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Espagne : la bourse et la vie

Par Thibaud Leplat
Espagne : la bourse et la vie

Avec son fair-play financier, l’UEFA s’attaque aux dérives de la dette dans le foot. Très bien. Sauf que trop de dettes tue la dette et, en Espagne, le foot, c’est beaucoup plus qu’un business. Explications.

L’armée de clubs visée par l’UEFA ressemble à la légion étrangère. Trois clubs bosniaques (Banja Luka, Sarajevo), un bulgare (CSKA Sofia), deux croates (Hajduk Split, Osijek), un israélien (Maccabi Netanya), un macédonien (Shkendija), un maltais (Floriana), deux monténégrins (Bududcnost, Rudar Pjevlja), un polonais (Ruch Chorzow), un portugais (Sporting), trois roumains (Dinamo Bucarest, Rapid Bucarest, Vaslui), un russe (Rubin Kazan), deux serbes (Partizan, Vojvodina) et deux turcs (Eskişehirspor, Fenerbahçe). En regardant bien la liste publiée mardi dernier, on ne trouvera ni un écossais, ni un italien, ni un allemand, ni un français. En revanche, il y a bien le vainqueur de la Ligue Europa (l’Atlético Madrid) et la star des club sortis de nulle part : Málaga. L’Espagne n’est pas encore un pays non-aligné mais elle est déjà un pays du tiers-monde footballistique. Aux côtés de 21 autres clubs à la prononciation difficile, les deux espagnols sont privés des primes remportées l’an passé en compétitions européennes : 9 millions pour les Colchoneros pour sa victoire en mai dernier, 3,9 millions pour Málaga. Pas de bras, pas chocolat.

Bien sûr, les clubs contestent la forme. Málaga a répondu au communiqué de l’UEFA par un poli : « Il s’agit d’une mesure provisoire et en aucun cas d’une sanction. Elle pourra être levée si un accord est trouvé avec l’administration fiscale. » Mais c’est bien là le problème. L’UEFA a détecté dans la documentation fournie par le club en juin dernier que le club doit 10 millions d’euros au fisc espagnol et pas mal d’autres millions à ses joueurs et ses employés. Durant tout l’été, les comptes du club andalou ont été saisis et les sommes perçues pour le transfert de Cazorla à Arsenal (15 millions d’euros) et de Rondón au Rubin Kazan (10 millions) ont directement atterri sur les comptes du grand vampire espagnol. Le club rappelle qu’un accord a été trouvé avec les joueurs, les employés du club et l’administration fiscale. Sauf que la chambre d’instruction de l’Instance de contrôle financier des clubs de l’UEFA (ICFC) commence à s’impatienter. La saison déjà débutée, elle trouve grave qu’un accord avec l’État n’ait pas encore été trouvé. Bref, à Málaga s’intéresser encore au foot tient du miracle.

Le football c’est la vie

L’Atlético Madrid, lui, a quelque chose d’attendrissant dans son acharnement à défier la logique économique. D’un côté, le club reconnaît lui-même une dette de 155 millions d’euros à l’administration fiscale, l’impossibilité de maintenir Diego Rivas et son salaire annuel de 5 millions d’euros après juin. De l’autre, Radamel Falcao, ses 40 millions de valeur l’été passé (dont la moitié appartient à un fonds d’investissement made in Jorge Mendes) et ses 4,5 millions d’argent de poche annuels. Selon As, l’UEFA entend faire pression sur la direction colchonera afin qu’elle règle les 16,5 millions qu’elle a promis à l’État espagnol avant octobre. Enrique Cerezo, homme de cinéma et président délégué du club, n’a pas l’air au courant ou alors c’est de l’acting : « Il y a 300 000 mauvaises nouvelles économiques par jour. Celle-ci, c’est une parmi d’autres. L’UEFA a certainement vu qu’il y a un problème mais évidemment nous allons le régler. Dans la vie, il y a une solution pour tout, sauf pour la mort. » Pas sûr que ce numéro d’affranchi plaise à Jean-Luc Dehaene, le président de ICFC.

Mais Cerezo a raison. En Espagne, le foot, c’est la vie et il y aura toujours une solution pour se procurer quelques grammes de morphine anti-crise. L’Espagne n’est pas l’Écosse. Certes, les Glasgow Rangers sont descendus en quatrième division pour 166 millions d’euros. Mais sous le soleil espagnol, les dettes sont plus faciles à supporter (750 millions dont 450 pour la seule première division). L’Atlético, ses vieux réseaux d’influence, son audience en Espagne et son statut de victime ont jusqu’à présent protégé le club de toute déchéance administrative. En 1992, Celta Vigo et Sevilla avaient été descendus en troisième division pour motifs financiers. Devant la révolte organisée en Galice et en Andalousie par les supporters des deux équipes pour protester contre cette mesure administrative, les clubs avaient été finalement renvoyés en première division. Le foot est une affaire beaucoup trop sérieuse pour être confiée aux banquiers. Personne n’ose donc imaginer une dissolution d’institutions comme l’Atlético, le Depor, le Celta ou le Bétis. D’autant que d’après la nouvelle loi sur la faillite mise en place en septembre dernier par le gouvernement espagnol, si les clubs disparaissent, les dettes aussi. Tant pis pour le sport. Tant pis pour le fisc.

Par Thibaud Leplat

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