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Grenade explose de bonheur
Dans quelques mois, la Liga accueillera un club avec un propriétaire italien, un coach moustachu et un président qui sera le plus jeune de l'élite du football espagnol. Focus sur la renaissance de Grenade vainqueur des premiers play-offs organisés en Espagne.
Il aura fallu attendre 35 ans, quatre matchs de play-off, quatre pénaltys ratés, six poteaux et un but du nigérian Ighalo pour que le Grenade Football Club retrouve la première division espagnole. Le moins que l’on puisse dire c’est que le chemin des Andalous fut long, dur et laborieux. En 2000, le club est menacé de disparition à cause de ses dettes. A l’époque, les présidents se succèdent, les joueurs font grève pour réclamer leur salaire et le stade de Las Carmenes ressemble à celui de Louis II en plein mois d’août. C’est dur, mais Grenade ne fait plus alors partie du paysage footballistique espagnol et le pire c’est que tout le monde s’en fout. En 2005, Manuel Benito président intérimaire du club a une idée de génie. Faire appel à Lorenzo Sanz. L’ancien président gominé du Real Madrid version Mijatovic et Suker a beaucoup d’argent, des relations, un égo à contenter et des fils à placer. Lorenzo, refuse de reprendre le club car il est alors en négociations pour racheter Parme, mais propose aux dirigeants de Grenade de faire confiance à son fils Francisco. Lorenzo Junior, le rejeton prodigue du clan, est déjà président de Malaga, du coup c’est Francisco qui s’y colle.
Celui qui a connu trois clubs (Oviedo, Santander et Majorque) mais qui n’a jamais disputé le moindre match de Liga arrive en Andalousie avec plein de bonne volonté et une promesse : « J’espère être un meilleur président que le joueur que j’étais. Ca ne va pas être dur » . Durant son mandat, le club andalou arrive à quitter la quatrième division pour la Segunda B, mais les problèmes d’argent sont loin d’être résolus d’autant que le darron se fait choper par la guardia civil avec 1 million d’euros en petites coupures et des tableaux de maitres dans le coffre de sa Merco-Benz. Une cargaison à l’origine douteuse qui finit par fragiliser la position de Francisco à la tête du club. En guise d’adieu, ce dernier ira mettre un coup de boule à l’un des directeurs adjoints du club… Un mal pour un grand bien. En 2009, les socios donnent en effet leur feu vert pour que le club devienne une société anonyme sportive (SAD, en espagnol). C’est le seul moyen d’attirer un investisseur capable d’éponger la dette et de remettre Grenade sur les rails. Quique Pina pointe alors le bout de son nez. A l’époque ce dernier est président du Ciudad de Murcia un club qu’il a créé de toutes pièces en 1999.
Après avoir raté de peu la montée en 2006, Pina demande au maire de Murcia ( Miguel Angel Camara du Partido Popular) de bien vouloir lui vendre des terrains pour que le club continue à exister. Le politicien refuse et Pina décide de vendre le club à un homme d’affaires madrilène, Carlos Marsa, qui s’empresse de transférer la raison sociale du club à Grenade. Ciudad de Murcie est alors rebaptisé Grenade 74 CF SAD. Le CP Grenade 74, dont Marsa est aussi président, devient du coup le club filiale de la première franchise de l’histoire du football espagnol. Ca ne va pas durer longtemps puisque la fédération espagnole, la FIFA, et l’UEFA interdisent aux deux clubs de prendre part aux compétitions considérant qu’il s’agit d’une montée économique contraire à l’éthique sportive. Les deux Grenades disparaissent alors définitivement et laisse sans rival le Grenade FC. Quique Pina, qui a été intermédiaire sur plusieurs transferts de joueurs comme ceux d’Ivan Helguera à la Roma ou de Saviola au Barça, ouvre son carnet d’adresse et convainc Gino Pozzo, le propriétaire de l’Udinese, de devenir proprio du club andalou en 2009. Le club italien va alors refiler un bataillon de jeunes promesses au club espagnol. Les résultats ne se font pas attendre, puisque Grenade réussit à réintégrer la deuxième division espagnole, 22 ans après l’avoir quittée. Personne n’imagine alors que Grenade va ambiancer la deuxième division espagnole.
En début d’année le recrutement de Grenade fait grand bruit en Espagne. Il faut dire que le club réussit à convaincre l’Udinese de lui prêter 7 de ces joueurs, notamment le serial buteur suisse Alex Geijo, le chilien Orellana et le ghanéen Mensah. Après un début de saison délicat, les hommes de l’entraineur moustachu Fabri vont réussir à gagner le respect de leurs adversaires en mettant notamment des roustes au Barça B de Luis Enrique ou encore au Betis d’Emana. Solide défensivement, bien organisé en milieu de terrain et particulièrement saignant en attaque, Grenade arrive surtout à gagner son ticket pour les play-off en faisant de Las Carmenes une forteresse imprenable. Après avoir facilement balayé le Celta Vigo, les andalous affrontent Elche, le Poulidor du football espagnol de seconde zone, en finale de play-off. Pendant 180 minutes, les deux équipes vont faire la nique au fair-play et livrer des performances toutes en testostérone. Qu’importe. Malgré les provocations couillues de Fabri à l’encontre du public d’Elche, la transformation du terrain en énorme fight-club au coup de sifflet final ou le bus caillassé des Andalous à la sortie du stade, l’essentiel est là : Grenade est de retour parmi l’élite.
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