- CM 2018
- Qualifs
- Luxembourg-France (1-3)
Giroud, la tête bien faite

Auteur de deux nouveaux buts avec les Bleus au Luxembourg, Olivier Giroud en a profité pour devenir le dixième meilleur buteur de l’histoire de l’équipe de France. Sûrement insuffisant pour faire taire les critiques, mais une preuve supplémentaire de son mental à toute épreuve et de son utilité en sélection.
C’est loin d’être le plus esthétique de ses buts. D’ailleurs, le centre est presque plus beau que la réalisation en elle-même. N’empêche que la détente est parfaite, le timingtout autant, et que la tête est suffisamment puissante pour faire honneur à l’offrande de Benjamin Mendy. Voilà, c’est fait : Olivier Giroud vient d’inscrire son deuxième but personnel de la soirée contre le Luxembourg, ce qui donne un bilan total de 23 pions avec les Bleus, et atteint la dixième place des meilleurs buteurs de l’histoire de sa sélection. Devant des mecs comme Éric Cantona, Raymond Kopa, Franck Ribéry, Antoine Griezmann, Nicolas Anelka ou encore Robert Pirès. Un classement qui ne veut pas dire grand-chose au vu des situations, des périodes d’activité et des postes spécifiques à chacun, mais qui relève quand même de la symbolique. Surtout pour un joueur décrié par beaucoup, depuis longtemps, sans qu’on n’ait jamais véritablement compris pourquoi.
Alors non, le Gunner n’a pas fait basculer sa cote de popularité. Ce serait trop simple. Qu’il mette un quintuplé ou qu’il fasse dix passes décisives dans la même rencontre ne changera de toute façon jamais rien. Quoi qu’il arrive, Giroud reste et restera désormais le bouc émissaire, l’homme sur lequel on aime taper, la gueule qui ne nous revient pas, celui qui doit prendre pour les autres. Qu’il ait un meilleur ratio en équipe de France que Karim Benzema (0,38 but par match contre 0,33), que Youri Djorkaeff (0,34) ou que Sylvain Wiltord (0,28) et qu’il possède quasiment le même que Thierry Henry (0,41) importe peu, finalement. D’un côté, tant mieux : l’énergie de ses détracteurs en ressort moindre pour aller cracher sur ses partenaires. De toute façon, « il ne marque que contre des petites équipes et n’apporte rien au jeu » , répondront les plus vilains. Là-dessus, Didier Deschamps pourrait en revanche leur répondre.
Attaquant fiable
Car en bon seigneur du pragmatisme, l’entraîneur ne lâchera pas de sitôt son avant-centre. Ce dernier soignerait ses statistiques uniquement contre des adversaires de bas étage ? OK, la défense luxembourgeoise n’est pas la meilleure d’Europe. Mais encore faut-il les coller, ces pions. Et il faut bien un gars pour les faire exister. Samedi soir, l’ancien Montpelliérain n’a pas tremblé, au contraire des filets, et ses deux goalsont fait énormément de bien aux siens, mine de rien. Il ne fait que son boulot ? D’autres auraient fait aussi fort ? Oui, mille fois oui. Mais alors, reconnaissons justement enfin qu’il fait le taf, et qu’il le fait sans emmerder personne. Il disparaît le reste du temps ? Mais bordel, ce n’est pas le propre d’un buteur que de marquer deux fois dans une partie ennuyeuse, sans trop d’occasions, juste pour choper trois points et zapper la manière ?
En vérité, le gars sûr de DD semble avoir accepté le fait qu’il demeurerait un pestiféré pour une partie de la population de son pays. Et, dans une moindre mesure, par certains acteurs du football (coucou Wenger). Il a compris depuis belle lurette que sa capacité à être décisif ne lui offrira pas une étiquette d’indiscutable et qu’il devra constamment prouver qu’il sert à quelque chose en combattant les vents contraires. C’est au moins sur ce point que tout le monde sera d’accord : la force mentale du bonhomme est remarquable et rend service à l’EDF depuis maintenant plus de six ans. « Quoi qu’on dise à mon sujet, je garde ma ligne directrice qui est le terrain et le travail avec humilité » , a-t-il sobrement réagi après la partie, sans vouloir attiser un feu dont aucun pompier n’a encore trouvé la provenance. Si sa gueule l’a trahi, il peut au moins remercier ce qu’il y a dedans.
6 docus foot à voir sur Society+ !Par Florian Cadu