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« Gignac devrait jouer en France, en Europe »

Propos recueillis par Thomas Goubin
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Pilier de l'Albiceleste de Bielsa, et de la Lazio championne d'Italie, en 2000, l'ex-milieu Matías Almeyda officie désormais au Mexique, où il entraîne les Chivas Guadadalajra. Deuxième volet de notre entretien dédié à Almeyda, le joueur, et au Mexique.

Sur le terrain, vous vous distinguiez par votre grinta. D’où vous venait cette mentalité de jouer chaque ballon comme s’il s’agissait du dernier ? En fait, techniquement, j’étais un joueur moyen, mais j’avais un amour-propre supérieur à la grande majorité. Un moment, je me suis fixé comme but de devenir le meilleur milieu de terrain de Serie A et j’y suis parvenu. Une de mes grandes qualités était de connaître mes limites. Je savais que mon jeu long était insuffisant, alors je me contentais de m’appliquer sur mes passes courtes. À la Lazio, par exemple, les transversales, c’était pour Verón.

Les triangulations entre la Lazio et Parme étaient courantes, entre Cragnotti et Tanzi, les deux propriétaires, mais, moi, je ne voulais pas partir, la Lazio était ma maison. J’ai quitté le club en pleurs.

Parlons de cette Lazio justement. Pourquoi était-elle si compétitive ?En trois ans, on a gagné sept titres. On avait d’abord remporté la Coupe des coupes, la Supercoupe d’Europe, et la Coupe d’Italie, entre autres, mais il nous manquait le Scudetto. La deuxième année, on perd le titre d’un rien, d’une manière terrible, alors qu’on avait sept ou huit points d’avance sur le Milan AC à sept journées de la fin. La troisième année fut finalement la bonne. L’impressionnante campagne de recrutement du club a bien entendu aidé : Sensini, Verón, Simeone… L’équipe a gagné en qualité. Cette saison, les vingt-quatre joueurs de l’équipe étaient internationaux, mais en face, on avait la Juventus avec Zidane, Montero, Inzaghi… Les effectifs du Milan AC, de l’Inter, et même de la Roma étaient tout aussi impressionnants.

Vous gagnez le titre lors de la dernière journée. Quels souvenirs conservez-vous de ce moment ?À la dernière minute même, puisqu’on dépendait des résultats des autres. Je me rappelle avant tout des gens. On jouait tous nos matchs devant 70 000 à 80 000 spectateurs. C’était impressionnant. Lors du dernier derby que j’ai vu, il y avait 7 000 spectateurs au stade olympique, j’ai trouvé ça vraiment triste.

Que retenez-vous de Sven-Göran Eriksson, le seul entraîneur que vous avez connu à la Lazio ?Sa gestion du groupe. On était 24 joueurs de sélection et tous étaient contents. J’ai appris de sa tranquillité, de sa patience, de sa capacité à dialoguer. Sa méthodologie était aussi novatrice. La première année, il a débarqué sans préparateur physique. Le travail physique se basait simplement sur des exercices avec ballon.

La saison du titre, tout va bien pour vous, et vous marquez même un but d’anthologie au jeune Buffon.Oui, ce but nous a même permis de prendre la tête de la Serie A, c’était un golazo. Je ne sais pas si les tifosi l’ont vraiment fêté ou s’ils se moquaient de moi, car ils étaient habitués à me voir tirer simplement pour éviter une situation de contre-attaque. Enfin, ce jour-là, c’est retombé en pleine lucarne. Une saveur spéciale.


Une fois champion, vous avez quitté la Lazio. Pourquoi ?Ce fut étrange, je venais de prolonger mon contrat, et après trois mois, on m’a dit que tout était prêt pour que j’aille à Parme avec Sergio Conceição. Plusieurs joueurs d’un même représentant allaient arriver à la Lazio : Crespo, Mendieta… En fait, les triangulations entre la Lazio et Parme étaient courantes, entre Cragnotti et Tanzi, les deux propriétaires, mais, moi, je ne voulais pas partir, la Lazio était ma maison. J’ai quitté le club en pleurs. Finalement, à Parme, on m’a dit que l’opération allait générer beaucoup d’argent et qu’ils pouvaient donc me payer généreusement. J’ai alors demandé un salaire démesuré en pensant qu’ils allaient refuser, et ils ont accepté. (Rires)

Pour moi, le prix de mon transfert à Séville était absurde. Barcelone n’avait pas payé plus cher pour Ronaldo, qui a marqué quarante buts, et moi, j’ai dû faire une passe décisive.

C’est ce genre d’événements qui ont contribué à votre retraite prématurée…
Oui. Franchement, je ne sais pas qui je gênais à la Lazio. J’étais le cœur de cette équipe. Les supporters brandissaient une banderole qui disait « on veut onze Almeyda » . Il y avait de meilleurs joueurs que moi dans cette équipe, c’est certain, mais ce sont mes actions qui électrisaient le public. Je sentais que j’étais au sommet de ma carrière. J’étais ami avec le jardinier, avec tout le personnel du club, je restais à manger avec eux le midi. C’était ma maison. Il me restait quatre ans de contrat quand j’ai dû partir. Ça m’a fait mal.

Avant la Lazio, il y eut le FC Séville, où vous arrivez avec le pesant statut de joueur argentin le plus cher de l’histoire…Ça a été une des premières baffes de ma carrière. Pour moi, ce prix était absurde. Barcelone n’avait pas payé plus cher pour Ronaldo, et Ronaldo a marqué quarante buts. Moi, j’ai dû faire une passe décisive (rires). En arrivant, j’ai insisté pour dire que ce n’est pas moi qui avais décidé de mon prix, mais cela n’a pas dissuadé les gens de m’insulter. Vu le montant de mon transfert, ils pensaient que j’étais un joueur créatif. Reste que j’étais tout de même performant. Ce n’est pas pour rien que la Lazio m’a recruté. Je conserve un souvenir amer de ce passage à Séville, mais ce fut un bon apprentissage.

Pour moi, la LigaMX est juste derrière l’Allemagne, l’Angleterre, l’Espagne, l’Italie et la France. Beaucoup d’équipes mexicaines sont meilleures que les européennes.

Quel est le meilleur joueur avec lequel vous avez joué ?Je pourrais presque citer tout l’effectif de la Lazio championne d’Italie : Nedvěd, Nesta, Mancini, Salas, Mihajlović, Stanković, Bokšić. Parmi mes rivaux, je pourrais citer Ronaldo, Zidane, mais celui que j’aimais retrouver en face, c’était Edgar Davids. C’était mon vis-à-vis sur le terrain. On se tuait, mais avec loyauté. C’était viril, on se rendait coup pour coup, mais sans se plaindre, sans en rajouter, et à la fin du match, on se saluait. Ensemble, on aurait fait un bon duo. Qui aurait pu nous passer ? (Rires)

Comme entraîneur, quelles sont les équipes qui vous plaisent aujourd’hui ?Barcelone, depuis longtemps, car la réussite de ce club nous indique qu’il faut croire aux projets, qu’ils finissent par porter leurs fruits. J’aime beaucoup comment joue le PSG aussi, et j’aimais beaucoup le Manchester United de Ferguson. Enfin, j’aime aussi beaucoup Chivas. (Sourire)

Je pense qu’Ocampos aurait percé si Bielsa était resté.

Au public français qui ne voit pas vos matchs, comment décririez-vous les Chivas d’Almeyda ?Il faut déjà savoir qu’on ne joue qu’avec des Mexicains, car nous ne pouvons recourir aux étrangers comme les autres équipes (le onze type des Tigres de Gignac compte, par exemple, cinq joueurs nés à l’étranger, nda). Chivas est une équipe qui joue avec une agressivité extra, c’est l’équipe qui attaque le mieux, qui se crée le plus d’occasions. Je trouve cela très positif. Et on a encore une bonne marge de progression devant nous.

Il est toujours difficile de comparer, mais quel est le niveau de la LigaMX par rapport aux championnats européens ?Pour moi, elle est juste derrière l’Allemagne, l’Angleterre, l’Espagne, l’Italie et la France. Beaucoup d’équipes mexicaines sont meilleures que les européennes. En Hollande ou au Portugal, il y a deux ou trois équipes qui sont au-dessus des autres, alors qu’ici, c’est difficile, il n’y a pas vraiment de petites équipes. Il y a beaucoup de bons joueurs, de bonnes infrastructures, ça joue bien au foot, ça paie bien. Je dis souvent aux journalistes mexicains qu’ils ne valorisent pas assez leur championnat.

Vous avez affronté les Tigres de Gignac en début de championnat, mais le Français n’avait pu jouer (intoxication alimentaire). Avant d’apprendre son forfait de dernière minute, quelles consignes aviez-vous données à vos joueurs pour le canaliser ?Je leur ai dit qu’il ne fallait pas lui laisser le moindre espace, car il raisonne bien, anticipe bien, et exécute parfaitement. C’est un joueur de sélection, qui fait de grandes différences. Mais je crois qu’il a choisi le Mexique, car il décline physiquement. Je crois qu’il ne doit pas se contenter de ce qu’il réalise ici.

Vous voulez dire qu’il devrait revenir en Europe ?Ce qu’il réalise ici est remarquable, j’aime beaucoup ce joueur, mais ici, on ne marque pas comme dans un top championnat européen. Un attaquant a plus d’espaces, de facilités. Il devrait jouer en France, en Europe, il a le niveau pour.

Pour terminer, un autre sujet qui nous ramène à la France. À River Plate, vous aviez lancé le jeune Lucas Ocampos, qui se trouve en échec à Marseille. Comment l’expliquez-vous ?J’étais encore joueur quand je l’ai connu lors d’un entraînement où des jeunes du centre de formation avaient été appelés en renfort. Ce jour-là, il m’a mis deux petits ponts, ça m’a marqué. Juste après, je deviens entraîneur, et je voulais un joueur de son genre. On m’en amène dix, mais quand je l’ai reconnu, je l’ai immédiatement intégré à notre pré-saison. C’était un taureau. Je le faisais jouer milieu gauche, c’était un joueur qui multipliait les allers-retours sur son aile, il était bon de la tête, et quand il repiquait dans l’axe, il montrait des qualités de buteur. Monaco ne l’achète pas pour rien pour une somme assez importante. Après, une fois à Marseille, je pense qu’il aurait percé si Bielsa était resté. Il est encore jeune, ce genre de creux dans une carrière est courant, mais son potentiel est intact. Il faudrait que j’aille en France pour le diriger. (Rires)

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Propos recueillis par Thomas Goubin

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