- Equipe de France
FFF : Domenech viré !
Poisson d'avril... Réunion cet après-midi du conseil fédéral de la FFF. Il était question du maintien ou non de Raymond Domenech, souhaité par Guy Chambily, doyen du Conseil. Pas glop. Ce débat épineux ne devrait pas être soumis à l'ordre du jour. Raymond devrait garder le survête...
Par quoi on commence ? Par Claude Bez, bien sûr. Après le match nul 1-1 contre Chypre du 22 octobre 1988, qui engageait très mal les Bleus pour les qualifs du Mondial Italien 90 (et après une non-participation à l’Euro 88), feu Claude Bez (boss des super Girondins de Bordeaux de l’époque) organisait un putsch au sommet du foot français. Il s’était bombardé superintendant de l’équipe de France, un poste spécialement crée pour lui-même et par lui-même. Puis en novembre 1988, il dézingue Henri Michel, coach des Bleus et bouc émissaire en plaçant Michel Platini à la tête de la sélection. Platini ne réussira pas à qualifier les Bleus mais il initiera un cercle vertueux qui qualifiera avec classe l’équipe de France à l’Euro 1992. Quel rapport avec aujourd’hui ? Ben, Aulas… Jeudi dernier, Jean-Michel a émis le souhait de devenir le superintendant de l’équipe de France. Euh, pardon : le « manager des Bleus » ! « Je rêverais d’avoir une mission comme ça, celle de remettre « à son bon niveau » l’équipe de France » . Jean-Michel ne rigole pas : « Il faut monter une opération commando. Il y a urgence, j’adorerais faire ça. Je suis vice-président de la Ligue Nationale de Football. Mais je ne fais pas partie du club France et je le regrette. Je pense pouvoir apporter une expérience de 22 ans du monde professionnel. Je suis un peu vexé » . Jean-Michel est « vexé » … On aurait envie de lui dire qu’il y a le feu à l’OL et que rajouter un autre général dans l’armée mexicaine qu’est devenu le Groupe France (Ray Scope, Beau Gossian, Mankowski, Escalettes, Le Graët…), ça friserait le trop-plein. Mais après tout, pourquoi pas : si le Titanic fonce sur l’iceberg, autant que « la croisière s’amuse » . Plus on est de fous…
Le doyen se rebiffe…
Restons sérieux. L’épisode Aulas est révélateur du « climat » un peu zarbi qui règne autour de l’EDF. On fait bien sûr référence au barouf de Guy Chambily, le doyen (77 ans) du Conseil Fédéral de la FFF. Dans le France Football de mardi, il a purement et simplement demandé « l’éviction » de Domenech. Avec un mot d’ordre bien saignant : « Il faut arrêter le carnage » . Ce bon vieux Guy assure même qu’une bonne majorité des membres du Conseil Fédéral pense comme lui, ce qui l’a conduit à déposer une « motion » pour que soit débattu le sort de Raymond, aujourd’hui vendredi. La FFF va-t-elle voter une 3ème fois (après juillet et octobre 2008) sur la question du maintien ou non de Ray Scope, dont le contrat expire au 31 juillet 2010 ? Il y a de très fortes chances que non… Déjà, Escalettes (qui na pas pu étouffer la sortie de Chambily !) a pris les devants : il a lié son sort à celui du sélectionneur. Il démissionnerait si Domenech était blackboulé… Voilà pour refroidir les éventuels putschistes.
Des « putschistes » inexistants, apparemment, vu les déclarations récentes de plusieurs membres du Conseil, opposés par principe à ce débat participatif. « Le président Escalettes considère qu’un tel débat serait inopportun et contre-productif à la fois pour la Fédération et l’équipe de France » , dixit le directeur général adjoint de la Fédération, Jean-Louis Valentin. « J’ai reçu l’ordre du jour de vendredi, il n’y a pas la requête de M. Chambily » , a indiqué Bernard Saules, président de l’UNAF (Union nationale des arbitres français). « Un point sera fait sur le parcours de l’équipe de France, mais pas sur le maintien de Raymond Domenech […] De toute façon, je ne suis pas sûr qu’il y aura un vote, on ne va pas voter à chaque Conseil fédéral pour ou contre le maintien de Domenech » . La ligne de défense de la Fédé ? A 6 mois du Mondial, c’est trop tard pour virer Ray… Fermez le ban : Ray Manta sera bel et bien le coach des Bleus en Afrique-du-Sud.
Les raisons du maintien de Raymond
Voilà. Le pauvre Chambily, isolé au sein du Conseil, ne désespère pas de convaincre ses collèges. Il a même promis « une surprise » lors de la réunion de cet aprèm. On verra bien… Comme on le voit, Domenech est a priori protégé par les instances supérieures du foot français et sa mission se poursuivra. Mais d’autres facteurs accréditaient déjà aussi le maintien du sélectionneur. L’absence de Plan B : qui à la place de Domenech ? Lolo Blanc, en route vers une deuxième partie de saison ultra excitante avec Bordeaux en L1 et en C1 ? On en doute, même si l’intéressé garde toujours un œil sur l’EDF, ce qu’il n’a jamais nié. Ensuite, il y a les rumeurs diverses : un binôme Domenech-Houllier, histoire « d’encadrer Raymond » , ou bien Houllier tout seul, ou bien la piste Tigana, toujours en réserve de la République… Vient ensuite le tirage au sort plutôt favorable pour la Coupe du Monde 2010 : si les Bleus étaient tombé dans un groupe de la Mort, la crainte d’une élimination dès le premier tour aurait peut-être modifié la donne. Or, avec ce groupe plus que jouable, les Bleus sont sans doute assurés d’aller en 8ème, voire en quarts sans trop de problèmes. En juin, les Bleus auront normalement récupéré Ribéry, qui avait terriblement manqué en fin d’éliminatoires, barrages compris…
Il faut aussi tenir compte de l’avis ultra important du Commandeur, Aimé Jacquet. Ses piques apparemment « acérées » envers Raymond tenaient en fait plus de la critique de forme ( « 6 ans, c’est trop long pour un sélectionneur, 4 ans c’est l’idéal » ), vu que sur la question cruciale du maintien ou non de Ray, Aimé s’était prononcé en définitive pour la continuation de celui qu’il avait contribué à installer à la tête des Bleus… Enfin, argument de poids, voire décisif : le soutien des Bleus. L’interview bazooka récente de Nicolas Anelka accordée à 20 Minutes est assez explicite. Niko y plaidait en faveur de Raymond : « Malgré tout ce qu’on a pu dire, c’est avec Raymond Domenech que j’ai eu les meilleurs rapports » . Et si Domenech provoque les médias aujourd’hui ? C’est parce que « les journalistes, ils sont graves » . Niko fait corps avec le coach. A la question : « Vous ne vous sentez jamais soutenu quand vous êtes avec les Bleus? » , il répond : « Non (direct). C’est pour ça qu’on a toujours la rage » . Tout est dans le « on » . Le coach et nous contre le reste du monde…
On comprend mieux la déclaration pleine d’assurance de Bernard Saule : « Si Jean-Pierre Escalettes souhaite que le Conseil fédéral s’exprime, il le fera, mais je ne doute pas du résultat du vote ou alors ce serait un tsunami » . Le terrible tsunami de 2004 s’était déroulé le 26 décembre : seul Guy Chambily croit en la concordance des temps. On est le 18 décembre…
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