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Franck Dja Djédjé : « Si j’avais pu signer dans un club pour 10 ans, je l’aurais fait »

Propos recueillis par Alexandre Doskov
Franck Dja Djédjé : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Si j&rsquo;avais pu signer dans un club pour 10 ans, je l&rsquo;aurais fait<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Formé au PSG comme Brice, son petit frère, Franck Dja Djédjé a ensuite connu des voyages incessants, quelques galères et quelques coups du sort. Arrivé au Qatar à l'approche de ses 30 ans, il regarde derrière tout en gardant ses ambitions pour le futur, sans oublier de mettre quelques points sur les I.

Bonjour Franck, meilleurs vœux pour cette année. Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour 2016 ?Me souhaiter beaucoup de buts, et que je fasse monter mon club en première division comme je sais bien le faire.

Oui, on parle beaucoup de joueurs qui vont dans des équipes au Qatar, mais toi, tu joues dans une équipe de deuxième division. Ça donne quoi, le niveau de jeu ?Il équivaut à un bas de deuxième division française.

Donc la première division qatarie ressemble selon toi à ce qu’on peut trouver dans les championnats européens ?Tout à fait. Dans le temps, c’était plus faible. Mais maintenant, vu les joueurs de grande qualité qui viennent jouer ici, ce n’est plus des joueurs qui viennent pour la retraite. Ça ils ont compris, ils veulent plus. Ils prennent des joueurs jeunes qui en veulent encore pour pouvoir remonter le niveau du jeu. Et quand je regarde la première division à la télé, ce n’est pas ridicule.

Ça fait 6 mois que tu es au Qatar. Si on fait un premier bilan sportif, mais aussi sur ta vie en général, qu’est-ce qu’on retient ?Au niveau du mode de vie, je suis venu avec ma famille, avec mes deux enfants. Côté famille, il n’y a rien à dire, c’est vraiment un pays familial, pour ma famille c’est top. Et niveau footballistique, j’y suis très bien, avec 8 passes décisives et 6 buts.

Tu dis que ta famille est venue avec toi. Tu as énormément voyagé, et c’est ton sixième championnat. Est-ce qu’ils t’ont suivi à chaque fois, ou parfois tu as dû les laisser en France ?Ils m’ont toujours suivi. Ils m’ont suivi quand j’étais en Ukraine. Quand il a commencé à y avoir des problèmes, ils sont rentrés en France, et moi, je suis resté tout seul. En Biélorussie, c’est pareil, ils ne sont pas restés avec moi, ils sont juste restés quelque temps et ils sont rentrés. Sinon pour les autres pays, en Norvège ils étaient avec moi, en Écosse ils étaient avec moi…

Passer de l’Écosse à Doha, ça a dû être un sacré changement…Oui ! Et quand je suis parti d’Écosse, ce n’était pas du tout prévu. Le club avait pour ambition de monter en première division. Je suis venu, j’ai peu joué parce qu’au premier match, je me suis blessé à la cuisse. Et quand je suis revenu de blessure, j’ai moins joué. J’ai eu l’impression d’être venu pour cirer le banc. Finalement, on n’est pas montés, et je ne sentais pas que le club avait envie de me conserver. Et je pense que le fait que je parte les arrangeait aussi. Mais moi, dans mon plan de carrière, je n’avais pas du tout prévu de venir jouer au Qatar.

Au Qatar, à Al Shahaniya, tu as retrouvé Álvaro Pérez Mejía, avec qui tu avais joué à Arles-Avignon...Oui ! Justement, je suis avec lui en voiture ! C’est lui qui m’a contacté, qui m’a demandé si je voulais venir. Et vu ma situation en Écosse…

Avec Alvaro, on peut comparer vos parcours. Vous avez été formés dans des grands clubs, le PSG pour toi, le Real pour lui, et derrière vous avez beaucoup voyagé et enchaîné les clubs. Comment tu expliques ces parcours ?Ça tombe bien que je parle à un journaliste pour bien expliquer à tout le monde, parce qu’il y en a qui pensent que je change de club parce que j’ai envie de le faire. Pas du tout ! Ce n’est pas du tout mon envie, si j’avais pu signer dans un club pour 10 ans, j’aurais fait 10 ans. Mais regardez mon parcours : Nice me vend en Ukraine, c’est le football, un club te vend parce qu’il y trouve son compte, et que tu y trouves ton compte. Et en Ukraine, il y a eu des problèmes politiques au mois de février, après le dernier match contre Lyon en Ligue Europa. Et au mois de février, je ne pouvais jouer que dans un pays qui débutait son championnat. Il n’y avait que des pays nordiques comme le Danemark, la Norvège ou les États-Unis, la Chine, des pays comme ça. En Norvège, je me suis arrangé avec le club pour signer un contrat de quelques mois, car ce n’était pas dans mon plan de carrière d’aller jouer en Norvège. Du coup, j’ai terminé la saison là-bas, pour être sur le marché des transferts au mois de juin et pouvoir recommencer à zéro dans un nouveau club. À partir de là, les clubs se sont dit quoi ? « Il n’est pas bon, il a été jouer en Norvège, il n’a pas le niveau pour jouer dans un grand club ou dans un club normal. » Donc je n’ai eu aucune opportunité, à part dans des pays exotiques. Je ne voulais pas du tout retourner dans un pays de l’Est, et je n’avais que ça comme proposition. La Bulgarie, la Roumanie… J’ai préféré aller en Biélorussie dans un club qui jouait la Ligue Europa. Je me disais que je pouvais encore me relancer en jouant la Ligue Europa. En Biélorussie, tout s’est bien passé, j’ai fait mes matchs de Ligue Europa, et après ça, les gens on dit : « Il a joué en Biélorussie, c’est un championnat pas terrible, il n’a pas le niveau… » Comme d’hab’, quoi ! Donc j’arrive encore à trouver un challenge en Écosse, avec un salaire… Je ne vous en parle même pas. C’était vraiment pour jouer. Et je n’ai pas joué ! C’est ça qui m’a le plus énervé, parce que j’avais fait un effort financier pour jouer, et je ne joue pas.

Dans les pays de l’Est, il y a du racisme, on ne va pas se voiler la face

Mais ce côté « footballeur itinérant » , qui change souvent de club, tu l’avais déjà en France, où tu as énormément bougé. Oui, j’ai commencé à bouger en France. J’ai commencé au PSG, j’ai été prêté, je ne pouvais rien y faire. Quand tu es un jeune joueur qui sort du centre de formation, tu es prêté pour pouvoir jouer des matchs. Donc j’ai été prêté à Brest, je suis revenu, je me blesse à la malléole à l’entraînement. Je ne joue pas pendant plus de 6 mois. Je reviens de blessure, je suis prêté à Grenoble où tout se passe bien et Grenoble me rachète. Ensuite, je pars à Strasbourg au mercato d’hiver, où je ne joue pas non plus. Je suis prêté dans la foulée à Vannes, je finis la saison, puis je reviens à Strasbourg où le club dépose le bilan ! Ensuite, grâce à Courbis, j’arrive à Arles-Avignon où je fais une bonne saison vu les résultats qu’on a eus, et je suis vendu à Nice. Je suis arrivé en tant que troisième ou quatrième attaquant, mais j’ai pu jouer, et j’ai quand même marqué quelques buts, donc il y a l’Ukraine qui est venue aux infos et j’ai été transféré là-bas.

Quand tu étais là-bas, en Ukraine, et que la guerre est arrivée, ça s’est passé comment ?Moi, j’étais à Odessa, une petite ville balnéaire d’Ukraine, c’était quand même moins intense, on le sentait moins qu’à Kiev.

Mais le conflit a quand même conduit à ton départ.Oui, car le club a pris la décision de libérer les joueurs étrangers qui voulaient retourner dans leur pays. Pour ne pas se porter garants s’il y avait un souci sur le joueur.

Tu as dit tout à l’heure que tu ne voulais plus entendre parler des pays de l’Est. C’est uniquement dû à cette expérience, à la guerre, ou il y a d’autres choses qui expliquent ce choix ?Ha non, il y a d’autres choses. Il y a du racisme, on ne va pas se voiler la face. Et puis ce n’est pas comme en France où tous les mois, tu regardes ton compte, et il y a ton salaire. En France, tu ne te poses même pas la question, parce que tu sais que tous les mois, tu auras ton salaire. Là-bas, il y a des clubs, même en étant premiers, ils ont des difficultés de paiement. Donc les pays de l’Est, ce n’est pas facile. Moi, je sais que je suis français, que j’ai toute ma vie en France. Et quand tu as des affaires à régler et que tu attends ton salaire, c’est pas facile.

On va revenir un peu sur le PSG. On parle beaucoup des difficultés de ce club à intégrer dans son groupe professionnel des jeunes qui sortent du centre de formation. Tu avais déjà connu ce problème à ton époque. Ça a dû empirer avec les Qataris depuis, à quoi c’est dû selon toi ?La nouvelle politique du PSG, moi, je trouve qu’elle est bonne. Nous, quand on était au PSG, il n’y a pas eu tant de joueurs formés au club que ça qui ont joué. Badiane, Souleymane Bamba et moi. Et j’ai joué combien de matchs au PSG avant d’être prêté ? Je n’ai joué que deux matchs ! Deux bouts de matchs, même pas des matchs entiers. Ou trois matchs, je ne sais plus. Et quand Paul Le Guen est venu, la politique a un peu changé. Parce que c’est là que Mamadou Sakho est devenu capitaine, il jouait. Et Ngoyi… Il y a des joueurs qui ont fait de belles saisons au PSG, qui ont fait beaucoup de matchs. C’est Paul Le Guen, ça. Quand moi j’y étais, ce n’était pas du tout le cas. On était professionnels, on s’entraînait avec les pros, mais on jouait en réserve.

Ton petit frère, Brice, a aussi été formé au PSG. Aujourd’hui, il joue à l’OM, tu le chambres là-dessus ?Non, on n’en parle même pas, parce que maintenant, la rivalité PSG-OM, franchement… Même vous, vous le voyez, ce n’est plus comme avant. Moi, le PSG, c’est mon club. D’autant plus que moi, j’ai signé professionnel au PSG, et pas Brice. Ils ne l’ont pas conservé. Je pense qu’il est un peu revanchard par rapport à ça.

Et avec Brice, tu es quel genre de grand frère. Le conseiller, le protecteur, le bon pote ?Non, Brice est un grand garçon maintenant. Il est père de famille d’ailleurs. Mais je ne veux pas qu’il fasse les choix que j’ai faits, moi. Ce n’est même pas moi qui ai fait ces choix-là en fait. Parfois, je mets la faute sur moi, mais ce n’est pas moi qui ai décidé de partir des clubs. Sinon, je lui donne des petits conseils ou des petits trucs avec les agents, pour pas se faire avoir, par rapport à tout. Quand tu commences un peu à gagner de l’argent, il y a beaucoup de gens qui t’approchent. Moi, j’ai vécu ça, donc je lui en parle un peu. Après, côté football, c’est son travail.

Il a pour l’instant la chance de connaître la stabilité dans sa carrière. Tu penses que c’est la chose la plus importante à conserver ?Oui, ça serait bien. De faire encore des matchs avec Marseille, puis aller dans un encore plus grand club, un plus grand championnat, ça serait génial.

Lors de tes premières années, tu avais même ta place dans les équipes de France jeunes. Tu as notamment participé à cet Euro des moins de 19 ans victorieux en 2005 aux côtés de Lloris, Cabaye, Gourcuff… Tu penses que ton instabilité a fini par te coûter ta place ?Non. Moi, j’ai été sélectionné une fois en espoirs avec la France. J’ai joué contre la Suède, je marque un but dans ce match et je fais une passe décisive. On gagne 2-0, je me dis : « Ça y est, j’ai montré au coach que je suis là, je vais être appelé souvent. » Après il y a des sélections, il ne m’a pas appelé, et pour le tournoi de Toulon, ils ont appelé les réservistes. Ceux que l’on n’appelle jamais, je ne sais pas comment t’expliquer ça. Le reste du monde, quoi. Et la Côte d’Ivoire m’appelle dans la foulée pour me dire qu’ils font les préparations pour les Jeux olympiques. Je pensais que j’avais fait quelque chose que le coach avait vu, et je n’ai pas été rappelé, donc c’était un peu une revanche. Je voulais qu’on me prenne au sérieux, donc j’ai continué avec la Côte d’Ivoire.

En France, le club dans lequel tu es resté le plus longtemps reste Grenoble. Tu es aussi le premier homme à avoir marqué au stade des Alpes, lors de son inauguration. Tu en tires une petite fierté ?(Rires) Non, ce match-là, c’était un match d’ouverture d’ailleurs, avec le nouveau stade, et un maillot spécial pour ce match. Ce match, pour nous, c’était très important de le gagner. C’était pas forcément de marquer le premier but, c’était de gagner le match. Dieu merci, ça tombe toujours sur moi de faire les premières dans les clubs ! Donc j’étais heureux de marquer. J’ai aussi été le premier joueur d’Arles-Avignon à marquer en première division. Le club était monté en Ligue 1 pour la première fois de son histoire, et j’ai été le premier à y marquer pour eux. Dès le premier match, d’ailleurs.

Grenoble galère pas mal ces derniers temps, tu ne te sens pas d’y retourner pour leur donner un coup de main ? Ils ont peut-être besoin d’un attaquant, Nassim Akrour commence à vieillir.Je suis encore en contact avec eux. Grenoble, c’est chez moi. En juin prochain, j’ai 30 ans, je pense que j’ai encore une marge, je ne suis pas encore fini.

L’objectif premier pour les années qui restent, c’est donc de revenir en France ?En France, j’aimerais bien. Et s’il faut, rester très longtemps. C’est bien de le dire, mais dans l’idéal, ce serait bien un club de deuxième division qui monte en première et qui a besoin d’un coup de main, d’un attaquant supplémentaire. Je serais pas mal dans ce profil-là. Le Qatar n’est pas beaucoup suivi, mais je suis un professionnel, je fais mes matchs, je mets des buts, je fais des passes décisives. Je travaille sur le terrain, en dehors, pendant et même avant l’entraînement. On a un entraînement par jour, moi je fais deux entraînements parce que je bosse aussi le matin. Côté physique, je suis toujours affûté. Le terrain, ça ne ment pas, si un jour ils veulent visionner un match.

Et à aucun moment, à force de déceptions, tu n’as songé à tout plaquer ?Non. À certains moments, si j’avais refusé de partir, j’aurais peut-être joué, je ne sais pas, on ne sait jamais. Il y a des prêts où j’aurais quand même dû dire non, ou des transferts que j’aurais dû refuser. Mais je suis un passionné, je fais du foot depuis mon plus jeune âge. J’ai toujours baigné dans le football, il y a des moments où je pensais plus à jouer qu’à gagner ma vie. Je prenais des salaires pas mirobolants, mais mon but, c’était de jouer. Le football, c’est quand tu joues. Tu es dans un stade plein, il y a du monde, du spectacle… C’est ça, le football. Mais ce n’est pas pour toute la vie, donc il faut aussi gagner sa vie.

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