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« Entre le foot et l’école, la décision est facile à prendre »

Propos recueillis par Ronan Boscher et Émilien Hofman
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Avant de devenir « directeur du football » du PSG cet été, Patrick Kluivert s'est confié en profondeur sur son parcours. Épisode 1 : les débuts à l'Ajax, les conflits en équipe des Pays-Bas, les pâtisseries de sa mère et les bringues chez Ronaldinho.

Vous avez grandi au nord d’Amsterdam où vous avez rencontré Edgard Davids très tôt…Edgar vivait dans la rue derrière chez moi. On a donc grandi dans le même quartier et je l’ai connu avant de commencer le football. Il était un peu plus âgé que moi, mais on jouait dans la rue, c’est là que le football s’apprend. On a grandi ensemble même si après, il a évolué dans des équipes de jeunes au-dessus de la mienne.

Zidane dit qu’Edgar Davids aimait participer à l’improviste à des matchs de foot dans la rue, ce qui peut être dangereux pour les blessures… Cela vous surprend de la part d’Edgar ?Non, je ne suis pas surpris, parce qu’on faisait déjà ça avant de partir à l’AC Milan, on jouait avec des enfants dans la rue. Je peux comprendre Zinédine, mais l’amour du jeu dans la rue reste en toi. Actuellement, je ne le fais plus qu’avec mes enfants : on joue sur le terrain derrière notre maison.

Vous vivez à Amsterdam ?On vit du côté de Laren. (Situé à une trentaine de kilomètres à l’est d’Amsterdam, ndlr)

Vous venez de Schellingwoude…C’était mon premier club, j’y ai joué un an avant qu’un recruteur me propose de venir faire un test à l’Ajax, j’avais sept-huit ans.

Vous rêviez déjà de devenir pro ?J’ai toujours rêvé de le devenir. Mon père a été un professionnel reconnu au Surinam, il jouait à Robinhood, et j’ai bien remarqué que j’étais toujours focalisé sur le ballon : à la maison, dans la rue… Je voulais tout le temps jouer et je sentais que j’avais les qualités pour y arriver, même si quand tu joues dans la rue, tu ne penses qu’au jeu.

Vous n’aimiez pas l’école ?J’aimais l’école, mais quand tu dois choisir entre le foot et l’école, la décision est facile à prendre. Je voulais mettre toute mon énergie dans le football, j’avais moins d’intérêt pour l’école.

Et si vous n’aviez pas réussi ?C’est une bonne question. Mais comme je ne pensais qu’au football, je ne peux pas dire ce que j’aurais fait si ça n’avait pas marché.

Elle était comment votre vie à Schellingwoude ?Elle était bien, on vivait dans le nord d’Amsterdam, j’allais à l’école, j’avais de bons amis. Notre quartier était plus de classe inférieure que supérieure, il y avait énormément de nationalités différentes, c’était difficile, mais très bon pour moi. Ma mère travaillait dans une banque et mon père était facteur, il avait arrêté le foot en quittant le Surinam. De lui, je n’ai vu que de vieilles vidéos de mauvaise qualité, mais il était plutôt ailier.

Et votre maman préparait des cakes pour toute l’équipe de l’Ajax ?Elle faisait des pâtisseries pour tout le monde : joueurs, entraîneurs et parents. Les gens étaient très heureux, et encore maintenant, ils se souviennent des fameuses pâtisseries de ma maman. Mais elle ne cuisine plus…

Et vous, vous cuisinez ?Je cuisine différentes choses, j’aime bien. Je fais des plats asiatiques, des plats surinamiens, avec du poulet, du riz et des légumes. Peut-être que j’ai un futur en tant que chef Michelin, le nouveau Alain Ducasse. (Rires)

À Lille, il y a certains bons restaurants, mais à Paris, il y en a énormément.

Vous avez pu tester la cuisine française ?À Lille, il y a certains bons restaurants, mais à Paris, il y en a énormément.

Quel est votre lien avec le Surinam et Curaçao ?Je suis à moitié surinamien par mon père, et à moitié curacien par ma mère. Chaque fois que je vais dans un de ces deux pays, j’ai un sentiment spécial : quand les portes de l’avion s’ouvrent, l’air est spécial, j’ai un bon sentiment. Si, dans le futur, j’ai l’occasion de faire quelque chose pour le football dans l’un de ces deux pays, je le ferai avec plaisir. Je ne veux pas être sélectionneur de Surinam ou de Curaçao, mais donner des conseils à ces deux équipes me plairait.

Vous avez joué défenseur central dans les équipes de jeunes de l’Ajax ?Parfois oui, c’était à mes débuts à l’Ajax. Je pense que si tu joues bien, tu peux évoluer à toutes les positions. Surtout si tu es un buteur, parce que c’est la place la plus difficile : la plupart du temps, tu tournes le dos au goal adverse, donc tu as le terrain devant les yeux, tu vois tout. À cette époque, j’étais déjà persuadé d’être un buteur, mais parfois ça fait du bien de s’essayer en défense, même si je n’ai jamais voulu y retourner en équipe première.

Vous avez inscrit 256 buts en une seule saison ?Oui, c’était incroyable. Durant une saison entière, j’ai marqué 8-9 buts par match, en combinant tournois, championnat et matchs amicaux. Ce n’était pas du tout ennuyeux : tant que tu peux marquer des buts, en tant que buteur, c’est parfait. C’était très bon pour ma confiance en tout cas.

Qu’avez-vous appris le plus de Louis van Gaal, dont vous avez été l’adjoint en sélection ?Van Gaal est un coach qui sait ce qu’il veut donc si un joueur fait ce qu’il veut, c’est très facile. Au début, il était plus strict que maintenant. Il sait toujours ce qu’il veut, mais il est moins direct, il a changé. Il est resté bon, il est juste différent. En tant qu’entraîneur, tu dois connaître tes joueurs et bien communiquer avec chacun d’entre eux. Il a changé sa communication en passant des jeunes de l’Ajax aux plus grandes stars de ses clubs suivants.

C’est le coach le plus important de votre carrière ?Oui, parce que c’est lui qui m’a donné ma chance, c’est lui qui est venu me chercher pour me mettre en équipe première. Pareil à Barcelone et en équipe nationale où il m’a également appelé pour être son assistant. Il a fait de moi le joueur que je suis devenu. S’il m’avait voulu à Manchester, je l’aurais également suivi. Mais il m’a dit durant la Coupe du monde : « Patrick, il est temps que tu t’en sortes toi-même. Tu dois explorer par toi-même et voir ce qu’est le métier d’entraîneur principal. »

Pendant la Ligue des champions 1994-1995, y a-t-il un moment où vous vous dites « Celle-ci, elle est pour nous ! » ? Nous avons fait une saison parfaite, on n’a pas perdu un seul match en championnat et oui, en étant aussi forts, ça trottait dans notre tête. C’est à partir du quart de finale qu’on a vraiment envisagé de remporter la compétition. À ce stade-là, il ne reste que les grosses équipes…

Comment était l’atmosphère ?Elle était bonne. On jouait environ trois matchs par semaine, on était dans un courant positif. Le mix d’âges et de nationalités était vraiment une bonne chose.

Les problèmes de l’Euro 96 ont-ils commencé à l’Ajax ?

Je ne sais pas s’il y avait des problèmes à l’Euro 96. Qu’est-ce que ça veut dire « des problèmes » ? Disons qu’il y avait un esprit différent entre les joueurs du Surinam et les autres.

Je ne sais pas s’il y avait des problèmes. Qu’est-ce que ça veut dire « des problèmes » ? Disons qu’il y avait un esprit différent entre les joueurs du Surinam et les autres, mais tout est basé sur une mauvaise compréhension, ce n’était pas un gros gros gros problème. Dans chaque club et équipe, il peut y avoir des discussions…

La clé de ce problème, c’était quoi ?Je pense que certains joueurs ne se sentaient pas assez reconnus, c’était ça le problème principal. Ce n’est pas normal que des choses comme ça arrivent, chaque équipe doit faire passer le collectif avant tout et pas l’individuel.

Ça a été jusqu’à l’exclusion d’Edgar Davids en 1996…Oui, en plein championnat d’Europe. Vous avez eu pareil avec votre équipe nationale… Cela vient notamment d’une différence de personnalités entre les joueurs.

Comment était l’ambiance de l’équipe nationale cet été au Brésil ? Ce n’était pas la plus belle équipe, mais c’était celle qui avait le plus de caractère…On a fait une bonne préparation au Mondial. On avait beaucoup de fortes personnalités, mais on avait un seul objectif : devenir champion. C’est un cliché parce que chaque équipe veut gagner, mais chaque joueur constituait une pièce de notre puzzle. Nous avons quelque peu changé notre système, mais c’était toujours en fonction des joueurs, et ils étaient toujours d’accord pour le faire. Je pense qu’on a fait du bon travail : personne ne s’attendait à ce qu’on soit troisièmes.

Finalement, est-ce que les Pays-Bas ont un problème avec les tirs au but ? Euro 96 et 2000, Coupe du monde 98 et 2014… C’est trop difficile pour vous ?Nous avons effectivement des difficultés avec les penaltys. À l’entraînement, certains joueurs envoient ça sans problème, mais au moment des séances, il y a une sorte de tension : on sait qu’on a du mal avec ça. Il vaut mieux gagner le match 1-0 que prendre le risque d’attendre les tirs au but avec nous. Je peux vous dire beaucoup de choses, mais là je ne peux pas expliquer quel est le problème.

Le pire souvenir, c’est l’élimination contre l’Italie en demi-finales de votre Euro 2000 ?En parlant de penalty raté, j’ai fait ma part du travail. (Rires) Je rate en match, et je marque durant la séance, c’est très spécial. Mais perdre comme ça chez nous contre l’Italie avec autant de monde dans le stade, c’était dévastateur. Il m’a fallu certainement plusieurs mois pour m’en remettre : quand tu organises l’Euro, tu veux avoir la Coupe dans tes mains à la fin.

Il se dit que vous aimez la fête, et, dans une interview, Ronaldinho a dit qu’il aimait jouer avec vous, mais aussi être avec vous en dehors du terrain. C’est vrai ?

Ronaldinho et moi, on s’entend vraiment bien. Quand nous jouions ensemble à Barcelone, il invitait parfois des joueurs chez lui pour faire de la salsa. Je jouais du bongo.

Ronaldinho et moi, on s’entend vraiment bien. Quand nous jouions ensemble à Barcelone, il invitait parfois des joueurs chez lui pour faire de la salsa. Je jouais du bongo, et bon, les Brésiliens sont connus pour twouloulouloulou. (Il mime des gestes rythmiques) C’était juste la fête, et c’était important de pouvoir se reposer après avoir joué. Évidemment, j’aimais bien sortir, aller en discothèque, mais j’aime aussi les moments à la maison entre amis, c’est pour ça que Ronaldinho a dit ça à mon avis.

Il a dit que vous étiez la personne avec qui il était le plus en phase…Il a dit ça ? Je n’avais jamais entendu ça. Ronaldinho est un joueur fantastique et un grand homme. Il sourit tout le temps, je l’aime beaucoup.

Vous dites que Ronaldinho sourit tout le temps, c’est exactement ce que Gio van Bronckhorst disait de vous…Je souris tout le temps, ouais. Avec Ronaldinho, on a le même caractère : si tu peux jouer au football et gagner de l’argent grâce à ça, pourquoi devrais-tu être triste ? Sois positif, ris tout le temps et fais ce que tu dois faire sur le terrain.

Dans cet article :
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Propos recueillis par Ronan Boscher et Émilien Hofman

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