trop sillonné le Moyen-Orient notamment pour ne pas ignorer combien il y possède une petite carte à tirer de sa manche. Ancien conseiller de la Fédération palestinienne de football (qui le soutient), il continue de croire que seul son sport peut éventuellement laisser subsister un peu d’espoir dans la région (et il a également d’ailleurs l’appui de Mordechai Spiegler, le plus grand joueur israélien, et ancienne gloire du PSG). Bon connaisseur aussi des USA, il table qu’un peu de processus de paix par le biais du foot, au moins au niveau symbolique, amènerait éventuellement une future Hilary présidente à baisser la pression de son FBI sur l’institution. Finalement, il suggère juste de troquer un peu de l’appétit trop visible pour les comptes offshore contre une fonction géopolitique assumée. Un « nouveau monde » ou le continent africain aurait vaguement son mot à dire. Un peu de Talleyrand et beaucoup de Villepin, une vision et des discours, pour le reste, son seul problème, c’est que la FIFA n’est pas le CIO…


Son programme

Difficile d’en discerner un trait saillant. Alors que la FIFA et les sponsors semblent espérer un vent nouveau, l’homme mitonne son programme dans les vieilles recettes de son prédécesseur. Jérôme Champagne brandit donc l’oriflamme de l’équité démocratique contre une « contre-révolution » conservatrice qui redonnerait tout le pouvoir au Vieux Continent au nom de la lutte contre une corruption qui viendrait du Sud. Ses propositions sont à l’avenant, datées : augmenter l’aide aux petites fédérations les plus désargentées, accorder une nouvelle Coupe du monde à l’Afrique, retisser le lien avec « le peuple du football » , mais en maintenant par exemple Qatar 2022 (juste en changeant la date pour ennuyer l’UEFA), un des rares choix qui pourtant trancheraient avec le passé… Des promesses qui ne cherchent évidemment pas à acheter des voix, mais assurent tout du moins des récompenses s’il créait la « surprise » , comme son modèle en 1998.

Ce qu’il pourrait aimer à Zürich : l’hôtel Baur au Lac

Si si, c’est bien dans ce prestigieux établissement que le 27 mai, sept responsables de la FIFA furent arrêtés, marquant le début des choses sérieuses – ou plutôt que la énième péripétie judiciaire n’était pas exactement comme les précédentes. Ce lieu a été aussi un nid d’espions pendant la Seconde Guerre mondiale, le siège clandestin de l’intelligence service, où des diplomates plus ou moins officiels tramaient leurs intrigues pour se partager le monde. Nul doute que Jérôme Champagne aimera y respirer cette odeur de soufre qui démontre qu’il est désormais assis à la table des hautes instances. Même si désormais les valises se remplissent davantage de dollars que de plans secrets pour libérer l’Europe.

Ses chances de réussir

900 millions de dépenses qu’il accuse Infantino de planifier – 400, comme le nombre de pelouses artificielles qu’il a promis de construire s’il est élu / 11, ses années à la FIFA – 8, le nombre de mots du « vous êtes un petit monsieur, je vous emmerde » que lui a adressé Noël Le Graët = 37%

La chanson

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