- Les restes du monde
Enfin du foot en MLS ?
La nouvelle saison de soccer en Amérique du Nord débute la semaine prochaine. Année après année, la MLS cherche à se structurer pour gagner en crédibilité. Etat des lieux.
Fondée en 1996, la Major League Soccer a le cul entre deux chaises. D’un côté, ce n’est pas une ligue d’un sport historique américain, d’un autre, ce n’est pas non plus un championnat de football “classique”. Le fonctionnement est américain –avec deux Conférences, Est et Ouest, des play-offs, un salary cap, etc.– mais on est très loin de la popularité et du vécu d’une NFL ou d’une MLB par exemple. Le sport est européen, mais c’est très peu suivi et pas encore très légitime non plus aux yeux des fans du Vieux Continent. Alors oui, la MLS semble condamnée à vivre avec ce côté bâtard, autant exotique aux yeux des Américains que de l’étranger, mais pas pour les mêmes raisons.
Malgré cette problématique de base, le championnat nord-américain de soccer se développe, patiemment, année après année, dans l’ombre et sans complexes. Hormis lors de quelques coups d’éclat médiatiques sur le marché des transferts, comme lors de l’arrivée de Beckham aux L.A Galaxy ou plus récemment celle de Thierry Henry au N.Y Red Bulls, les signes de cette croissance sont peu visibles. Et pourtant, à bien y regarder, il se passe des choses intéressantes et prometteuses pour l’avenir du ballon rond outre-Atlantique. Au niveau des infrastructures surtout, puisque désormais, presque toutes les franchises possèdent leur propre stade entièrement dédié au soccer (à quelques exceptions près : DC United, New England Revolution). Fini les matchs disputés sur un terrain marqué par les lignes de foot américain. Même le synthétique est passé de mode. Ces beaux écrins, qui ont tous ou presque moins de dix ans d’existence, font autour de 20, 30 000 places et sont remplis en moyenne aux deux-tiers sur l’ensemble d’une saison. Aux moqueurs qui auraient envie de se “payer” le soccer, comparez avec la Ligue 1, ses stades et ses affluences et vous verrez que la MLS est loin d’être ridicule, au moins sur ce point. Posséder un stade moderne et 100% soccer est maintenant une condition sine qua non imposée par les instances de la Ligue pour en faire partie. L’Impact de Montréal, qui intégrera la MLS à partir de la saison prochaine, a d’ailleurs annoncé cette semaine la rénovation de son stade Saputo, étendu à un peu plus de 20 000 places, avec quatre vraies tribunes.
L’organisation du championnat semble également de plus en plus lisible, et donc, par extension, crédible. Deux nouvelles franchises font leur apparition cette année à l’ouest –les Portland Timbers et les Vancouver Whitecaps– portant le total des participants à dix-huit. Le nombre sera porté à dix-neuf en 2012 avec la première participation de l’Impact, puis à vingt en 2013, avec une ultime franchise pas encore connue (on parle du retour des NY Cosmos avec Cantona ou de créations à Las Vegas ou encore à Detroit). Il reste donc encore deux saisons avant de stabiliser définitivement le championnat, selon les souhaits des dirigeants de la Ligue. Notons en plus la répartition géographique cohérente, avec des rivalités “historiques” propices à l’engouement populaire : exemples avec Seattle, Portland et Vancouver ou Nord-Ouest, San Jose et les deux clubs de la région de LA (Galaxy et Chivas) en Californie, Dallas et Houston au Texas, Toronto et bientôt Montréal au Nord-Est…
D’un point de vue strictement footballistique par contre, le niveau du championnat n’est pas encore à la hauteur de ses infrastructures. A la base, le système de formation n’est pas aussi performant. De plus, sur le plan des transferts, encore trop peu d’étrangers de haut niveau sont attirés. Il faut dire que les salaires restent très bas. A titre d’exemple, le Français Sébastien Le Toux (Philadelphie Union), pourtant très coté aux États-Unis, gagnait l’an dernier moins du dixième du salaire moyen d’un joueur de L1. Seuls de très rares “joueurs désignés” peuvent toucher un salaire n’entrant pas dans le cadre du salary cap. Et, à l’instar d’un David Beckham depuis 2007 ou d’un Thierry Henry la saison dernière, ils ne sont pas forcément toujours à la hauteur de leur réputation.
Du côté des Français d’ailleurs, le meilleur buteur de l’histoire des Bleus a été promu capitaine des Red Bulls et promet qu’avec une préparation d’avant-saison complète, il va cartonner. On ne demande qu’à le croire… Le buteur maison Juan Pablo Angel parti aux Galaxy rejoindre Becks et Donovan, l’attaque sera sous sa responsabilité. Sébastien Le Toux à Philadelphie a réussi une belle année 2010 et est très attendu. Aux Wizards de Kansas City, on notera la présence de Stéphane Auvray et au Colombus Crew celle de Leandre Griffit. Avec les arrivées de Didier Domi et Ousmane Dabo aux New England Revolution et celle d’Eric Hassli à Vancouver, la délégation française commence à compter (sans oublier l’arrivée prochaine de Montréal et de son effectif composé au tiers de Français, on en reparlera). Enfin, parmi les étrangers plus ou moins connus, outre ceux déjà cités, on peut évoquer les noms de Rafael Marquez et Teemu Tainio (NY Red Bulls), Faryd Mondragon (Philadelphie), Branko Boskovic et Charlie Davies (DC United), Andres “el condor” Mendoza (Colombus Crew), Blaise Nkufo et Kasey Keller (Seattle Sounders), Alain Rochat et Jay De Merit (Vancouver), le nouvel entraîneur Aaron Winter à Toronto ou encore l’ancien Marseillais et Parisien Andre Luiz à San Jose. La succession des Colorado Rapids, champion 2010, s’annonce plus ouverte que jamais.
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