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Et la Turquie sombra

Par Analie Simon
4 minutes
Et la Turquie sombra

Battue par la Suisse ce dimanche à Bakou (3-1), la Turquie termine cet Euro 2020 avec zéro point au compteur. Difficile à imaginer, alors que la bande à Burak Yılmaz avait survolé les qualifications, en donnant du fil à retordre aux Bleus de Didier Deschamps.

Qu’a-t-il bien pu arriver à la Turquie pour que tout s’effondre en à peine dix jours ? Outsiders de ce groupe A derrière l’Italie, les Turcs ont tout raté depuis leur entrée dans la compétition. La défaite inaugurale face à la Nazionale (0-3) a donné le tempo, les joueurs étant « très fragiles et abattus » les deux jours suivants. « Nous avons eu des réunions productives avec le sélectionneur. Et puis nous avons commencé à nous sentir mieux et nous avons commencé à revenir à la normale », confiait Burak Yılmaz avant la rencontre face au pays de Galles.

Pourtant, rien ne reviendra à la normale pour les hommes de Şenol Güneş. Ce qui faisait la force de la Turquie lors des qualifications a volé en éclats, d’abord face aux Gallois (0-2), puis face aux Suisses (3-1). Réputée pour sa solidité défensive pendant les qualifications (trois pions encaissés en dix matchs, une seule défaite), l’arrière-garde turque a été aux abois en encaissant huit buts en 270 minutes. Si brillant face aux Bleus en juin 2019, lors de la victoire à Konya (2-0), Merih Demiral a traversé cet Euro comme son ombre, en marquant notamment contre son camp face à l’Italie. Face à la Suisse, l’arrière-garde a multiplié les errements défensifs et les placements approximatifs. Du pain béni pour Haris Seferović et Xherdan Shaqiri, qui n’en demandaient pas tant.

Şenol Güneş, de héros à zéro

Plus expérimentée qu’en 2016, où elle n’avait pas passé les poules, la Turquie était jusque-là menée d’une main de maître par Şenol Güneş. Revenu au poste de sélectionneur en juin 2019, après avoir mené la sélection sur le podium du Mondial 2002, il a su former un groupe mêlant jeunesse et expérience, mais tout s’est fracturé lors de cet Euro. Ses choix ont été vivement critiqués par les supporters turcs, notamment le fait de se passer de Merih Demiral pour le match face au pays de Galles, ou encore la titularisation de Yusuf Yazıcı contre l’Italie. Mais au-delà des choix, le crash de la Turquie a été sur le terrain, où aucun joueur n’a su mener la révolte tant attendue après le naufrage de Rome.

Capitaine indéboulonnable de cette sélection, Burak Yılmaz a été à côté de ses pompes pendant le tournoi. Est-ce à cause de la fatigue, après une longue et belle saison avec le LOSC ? À 35 ans, alors qu’il a ébloui les pelouses de Ligue 1 en 2020-2021 (16 buts), le Kral n’a pas inscrit le moindre caramel dans cet Euro, alors qu’il restait sur un triplé face aux Pays-Bas lors du dernier rassemblement. Pire, l’attaquant lillois n’a jamais su trouver la solution, en étant toujours bien muselé par les défenses. Face à la Suisse, le Roi n’a pas frappé une seule fois, laissant Mert Müldür et Irfan Kehveci s’illustrer devant Yann Sommer. Et dire qu’il voulait prendre sa revanche après un Euro 2016 vécu comme une grosse déception…

Un mental défaillant

La claque, c’est toute la Turquie qui se l’est prise en plein visage. En trois matchs, les joueurs n’ont jamais montré cette force de caractère qui les a habités ces derniers mois. Après la rouste italienne, plusieurs joueurs, dont Umut Meras, ont présenté leurs excuses au peuple turc. « Nous n’avons pas réalisé le match que nous voulions. Nous sommes vraiment désolés, nous nous excusons auprès de tout le monde. Je ne veux pas dire grand-chose. Nous avons encore deux matchs devant nous et j’espère que nous obtiendrons six points pour bien finir cette phase de poules », avait déclaré le latéral gauche du Havre, face aux chaînes de télévision locales.

Le timing pour ces excuses publiques pose clairement question, puisque l’Ay-Yıldızlılar n’a pas su se remobiliser pour ses deux derniers matchs. Pire, contre la Nati, les chevaux n’ont jamais été lâchés, et la réaction stoïque d’Irfan Kahveci sur son but en dit long sur le chemin de croix qu’a vécu la sélection turque en à peine dix jours. Qu’elle se rassure, le calvaire est désormais terminé, non sans égratignure.

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Par Analie Simon

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