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Ici, c’était Cavani : le Matador raconté par ceux qui l’ont côtoyé à Paris

Propos recueillis par Florian Lefèvre et Steven Oliveira
Ici, c’était Cavani : le Matador raconté par ceux qui l’ont côtoyé à Paris

Ce mercredi soir, à Old Trafford, Edinson Cavani - qui a claqué un doublé victorieux avec Manchester United le week-end dernier - retrouvera le Paris Saint-Germain, où il a laissé une trace indélébile. Ceux qui l'ont côtoyé pendant ses sept saisons à Paris racontent leur Matador.

Nicolas Douchez

Ancien gardien du PSG entre 2011 et 2016

« Le plus impressionnant, chez lui, c’est sa persévérance. Toujours donner 100% de ses capacités. C’est quelqu’un qui ne doute pas. Il a beau rater une action, deux actions, trois actions, il va revenir à la charge pour marquer la quatrième fois, la cinquième, etc. Au-delà d’être un cauchemar pour le gardien de but, c’est un cauchemar pour l’équipe adverse. Quand on a un joueur comme lui capable de se donner à fond, de se battre pour les autres, d’être au service du collectif, évidemment que c’est l’idéal de l’avoir dans son équipe. »


Loïc Perrin

Consultant Téléfoot et ancienne victime du Matador chez les Verts

« Le souvenir que je garde de Cavani, c’est quand le speaker du Parc prenait le micro à chaque fois qu’il marquait : « Edinson… » Et le public reprenait : « CAVANI ! » On l’a entendu deux, trois fois… (Rires.) C’est un joueur qui n’était pas très dangereux quand il était dos au jeu. En revanche, il était très mobile. Là où c’était très difficile de défendre, c’est quand il faisait ses appels dans la surface de réparation. Il part très vite sur les premiers mètres. Il est dynamique et surtout, il sent les choses dans la surface. Des fois, il est capable de louper des buts tout faits, mais il ne lâche rien. Il a faim de buts ! Je ne sais même pas combien il en marqué contre nous… (12 buts contre l’ASSE, N.D.L.R.), mais il n’en avait jamais assez. Même quand le PSG gagnait 4-0, il voulait marquer. Et s’il marquait le cinquième, il le célébrait comme si c’était le premier but. »


Juan Carlos Carcedo

Entraîneur adjoint du PSG entre 2016 et 2018 dans le staff d’Unai Emery

Comme tous les buteurs, il aimait entrer en dernier sur le terrain. Alors il faisait toujours des choses pour prendre son temps et sortir en dernier des vestiaires.

« Zlatan est parti quand nous sommes arrivés au PSG avec Unai. On aurait bien voulu le garder, mais le choix était déjà fait. En revanche, nous avons senti que Cavani était heureux de retrouver l’axe, car c’est son vrai poste. Comme tous les buteurs, il aimait entrer en dernier sur le terrain. Alors il faisait toujours des choses pour prendre son temps et sortir en dernier des vestiaires. Il aimait avoir son petit rituel d’avant-match. C’était facile de lui dire les choses pour lui faciliter les actions offensives. Edinson donnait son avis aussi sur la tactique. Le plus impressionnant chez lui ? L’envie. L’envie de jouer chaque match, de marquer dans chaque match. De faire le meilleur pour l’équipe à chaque fois. Sur le terrain, il ne doute jamais. Il faut dire qu’avec nous il a marqué beaucoup de buts. Il avait beaucoup d’occasions, et même s’il en ratait quelques-unes, tu savais qu’à chaque match il pouvait marquer, car il faisait les bons mouvements. C’est quelqu’un que j’aime bien, car c’est un grand joueur et une grande personne. »


Alec Georgen

Ex-futur espoir du PSG

« Je me suis entraîné quelques mois avec lui. À cette époque-là, j’étais jeune, je venais d’arriver dans le monde pro. Il intègre bien les jeunes. C’est quelqu’un de très professionnel, appliqué. On sent qu’il a le goût du travail. En salle ou sur le terrain, il montre l’exemple. Humainement, c’est quelqu’un d’assez réservé, humble. Qui dégage un charisme. Pas besoin de parler beaucoup, on sent que lorsqu’il prend la parole, c’est bienveillant, toujours avec humilité. »


Didier Domi

Consultant et ancien joueur du PSG

« Entre Zlatan et Cavani, je mets Cavani devant tous les jours. Ibra m’a fait plus kiffer techniquement, mais avant d’être une activité physique, le football est une activité humaine. Le football, c’est les relations que tu construis avec les supporters. Et moi, je sens beaucoup plus de choses avec Cavani. Pourquoi ? Tu ne peux pas l’expliquer. C’est un sentiment, c’est ce qui ressort du joueur. Ronnie, par exemple, n’est resté que deux ans à Paris, mais c’était exceptionnel, son sourire, son joga bonito… Au-delà du talent, le football reste un sport d’émotion.

Entre Zlatan et Cavani, je mets Cavani devant tous les jours

Ce qui définit Cavani pour moi, c’est le mot sacrifice. C’est un gars qui va toujours se sacrifier pour l’équipe, pour son coéquipier. Il a démontré une mentalité irréprochable. Dans un vestiaire, il peut y avoir des états d’âme, mais lui, il ne l’a jamais traduit sur le terrain par un body language négatif. Des couleuvres, il en a avalé, et il a toujours joué pour le bien de l’équipe. C’est une vraie marque de caractère.

Son départ du PSG alors que le club lui proposait de finir la saison ? Je me mets à sa place. Dans sa tête, il se disait : « Oui, j’adore le PSG et j’aurais aimé continuer, mais si je me blesse gravement, c’est la fin de ma carrière. » Je suis intimement persuadé qu’il a pensé comme ça. Et tu ne peux pas lui en vouloir. Pour ma part, ce sera toujours le même attachement. Il fait vraiment partie de la famille PSG. »


Christian Gavelle

Photographe officiel du PSG depuis 1986

« Je me souviens très bien de cet instant où il a marqué contre Montpellier (son 157e but, qui a fait de lui le meilleur buteur de l’histoire du club devant Zlatan, en janvier 2018, N.D.L.R.) devant le virage d’Auteuil. Il a retiré son maillot et enjambé les barrières publicitaires. Le regard d’Edi était focalisé sur la tribune Auteuil. Il regardait les supporters et je pense que si t’étais sur son passage, il valait mieux t’écarter, car tu le prenais comme un camion ! Moi quand il y a un but, ça m’énerve quand les joueurs se tapent dans la main et qu’il y a juste une mêlée. Cavani, dans ses célébrations au Parc, il faisait le spectacle. C’était super photogénique, je trouvais ça génial ! J’ai des photos de lui lors de matchs de championnat lambda où il harangue le public en criant, les poings serrés, en position un peu fléchie, jambes écartées. Autant dans la vie, il est discret, introverti, il te parle tout doucement, autant sur le terrain, il se transforme ! Est-ce que c’était spontané ou opportuniste de sa part ? Je dirais peu importe parce qu’il a donné au public ce dont le public avait envie. C’est la base du football : les joueurs offrent un spectacle au public.

Un jour, dans l’avion, il m’a montré des photos qu’il avait prises lors d’un safari en Afrique. Certaines photos étaient assez sympas, notamment des couchers de soleil. Edi est venu à la photo, parce qu’au départ, il aime la nature, le monde animal. Il a eu envie de capter ces moments-là. Très vite, il a abordé avec moi le fait de mieux s’équiper en matériel photo – ou alors en sortant de l’entraînement, il regardait mon téléobjectif… On a commencé à parler de la profondeur de champ, etc. Par exemple, je lui montrais que ça pouvait aussi être beau d’avoir un animal net avec un fond flou, en lui disant : « Tu vas faire la netteté sur ton flamant rose et prendre une ouverture très grande pour faire ressortir ton flamant rose… » J’avais même proposé à Edi qu’on aille passer une journée au parc de Thoiry pour faire des photos d’animaux. La meilleure période, c’est quand il fait beau, mais avec les différentes tournées d’été, on n’a pas pu trouver une date, malheureusement. Mais je suis toujours partant pour le faire un jour ! »


Vincent Bonomi

Ancien responsable de l’intendance du PSG

On est allé pêcher dans un lac, à côté de Rambouillet. Il y avait aussi sa mère qui était venue. On a fait deux poissons chacun, des petits gardons…

« Edinson, par rapport aux autres joueurs, c’est quelqu’un qui est très proche des gens avec qui il travaille. Entre nous, c’était une relation très simple. On a déjà bu des matés ensemble sur la terrasse du centre d’entraînement quand tout le monde était parti. Quand il est arrivé pour la première fois à l’entraînement à l’été 2013, les terrains étaient en train d’être refaits au Camp des Loges, donc on était à Clairefontaine. Moi, comme j’ai des origines italiennes, j’ai pu l’accueillir en italien. Je pense que ça l’a mis à l’aise. Edinson, c’était tout le temps un grand sourire, des grands bonjours. Dans le vestiaire, c’est quelqu’un d’introverti. Il n’était pas à l’écart pour autant. Il était proche de Pastore et Sirigu, qu’il connaissait depuis Palerme. Dans un vestiaire, c’est l’opposé de Lavezzi, qui est exubérant. Mais c’est la même gentillesse.

Au fil d’une discussion, où il me montrait des photos de lui à la pêche en Uruguay, il m’a demandé si on pouvait pêcher en région parisienne. Je lui ai répondu : « Bien sûr que c’est possible ! » Alors, on s’est planifié ça un jour, en milieu de semaine, à la fin de l’entraînement. On est allé pêcher dans un lac, à côté de Rambouillet, en pleine nature. Il y avait aussi sa mère qui était venue. Notre matériel ? Une canne et un bouchon, ça s’appelle la pêche au coup. Bon, question pêche, c’était pas extraordinaire, mais ça se voyait que ça lui faisait du bien. Il était calme, posé. On parlait de tout et de rien. On a fait deux poissons chacun, des petits gardons… Ah non, en fait, moi, j’en avais pêché trois, parce que je l’ai charrié le lendemain. (Rires.) Et le week-end qui a suivi, il a marqué deux buts. Le lendemain du match, à l’entraînement, on se croise, il me dit : « Vincent, t’as vu : deux poissons, deux buts ! » Je lui ai répondu : « Si tu veux, je t’emmène à la pêche tous les jours ! » On a bien rigolé… On n’a pas pu y retourner. On jouait tous les trois jours, donc ça devenait compliqué. »


Carlos Muguruza

Ami et patron du restaurant argentin Volver, repère des joueurs sud-américains du PSG dans le quartier de la capitale de Saint-Michel

« Edinson, c’est un type très intègre. Ma rencontre avec lui, c’était juste après sa signature à Paris, en juillet 2013. Diego Lugano, qui était déjà parti du PSG, m’avait dit : « Prends soin de lui. » Le courant est passé tout de suite. Edi, il venait au restaurant avec son frère ou sa maman. Parfois, il venait simplement boire un maté. Il passait par la cuisine, il disait bonjour à tout le monde. Il était toujours attentif aux cuistots, aux employés du restaurant. J’allais aussi parfois chez lui. On parlait de la vie. Il adore les chevaux, la campagne, la nature, chasser. On parlait aussi de football. Ce qu’il venait manger au restaurant ? L’entraña (l’onglet de bœuf, N.D.L.R.), le chorizo, des spécialités de chez nous ! Un jour, il a même enfilé le tablier pour cuisiner le chivito, un sandwich à base de viande typique d’Uruguay. Il donnait des coups de main au restaurant. Il me demandait toujours : « Est-ce que tu as besoin de quelque chose ? » Je me souviens qu’en 2015, le lendemain du huitième de finale à Chelsea, ils sont venus fêter la qualification au restaurant. C’est Javier Pastore qui m’a appelé pour réserver le restaurant et qui a régalé tout le monde. On a fermé le resto pour les recevoir tout l’après-midi. Tous les joueurs du PSG étaient là. À 20h, le service du soir allait commencer, mais ils ne voulaient pas partir, tellement ils étaient bien. C’était une belle journée. »


Olivier Létang

Ancien directeur sportif du PSG de 2012 à 2017

Edi était très facile à diriger. Les grands joueurs, vous n’avez pas de problème avec eux. C’est avec les faux grands joueurs que vous avez des problèmes.

« Edi était très facile à diriger. Les grands joueurs, vous n’avez pas de problème avec eux. C’est avec les faux grands joueurs que vous avez des problèmes d’ego, car ils pensent que ce sont des grands joueurs, alors qu’ils ne le sont pas. Edi n’a jamais eu de problème d’attitude ou de comportement. C’est un Uruguayen. Et les Uruguayens ont cette caractéristique d’être très généreux, de tout donner pour l’équipe. En permanence. Il a toujours fait preuve d’une générosité formidable dans les courses offensives et défensives. Il a tout donné pour l’équipe. La fin de son aventure à Paris ? Quand vous avez un joueur qui a joué au club pendant sept ans, et qu’il en est le meilleur buteur, c’est dommage de ne pas avoir de célébration. Il faut savoir qu’Edi n’avait signé avec personne. S’il s’était fait les croisés ou s’était gravement blessé lors de la reprise de la saison, que se serait-il passé derrière ? Manifestement, les intérêts des uns et des autres n’étaient pas convergents… Et c’est dommage qu’il n’y ait pas eu de happy end. »


Jean-Marc Pilorget

Joueur le plus capé de l’histoire du PSG avec 435 matchs (de 1975 à 1989)

« L’image qui me restera de Cavani au PSG, c’est celle d’un mec qui a fait un honneur monstrueux aux couleurs de ce maillot. J’ai souvent entendu des gens dans la rue, à la télé, à la radio, railler ses performances. Il est passé à travers quelques fois, mais il mérite le respect, déjà parce que son bilan de 200 buts est exceptionnel, et aussi parce qu’il a toujours donné le maximum. Il n’a jamais triché. C’est un exemple pour les jeunes. L’impression qu’il donnait sur le terrain, c’est que c’était agréable pour ses partenaires parce qu’il n’était pas égoïste. Honnêtement, c’est un garçon avec qui j’aurais aimé jouer. Il y a eu dans le passé des buteurs qui n’étaient pas des grands techniciens. Carlos Bianchi, par exemple, sur le plan athlétique, ce n’était pas très fort, sur le plan technique, c’était correct, mais quand il arrivait devant le but, c’était exceptionnel. Cavani – qui est plus complet – est un peu dans cette lignée-là. D’ailleurs, il n’a pas eu la sortie qu’il méritait par rapport à tout ce qu’il a réalisé pour le club… J’espère qu’il ne va pas prendre sa revanche sur ce match avec Manchester… »

Paris, le méridien de Greenwood

Propos recueillis par Florian Lefèvre et Steven Oliveira

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