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France Gala

Par Florian Lefèvre, avec Andrea Chazy, à Istanbul
France Gala

Le club de Galatasaray tient son nom et son identité du prestigieux lycée francophone d’Istanbul. Récit d’une francophilie.

Comme toujours, l’avenue Istiklal grouille de monde. Le conducteur du tramway sonne la cloche pour fendre la foule qui circule entre les grands magasins de cette artère d’Istanbul, quand, soudain, un immense portail en fer apparaît. L’écriture ottomane témoigne de l’ancienneté de sa construction (l’alphabet arabe ayant été abandonné en Turquie en 1928 au profit des caractères latins). Derrière ces portes se dresse le plus prestigieux lycée de Turquie : le lycée de Galatasaray.

« Galata » est le nom d’un quartier d’Istanbul et « saray » signifie « palais » . Afin d’intégrer l’établissement, les 750 élèves qui y étudient actuellement ont tous réussi un concours national ultra-sélectif à l’âge de 14 ans. Au bout d’un couloir du lycée, une plaque est fixée devant la classe 12F, pour rappeler que c’est exactement là, dans cette salle, qu’Ali Sami Yen et ses amis ont eu l’idée de fonder le Galatasaray Spor Kulübü. C’était en octobre 1905.

Le sultan, l’Exposition universelle et les roses

Pour trouver la genèse de l’histoire, il faut remonter le temps jusqu’au XVe siècle. Le sultan Bajazed II rencontra le sage local, Gül Baba, qui lui offrit deux roses : une rouge et une jaune dorée. Flatté, le sultan décida de faire construire sur ces lieux l’école impériale destinée à former les futurs cadres du palais. En 1868, l’ancienne école impériale devient un lycée francophone. L’idée de donner des cours en français vient du sultan Abdülaziz, à la suite de son séjour à Paris à l’occasion de l’Exposition universelle de 1867. « À cette époque, le français était la langue diplomatique officielle. La langue et l’apprentissage de la civilisation vont permettre aux élèves d’être en contact avec le monde occidental » , explique Çağlar Şavkay, le directeur du musée du lycée de Galatasaray.

Naturellement, le football est introduit en Turquie par les commerçants anglais, qui jouent au ballon dans les champs de Kadıköy, sur la rive asiatique de la ville. De l’autre côté du Bosphore, en 1905, huit lycéens décident de former une équipe. Le leader du groupe s’appelle Ali Sami Yen, c’est un élève en terminale à Galatasaray. Il a trois volontés : « Jouer en équipe comme les Anglais, porter le nom d’un club associé à des couleurs distinctes et battre des équipes non turques. » 114 ans plus tard, le Galatasaray Spor Kulübü est le club le plus prestigieux de Turquie avec 22 titres de champion.

« On est considéré comme l’élite de la Turquie, ils ne supportent pas ça »

À leur manière, le lycée et le club incarnent l’aristocratie du pays. Depuis la création du club, la majorité des présidents sont des diplômés du lycée de Galatasaray (l’actuel président Mustafa Cengiz est l’une des exceptions). Les deux institutions s’entrecroisent, à tel point que les supporters de Galatasaray sont surnommés « les Français » par ceux du Fenerbahçe. « On est considérés comme l’élite de la Turquie, ils ne supportent pas ça, s’emballe Çağlar Şavkay, en fumant un gros cigare derrière son bureau. On a une université Galatasaray, ils viennent d’en construire une. Pourquoi ? Parce qu’ils ont un complexe d’infériorité. »

Selon Daghan Irak, sociologue du sport turc, quand les supporters du Fener tapent sur la francophilie de leurs rivaux, c’est aussi une manière pour eux de les dénigrer : « Il faut savoir qu’être plus nationaliste que les autres est une source de fierté pour les clubs en Turquie » , indique le chercheur à l’université d’Aix-Marseille, interrogé par La Dépêche du Midi. À ce titre, les supporters de Gala sont fiers de rappeler qu’ils ont gagné une Coupe d’Europe (la Coupe UEFA 2000), la seule du football turc (1).

Ces dernières saisons, nombreux sont les francophones qui ont signé à Galatasaray : Younès Belhanda, Sofiane Feghouli, Jean Michaël Seri, Steven Nzonzi, Mario Lemina (forfait face au PSG) ; parmi les gros noms récents, on retrouve aussi Didier Drogba et Bafétimbi Gomis… De là à y voir un lien avec la francophilie du club ? Pas vraiment. C’est un phénomène récent et global au championnat. La preuve, on retrouve quasiment autant de francophones au Fenerbahçe.

Ali Sami Yen

Dans cet article :
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Par Florian Lefèvre, avec Andrea Chazy, à Istanbul

propos recueillis par FL et AC, sauf mention

(1) Les puristes diront que Kayserispor a remporté la Coupe à Toto en 2006.

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