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Eriksson sélectionneur ? Eléphantesque…
Il fallait trouver un successeur à Vahid Hallilodzic, injustement limogé du poste de sélectionneur de la Côte d'Ivoire. C'est fait ! C'est ce bon vieux (et libidineux !) Sven-Goran Eriksson qui a chopé le job à quelques semaines de la Coupe du Monde. Bonne pioche ? Mouais, nan, oui, peut-être, why not, on verra...
Mais qu’arrive-t-il donc à la Françafrique ? Normalement, les postes de sélectionneurs des équipes africaines francophones étaient essentiellement chasse gardée des techniciens français. A preuve, parmi nos nombreux représentants, citons ce bon vieux Henri Michel (en charge autrefois du Cameroun, Maroc, Tunisie, Côte d’Ivoire) ou Robert Nouzaret (Côte d’Ivoire, Algérie, Guinée). On bouffait même sur l’Empire anglophone, avec des cadors comme Philippe Troussier (Maroc, Afrique du Sud, Burkina Faso, Nigeria) ou Claude Le Roy (Cameroun, Sénégal, RD Congo, Ghana). Or, ces derniers temps rien ne va plus du tout. Reviens Foccart, ils sont devenus fous !…
Non, mais qu’est-ce que c’est que ces Nordiques qui viennent nous bouffer l’igname sur le dos ? OK, au début on avait été cool en tolérant quelques Hollandais comme Arie Haan (Cameroun), Westerhof, Libregts et Bonfrère (Nigeria) et puis voilà que depuis une dizaine d’années, les Allemands ont débarqué : Winfried Shäfer et Otto Pfister (Cameroun), Berti Vogts (Nigeria), Rainer Fabish (Bénin), Stielike (Côte d’Ivoire) et dernièrement Gernot Rohr (Gabon). OK, Gernot parle un français impeccable, et son adjoint est José Cobos, mais ça reste un camouflet pour la France. Le Gabon, Bongo père et fils, tout un pan de l’Histoire qui s’en va… Snif.
Hiddink, Gerets puis Eriksson
Mais le pire, c’est l’arrivée soudaine et massive de Suédois dans “notre” pré carré. Récemment, la fédé nigériane a nommé un Viking, Lars Lagerbäck ! Lagerbäck, ancien co-entraîneur de son pays, la Suède. Le Nigeria avait dégagé son coach à quatre mois du Mondial sud-africain le bon Amodu, coupable d’avoir qualifié son pays pour ce Mondial et d’avoir remporté la médaille de bronze, troisième de la dernière CAN en Angola. L’a jamais entraîné hors de Suède, Lars. Connaît rien au foot africain, Lars. L’aura pas trop le temps de mettre en place l’équipe des Super Eagles, Lars… Bon vent quand même aux Super Eagles. Et puis, ensuite, boum !
C’est tombé hier : c’est un autre Suédois, Sven-Goran Eriksson, qui vient d’être nommé à la tête de la Côte d’Ivoire. La Fédé ivoirienne ayant eu la même idée lumineuse de dégager son coach Vahid Hallilodzic, auteur d’un boulot remarquable depuis deux ans, mais coupable d’avoir perdu un seul match en 24 rencontres, contre l’Algérie (2-3, ap, en quarts de la CAN en Angola). Holà ! Un Suédois, ça va,… c’est quand y en a plusieurs qu’il y a des problèmes. Guus Hiddink et Eric Gerets, fortement pressentis, avaient décliné l’offre, on s’attendait donc à voir Hervé Renard (quart finaliste avec la Zambie à la CAN 2010) hériter du poste. Un Français, quoi… Nibe ! Un Suédois qui parle pas le Français (ça aide, pourtant, en Côte d’Ivoire) : l’invasion ?…
Participation honorable
Attention, Eriksson n’est pas une truffe. Au vu de ses performances générales en sélection, le bilan n’est pas crade : trois quarts de finale avec l’Angleterre (Mondiaux 2002 et 2006, Euro 2004). C’est le genre de performances que dans son communiqué de nomination, la Fédé ivoirienne (la FIF) a présentées comme objectifs : « Sven-Goran Eriksson est le nouveau sélectionneur de la Côte d’Ivoire. Il va conduire la sélection nationale au Mondial avec comme objectif de lui assurer une participation honorable » . « Participation honorable » , ça veut dire au moins les 8èmes. Avec le Brésil, le Portugal et la Corée du Nord, ça va pas être facile, mais, bon… « Participation honorable » , en fait, en Afrique et notamment en Côte d’Ivoire, ça ne veut rien dire. Eriksson peut se faire virer pour une demi-finale perdue, ou gicler comme un manant s’il fait match nul en amical contre le Kenya.
Toujours est-il que cette nomination à 70 jours de la Coupe du Monde tient évidemment du grotesque, même si les Éléphants brillent en Afrique du Sud. On a déjà fustigé en long, large et travers, la valse accélérée des entraîneurs des sélections du Continent Noir, surtout quand elle intervient à quelques mois de grandes compétitions. Avec pour conséquences dramatiques une instabilité chronique au sein des sélections. Le cas Eriksson n’est donc pas si surprenant, juste une (mauvaise) habitude. Ceci dit, bon… pas mal de joueurs ivoiriens jouent en Angleterre et parlent anglais, ça peut aider un peu.
Notts County et les femmes
Quelques mots encore sur le Sven… On rappelle que jusqu’à 2006, avec l’Angleterre, il était un technicien très talentueux, reconnu et détenteur de titres très enviables. Entre autres : Coupe de Suède 1979, champion de Suède 1981 et 1982, Coupe UEFA 1982 avec l’IFK Göteborg, champion du Portugal 1983, 84, 91 finaliste de la Ligue des Champions 1990 avec le Benfica Lisbonne avec le Benfica Lisbonne, Coupes d’Italie 1986 avec l’AS Rome, 1994 avec la Sampdoria Gênes, 1998 avec la Lazio Rome, Coupe des Vainqueurs de Coupe 1999 avec la Lazio Rome, et enfin le très notable doublé coupe-championnat d’Italie 2000 avec la Lazio Rome… Plus, encore, les trois quarts de finale avec l’Angleterre, où il avait fait du bon boulot.
C’est après que la pente du Sven a pris une tournure franchement lose… Manchester City en 2007-08, bilan moyen (qualif en C3 grâce au Prix du Fair-Play…) et limogeage à la fin de la saison. Ensuite vient le désastre mexicain (été 2008-avril 2009), où sa campagne de qualif “délicate” avec la Tri le fit congédier avec pertes et fracas. Et dernièrement, la honte totale avec la pantalonnade indigne de son statut : Notts Country (D4 anglaise !) pour un bail entamé en 2009 et achevé brutalement en février 2010, soit 7 mois au poste. Shame… Voilà, c’est un Eriksson en petite forme qui débarque à Abidjan, mais capable de réussir des trucs. C’est tout ce qu’on souhaite aux Éléphants. On conseillera aussi au séducteur invétéré, tombeur de jolies femmes ( « Putain, comment il fait, ce petit binoclard au front dégarni ? » , se lamentaient les tabloïds anglais) de ne pas trop lutiner les secrétaires de la FIF (s’il y en a) : ça ferait déjà un excellent motif de licenciement…
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