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  • Disparition de Sempé

« Je savais que Sempé était un grand fan de Cruyff »

Mathias Edwards
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Ce mercredi 17 août 2022, Sempé, hélas disparu le 11 août dernier, aurait fêté ses 90 ans. L'occasion pour nous de revenir sur les traces incertaines de son passé de footballeur à Bordeaux, où il a vécu durant son enfance.

Le 14 septembre prochain devait être un jour de fête à l’école David-Johnston de Bordeaux. Une plaque en l’honneur de Jean-Jacques Sempé, le plus célèbre de ses anciens élèves, devait y être apposée pour célébrer les 90 ans du dessinateur, qui a eu le bon goût de naître un 17 août, en plein cœur des vacances scolaires. Mais ce qui devait être une fête se transformera plus probablement en commémoration après la disparition de l’artiste, le 11 août dernier.

Une passion pour Cruyff

Xavier Dorsemaine est l’homme à l’initiative de cet hommage. Cet écrivain et journaliste bordelais amoureux de Sempé a eu l’idée de cette plaque en 2019, lors d’une exposition consacrée au dessinateur au Musée Mer Marine de Bordeaux. Il raconte : « À l’occasion de cette expo, j’ai organisé une rencontre entre Sempé et mon père, tous deux nés en 1932 et ayant été en classe ensemble – c’est d’ailleurs de mon père que me vient l’amour et l’admiration que j’ai pour Sempé. Ils étaient tous les deux très émus. » Dorsemaine, qui partage avec Sempé une passion pour le football, en profite pour glisser à son idole un texte qu’il avait écrit sur Johan Cruyff. « Je savais que c’était un grand fan de Cruyff, explique l’écrivain. Sur le coup, il m’a confié que « c’est quand même incroyable que ce bonhomme qui avait trois poumons sur le terrain soit mort d’un cancer du poumon. » »

Shoot terrible entre les platanes

Si l’amour de Sempé pour le football est bien connu, il se matérialise au cœur de cette école David-Johnston. Plus précisément dans sa cour de récréation, où ses 268 élèves ont l’habitude de se défouler. « Lorsque vous entrez dans cette cour, vous vous dites que c’est la cour de l’école du Petit Nicolas, pose Dorsemaine, persuadé que l’établissement a servi de modèle aux dessins illustrant les aventures de l’écolier. Et ses platanes peuvent très bien faire office de but de football. » Sauf que dans les aventures du Petit Nicolas, les parties de foot se déroulent sur le fameux terrain vague « terrible avec des boîtes de conserve, des pierres, des chats, des bouts de bois et une auto » , comme le jeune héros le décrit sous la plume de René Goscinny.

Aux alentours de l’école David-Johnston, on ne trouve nulle trace d’un tel lieu, même en remontant dans le temps. Car si Sempé a bien joué au foot, c’était au patronage Chantecler, un club de quartier situé pas loin de l’école. Mais toujours selon Xavier Dorsemaine, il est probable que Sempé n’y ait joué « que de façon épisodique, tant son enfance fut tumultueuse » . Dans son livre « Enfances » , Sempé raconte en effet qu’il déménageait souvent durant son enfance, son père ayant tendance à « boire l’argent du loyer plutôt qu’à payer le proprio » , selon l’expression de Dorsemaine, qui poursuit : « Entre une mère qui avait la main lourde et un père qui buvait, le seul point de repère de Sempé était l’école. Il racontait que c’était le seul endroit où il était heureux, parce qu’il pouvait déconner. » Et éventuellement, d’un shoot terrible, casser les vitres ayant le malheur de se trouver entre deux platanes ? Le jardin public situé à deux pas de l’école David-Johnston, et que Sempé adorait, a aussi pu servir de stade à lui et sa bande.

Peu importe l’endroit où Sempé a perfectionné son art du dribble, ces fameuses parties de football du Petit Nicolas sont racontées de manière si précise et réaliste que n’importe quel enfant ayant joué au foot « sauvage » s’identifie. Entre Alceste, le copain en surpoids qu’on désigne toujours comme gardien, Geoffroy qui est aussi bien équipé qu’il joue mal, Maixent « qui a de grandes jambes avec des gros genoux sales et qui court très vite » ou encore Agnan qui fait l’arbitre parce qu’il a des lunettes, toute la galerie de l’équipe-type d’une cour de récré est représentée. Si c’est bien la plume de Goscinny qui décrit les péripéties du Petit Nicolas, elles sont le résultat de souvenirs d’enfance partagés entre l’écrivain et le dessinateur. Et démontrent une véritable expertise en matière de compte-rendu de matchs du mercredi après-midi. Preuve que Sempé inspirait Goscinny dans la rédaction de ses histoires, dans la nouvelle sobrement intitulée « Le Football » , parue dans Les récrés du Petit Nicolas, Nicolas raconte comment son papa, exaspéré de voir son fils et ses copains se bagarrer sur le terrain au lieu de jouer, décide de les discipliner : « Alors, on lui a expliqué comment on avait formé l’équipe et papa a dit que ce n’était pas mal, mais qu’il faudrait qu’on s’entraîne et que lui il nous apprendrait parce qu’il avait failli être international (il jouait inter droit au patronage Chantecler). Il l’aurait été s’il ne s’était pas marié. Ça, je ne le savais pas ; il est terrible, mon papa. » Au moins aussi terrible que son dessinateur. Repose en paix, Sempé.

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Mathias Edwards

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