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Guégan : « Je suis un dévoreur de football »

Propos recueillis par Antoine Donnarieix, à Grenoble
Guégan : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je suis un dévoreur de football<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Qualifié pour les huitièmes de finale de la Coupe de France, où son équipe reçoit jeudi soir le RC Strasbourg, Olivier Guégan est désormais coach du Grenoble Foot 38. Connaisseur des exigences de la Ligue 1, le tacticien développe ses concepts et ses objectifs tout en observant la gifle télévisuelle de l’OM à Bourg-en-Bresse.

La dernière fois que So Foot avait pris de vos nouvelles, c’était à Reims. Qu’avez-vous appris après avoir remplacé Jean-Luc Vasseur à la tête d’un club de Ligue 1 ? Dans cette situation, tu apprends que le rôle d’adjoint, ce n’est pas celui de numéro un. J’étais déjà conditionné pour devenir entraîneur principal, c’était une réelle envie. J’avais pu prendre les rênes de l’équipe, en difficulté à sept journées de la fin de la saison 2014-2015, avec des déplacements compliqués. Mais nous avons gagné à Bastia, à Évian Thonon Gaillard… Après le maintien, nous avons enchaîné : victoire à Bordeaux, à domicile contre l’OM, match nul contre Paris à la maison… Après sont venues les blessures et des concours de circonstances qui ont fait qu’on était bel et bien dans la bataille pour le maintien. Mais les années Ligue 1 sont des années où l’on apprend vite.

Se faire licencier en fin de championnat alors que le club est hors de la zone de relégation, il y avait de quoi être frustré (Reims était 17e de Ligue 1, deux points devant le Gazélec Ajaccio, ndlr). Comment avez-vous réagi à cette éviction ? Reims restera un club très fort pour moi. J’y étais joueur, puis formateur, entraîneur adjoint en Ligue 2, puis en Ligue 1, et enfin entraîneur principal. Je mesure vraiment l’opportunité que j’ai eue de grandir dans ce club. Ma frustration, c’est de ne pas avoir fini la saison. Mais cela reste un choix, je le respecte et je souhaite beaucoup de bonnes choses à Reims. Ma volonté au club, c’était surtout de terminer ma formation et de valider mon BEPF.

Vous êtes à Grenoble depuis 2016. Comment un entraîneur issu de la Ligue 1 signe-t-il en CFA, soit trois échelons en dessous, quasiment dans la foulée ? J’avais une réelle volonté de créer quelque chose, et aussi de me prouver des choses. J’avais entraîné une Ligue 1, mais c’était mon premier poste. Ce n’est pas si évident… Je voulais un vrai projet avec de grandes ambitions, et je voulais poser ma patte sur ce projet. C’est clair que c’est un pari risqué, car quand tu es en CFA, on peut être vite oublié. Mais si je suis venu, c’est parce que je connais le potentiel grenoblois. Que ce soit au niveau du public, au niveau économique… D’une certaine manière, c’est un projet qui ressemble à celui initié par le RC Strasbourg. Ça peut aller très vite dans la progression. Après, il y a des étapes à franchir.

Les années Ligue 1 sont des années où l’on apprend vite.

Après les tentatives d’Olivier Saragalia et de Jean-Louis Garcia, vous êtes le coach qui est enfin parvenu à faire monter le GF38 de la CFA vers le National l’an passé. Quelle était la formule pour parvenir à un tel dénouement ? Je suis arrivé avec plein de dynamisme et d’esprit de découverte. En CFA, je voyais beaucoup de nouveaux joueurs, un nouveau staff et un nouvel environnement. Ce qu’il faut, c’est amener un maximum de positif dans le lancement du projet, car en CFA, c’est uniquement le premier de chaque poule qui accède au niveau supérieur. L’an passé, le GF38 était à chaque fois attendu, car nous étions l’ogre de la division. Mais les joueurs se sont très bien comportés, avec une attitude exemplaire et ils ont pris confiance dans leurs capacités. Et depuis, on poursuit sur cette dynamique. Aussi, j’ai eu la chance d’avoir un président qui m’a tout de suite compris, avec Stéphane Rosnoblet, et un directeur sportif comme Max Marty avec lequel j’ai travaillé main dans la main. Nous sommes un trio dont les prises de décision sont très rapides et efficaces sur tous les dossiers.

Dans une précédente interview, vous aviez expliqué que le coach parfait était « un mélange entre le charisme de Pochettino, le leadership de Simeone et l’intelligence de Garcia » . Pourquoi ? Pendant ma période de formation à Reims, j’en ai profité pour voyager et apprendre aux côtés des équipes étrangères, histoire de voir comment ils travaillaient. Je suis allé à Southampton et à Tottenham analyser les méthodes de Pochettino, à Madrid pour étudier Simeone et à Rome pour parler avec Rudi Garcia. Si j’allais dans ces coins-là, c’est que j’étais en immersion complète avec eux. Cela se faisait par des connaissances au sein de chaque effectif. Par exemple, l’entraîneur adjoint de Garcia est l’un de mes meilleurs amis. J’ai eu cette chance et j’ai adhéré à beaucoup de leurs préceptes.

Et les principes d’Olivier Guégan dans tout ça, ils ressemblent à quoi ?Au niveau où j’exerce à l’heure actuelle, et même en Ligue 1 d’ailleurs, tu t’adaptes toujours à l’effectif que tu possèdes. Après, tu essaies de le modifier et le bonifier en fonction de ton ressenti personnel, de ta philosophie de jeu. Mais là, je te parle d’une période de deux ou trois ans minimum… Il faut qu’on puisse te laisser cette liberté d’action. L’an dernier, on était dans la construction, et cette année, cela commence à ressembler à ce que je recherche. À Reims, j’avais déjà des joueurs avec de longs contrats et une exigence rapide de résultat. Ici, à Grenoble, les joueurs ne possèdent qu’un an de contrat et l’équipe est plus facilement modifiable en fonction de tes besoins. Il y a une grosse marge de progression, c’est là que je trouve ce challenge intéressant. Personnellement, je suis un adepte du jeu de transition, c’est-à-dire que j’aime un football total et engagé. J’aime lorsque mon équipe est dans la partie haute du terrain, qu’elle harcèle l’équipe adverse en phase défensive. J’aime le jeu très vertical pour se projeter rapidement vers l’avant, comme j’aime avoir un temps fort en phase de possession.

Je suis allé à Southampton et à Tottenham analyser les méthodes de Pochettino, à Madrid pour étudier Simeone et à Rome pour parler avec Rudi Garcia. Si j’allais dans ces coins-là, c’est que j’étais en immersion complète avec eux.

Ça se rapproche bien de Pochettino… Clairement. J’adhère beaucoup à ce qu’il produit et fait à Tottenham.
Donc vous vous verriez bien rester à Grenoble sur le long terme ? Je suis au début d’une histoire que nous avons amorcé à trois il y a un an. Grenoble, c’est un club qui doit retrouver le monde professionnel. L’élite, cela concerne 40 clubs en France. Donc sortir du National rapidement, c’est un objectif. Si nous avons l’opportunité de le faire dès cette année, ce sera du très bon boulot. Il ne faut pas oublier aussi notre équipe réserve, qui est en passe de monter à nouveau. Si on fait coup double sur deux ans, ce serait extraordinaire. L’idée, c’est de relancer notre centre de formation. On travaille sur l’achat d’un terrain et nous avons une enveloppe pour construire le futur complexe sportif. En clair, beaucoup de feux sont au vert. Pour l’instant, je suis investi à fond dans ce projet grenoblois.

Dans votre méthode de travail, êtes-vous plutôt du genre à vous instruire grâce aux livres sur le football ou à passer des heures sur la vidéo ? Je suis un dévoreur de football. Que ce soit sur internet, via des livres, des matchs… J’échange aussi beaucoup avec des gens de ma corporation. Je suis un jeune entraîneur, et j’aime bien comparer nos ressentis, parfois même être conseillé. J’ai ma philosophie et mes convictions, sans avoir pour autant des certitudes. Bien sûr qu’on doit s’inspirer de Guardiola ou Ferguson… Mais si nous avons la même passion, ce n’est pas le même métier ! (Rires.) On ne parle pas de la même gamme de joueurs, ni du même environnement, ni des mêmes contraintes. Quand je suis allé voir Pochettino à Southampton, j’étais formateur à Reims. Si j’y suis allé, c’était parce certains de leurs principes étaient adaptables aux nôtres : les séances d’entraînement filmées, l’individualisation du travail au poste… Ce sont des techniques qui me servent toujours à l’heure actuelle.

À présent, le club s’apprête à jouer un huitième de finale de Coupe de France face à Strasbourg et siège en troisième position de National, à une place de barragiste. Si vous devez faire un choix pour cette fin de saison, vous prenez la finale au Stade de France ou la montée en Ligue 2 ? C’est trop facile de choisir. La première chose, c’est que nous aurons ce que l’on mérite. Nous sommes compétiteurs, et tous les matchs que nous faisons sont dans l’objectif de gagner. Il n’y a pas de choix préférentiel. Un parcours en Coupe de France est énergivore… Là, par exemple, nous avons deux blessés et deux suspendus pour jeudi. Mais cela fédère aussi beaucoup d’énergie positive, et à long terme, cela a une influence positive sur le championnat. La seule chose, c’est qu’il va falloir bien gérer ce match contre Strasbourg, car le dimanche à 15 heures, je prends en compte que nous jouerons Créteil à domicile en championnat. Après, quoi qu’il arrive, on va jouer contre Strasbourg pour créer l’exploit. C’est un huitième, derrière ce sont les quarts… Pour l’instant, je pense que nous sommes capables de jouer sur les deux tableaux.

C’est trop facile de choisir. Nous aurons ce que l’on mérite. Nous sommes compétiteurs, et tous les matchs que nous faisons sont dans l’objectif de gagner.

Si on se tient aux matchs joués en 90 minutes, Grenoble reste sur trois matchs sans victoire (une défaite à Boulogne, un match nul à Biesheim en Coupe de France, un nul à Dunkerque, ndlr). Dans quel état physique et mental abordez-vous la venue d’un club de Ligue 1 au stade des Alpes ? Avec de la sérénité et du plaisir. Sans parler du résultat final, c’est un match qui est en configuration Ligue 1, c’est-à-dire que le club va acquérir de l’expérience. Que ce soit au niveau du staff, de la direction et de l’effectif. Tout cela, c’est hyper positif. Après, il faudra être à 200% dans le match et espérer que Strasbourg ne soit pas au top. Là, ils viennent de perdre cinq matchs de Ligue 1 sur les six dernières journées, en encaissant plus de deux buts par match en moyenne. Mais attention, cela reste du niveau Ligue 1 ! On va devoir être performants dans tous les domaines et profiter des opportunités sur coup de pied arrêtés. On y va sans pression.
À l’avant-veille de ce match, plus de 10 000 places sont déjà vendues sur les 20 000 que propose le stade, sans oublier le parcage visiteur réservé aux Strasbourgeois. C’est déjà bien plus que l’affluence moyenne de 4000 spectateurs depuis le début de saison… Comment est-ce qu’on prépare ses joueurs à connaître une grosse ambiance ? Le message principal à faire passer, c’est de garder une certaine tranquillité. Les joueurs le savent, ils doivent être à leur niveau, voire un peu au-dessus, mais ils doivent être surtout engagés, ne pas calculer tout ce qui les entoure et jouer en toute simplicité. Nous avons travaillé, nous savons où il faut appuyer pour leur faire mal… Ce qu’il faudra ajouter au stade, c’est de la folie !

Dans cet article :
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Propos recueillis par Antoine Donnarieix, à Grenoble

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