Genoa, la surprise du chef
On attendait la Roma, la Fiorentina, voire l'Udinese. Derrières les trois gros, le quatrième larron s'appelle pourtant le Genoa. Eh oui. Explications.
25 ans. Cela faisait un quart de siècle que le Genoa n’avait pas été mieux classé en Serie A que la Sampdoria, son ennemi juré. Suffisant pour déclencher une crise du côté de l’ancien club de Vialli et Mancini, piteux quinzième avec 20 points, une défaite concédée ce week-end à domicile contre Palerme et un Cassano sifflé par le public.
Suffisant, surtout, pour que l’on se penche un peu plus en avant sur le cas Genoa. Soit un club historique mais malmené depuis des décennies, et qui pointe à la quatrième place du championnat, à deux points du Milan AC. Des gars qu’on attendait du côté du maintien et qui croisent en zone Champion’s league. Chelou. Alors, c’est quoi le secret du Genoa ?
D’abord, un drôle d’effectif de revanchards. Visez donc ça : Thiago Motta, 26 ans, passé par le FC Barcelone et l’Atletico Madrid, deux clubs où les supporters l’ont pris en grippe ; Matteo Ferrari, 29 ans, ex-grand espoir italien au poste de défenseur central, mais qui n’a jamais su s’imposer ni à l’Inter, ni à Parme, ni à la Roma ; Ruben Oliveira, 25 ans, dont il ne faut pas parler aux tifosi de la Juve ; Luciano Figueroa, 27 ans, 15 sélections en équipe d’Argentine avant le naufrage. Plus des jeunes qu’on annonce gros, mais qui ont déjà trouvé le temps de se faire botter le cul de Florence (Vanden Borre) ou de la Juventus (Paro, Criscito, Palladino). Bref, une version Ligure des 12 salopards. Théoriquement, dès que des types comme ça se mettent à jouer ensemble, ils peuvent être dangereux. Pile dans la mimine : depuis le début de la saison, il n’y a pas plus dangereux que les hommes du Genoa pour renverser du gros dans le calcio.
Ensuite, il y a l’entraîneur. Si vous ne connaissez pas Giamperio Gasperini, c’est normal : il n’est pas très connu. Mais c’est dommage. Gasperini, 51 ans, entraîneur en chef du Genoa depuis trois ans maintenant, c’est le type qui se pointe en interview devant les darons réalistes de la Repubblica et leur annonce tranquille que oui, « le spectacle et les résultats peuvent aller de pair » .
Avant de jouer à Diogène, Gasperini a été joueur de football, pour la Juventus de Trappatoni, Palerme et Pescara. Puis opérateur financier, « une période où je ne fermais pas l’œil de la nuit » . Après, il a pris place sur le banc des jeunes espoirs de la Juventus et a enchaîné avec les pros de Crotone.
Le football, pour lui, c’est le plaisir avant tout : « Il ne faut pas exagérer avec la pression, on ne risque pas notre peau » . Aujourd’hui, il fait jouer son équipe en 3-4-3 et s’attire les félicitations de Diego Armando Maradona, qui a vu l’autre jour le Genoa évoluer en Coupe d’Italie contre l’Inter, à San Siro. « Une équipe bien organisée, mais qui surtout arrive à divertir le spectateur » , selon le Pibe.
Enfin, il y a Diego Milito. 15 matches, 12 buts. Toute l’Europe a beau se demander pourquoi ce gars-là n’est pas au Real Madrid ou à Manchester United, la vérité est sous nos yeux : il est né au Sud de Buenos Aires, une ville créée en partie par des marins génois. Il a déjà joué au Genoa lorsqu’il était jeune, en 2003 – sa première étape européenne. Le Genoa est descendu à la fin de cette année-là de Serie B en Serie C (repêché ensuite administrativement), il est donc parti, mais il a promis de revenir. Ce qu’il a fait deux ans plus tard, cet été. Depuis, Diego Milito fait le buteur ouvrier, dans un style voisin de ceux de Pauleta ou Pandiani : jamais glamour, toujours bien placé. Un bon résumé de son club.
Ennio Gnocchi
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