Euro 08 – PB – Russie : Joga Bonito
Ce soir 20h45, Pays-Bas-Russie au Saint Jakob Park de Bâle. Le match que l'on n'attendait pas forcément. France-Suède c'était peut-être plus crédible sur le papier (quoique), mais sur le terrain, on s'est bien marrés. Par contre Bataves et Ruskovs, eux, n'ont pas fait les marioles. Sérieux, appliqués, football champagne à volonté. Sans doute le game le plus excitant de ces quarts de finale.
Le foot c’est parfois simple. Un chef quatre étoiles aux commandes, un jeu de passes huilé, quantité d’attaquants au top niveau confiance, quelques vieux briscards derrière, et une équipe résolument tournée vers l’avant. Pays-Bas-Russie ou le clash de ceux qui ont tout compris.
D’un côté, la Hollande, pays du gouda, des putes, et de la drogue. Avec un tel CV, pas étonnant qu’elle soit sortie première du groupe de la mort. Et pas à l’arrache en plus. En force, bien comme il faut. Premier de la poule avec neuf points, neuf buts inscrits, et un seul encaissé. C’est classe. Mais c’est surtout un roadster offensif Van Nistelrooy – Van der Vaart – Kuyt – Sneijder plus puissant que jamais. Sans oublier que le monstre Oranje dispose d’un kit NOS version Fast and Furious lorsque le régime moteur commence à baisser. Robbin Van Persie et Arjen Robben ont déjà mis Thuram à la retraite, Klaas-Jan Huntelaar n’a joué que 83 minutes dans cet Euro mais a déjà planté les Roumains, et enfin le petit Ibrahim Afellay, qui est bien plus qu’un coiffeur (caviar pour Huntelaar contre la Roumanie).
Derrière la charnière Oojier/Mathijsen a l’air plutôt prenable même si pour l’instant elle n’a failli que devant Titi Henry. Mais le pivot défensif de l’équipe c’est surtout Orlando « Magic » Engelaar, 1m96 sous la toise. Un joueur made in NBA donc. Van Basten, impeccable dans son costard Armani, doit sûrement être fan de Hoops. Toujours est-il qu’après avoir essuyé les pires critiques après l’élimination de ses joueurs en douze rounds d’un combat devenu légendaire face au Portugal en huitième de finale du Mondial 2006, aujourd’hui Marco renaît.
Tout le contraire de Guus Hiddink (Gusu Hiddinku en russe) qui prend les rênes de l’armée rouge en véritable messie. C’est que le Guus n’en est plus à son premier miracle. Quatrième avec la Corée du Sud lors de la Coupe du Monde 2002, puis huitième de finaliste de l’édition suivante aux commandes des faibles Kangourous australiens, et déjà en quarts de cet Euro avec la Russie. Toujours la même recette, un jeu de passes exceptionnel qui transforme de bons (voire moyens) joueurs en véritables machines de guerre au réalisme proche du scandale.
Les Tsars se font pourtant rosser par l’Espagne 4-1 pour leur entrée dans le tournoi. Qu’à cela ne tienne, Hiddink les enferme dans le vestiaire et fait parler sa verve. Œil noir, joues qui gonflent, et front qui se rougit progressivement, Guus est chaud et lâche un flot d’insultes qui auront le mérite de faire réagir ses ouailles face au champion d’Europe en titre (et en toc). 2-0 sec et sans vaseline contre les Grecs pour offrir à leur meneur de jeu Andrei Arshavin une rencontre décisive en guise de retour.
Car le poupon du Zénith a bien déconné fin novembre dernier lors du dernier match éliminatoire face à Andorre, en répondant à la provoc de son body-guard. Osotogari devant l’arbitre, rouge direct, et deux matchs de suspension à la clé, les deux premiers de l’Euro. Arshavin revient face aux Vikings suédois pour envoyer l’Empire Poutine en quarts. Un but et un gros match plus tard, la nation est fière. Le drakkar attend Zlatan, et Medvedev (la marionnette du ventriloque) félicite publiquement ses troupes pour la démonstration devant Ikea.
Bref ce soir, c’est décidé, on annule le ciné avec madame. Au programme, grosse biture entre couilles : vodka, pétard et un gros match de foot pour faire passer le tout. On va se régaler. De toute façon, ça ne peut pas être pire que de se faire traîner devant Sex and the City le film.
Par Paul Bemer et Lucas Duvernet-Coppola
Par
